Intolérance au lactose

L’intolérance au lactose peut entrainer des désordres digestifs qui poussent les personnes concernées à éviter le lait et tous les produits laitiers de leur alimentation. Mais qu’en est-il vraiment ? Peut-on tout de même consommer certains produits laitiers sans désagrément ?

Intolérance au lactose : qu’est-ce que le lactose ?

Le lactose est un glucide (« sucre »), plus particulièrement un disaccharide, composé de galactose et de glucose. Il est présent exclusivement dans le lait et les produits laitiers, et y est le principal sucre :

  • Le lait ordinaire (brebis, vache ou chèvre) contient près de 12 g de lactose pour 1 tasse de 250 ml.
  • Le yaourt contient 5 g de lactose pour 1 portion de yaourt (125 g ou 4,4 oz).
  • Dans les fromages, il n’y a que des traces de lactose.

Le lait maternel contient la plus forte concentration de lactose, et ce dernier est essentiel à la croissance et au développement du cerveau du nourrisson (comme de tous les mammifères).

C’est pourquoi, dès la naissance, le nourrisson produit dans l’intestin grêle, une enzyme spécifique, la lactase, capable de digérer le lactose et de le scinder en deux molécules : le glucose et le galactose. Le glucose, que l’on trouve également dans de nombreux types d’aliments, est la principale source d’énergie pour le corps. Le galactose, qui n’est disponible que naturellement dans le lactose, sera métabolisé pour remplir diverses fonctions biologiques (neurologiques, musculaires ou immunologiques, entre autres).

Quelles sont les causes de l’intolérance au lactose ?

Le lactose est un glucide essentiel pendant la petite enfance, puisqu’il fournit la principale énergie pour le développement de l’enfant, pendant les premiers mois de la vie. L’activité de la lactase est donc maximale à la naissance puis diminue avec les années, notamment après le sevrage pour atteindre moins de 10% du niveau avant sevrage.

Il s’agit d’un phénomène normal, appelé « non-persistance de la lactase », qui peut induire chez certains adultes, des difficultés à digérer le lait au-delà d’une certaine quantité. En effet, dû à une activité trop faible de la lactase, une partie du lactose n’est pas digérée dans l’intestin grêle. Ce phénomène est appelé la maldigestion du lactose. Le lactose non digéré se retrouve dans le côlon, où il sera utilisé comme nutriment par le microbiote intestinal.

Habituellement, cette digestion partielle du lactose est « invisible » et n’a aucun impact sur la santé. C’est le cas pour la plupart des individus. Mais, chez certains, elle peut être associée à des symptômes digestifs. On parle alors d’intolérance au lactose. En effet, la fermentation bactérienne du lactose dans le côlon produit des gaz, et peut dans certains cas, entrainer des désagréments intestinaux.

Intolerance au lactose - mécanismes - yaourt et nutrition

Quels sont les symptômes de l’intolérance au lactose ?

L’intolérance au lactose se caractérise par des symptômes digestifs, tels que des ballonnements, des diarrhées, et des flatulences. Quand bien même il semble facile de déterminer si une personne est intolérante au lactose ou non, il n’est pas possible de s’auto-diagnostiquer.

intolerance au lactose - symptomes - yaourt et nutrition

Comment diagnostiquer l’intolérance au lactose ?

Lors d’un diagnostic médical, seul 1 auto-diagnostiqué sur 2 est confirmé. C’est pourquoi l’intolérance au lactose doit être diagnostiquée sous contrôle médical. Le test effectué lors de ce diagnostic est le test à l’hydrogène expiré. Le patient consomme une dose standard de lactose, entre 20 et 50g, et l’air expiré est analysé pour quantifier l’hydrogène, molécule reflétant l’activité du microbiote intestinal. Lorsque l’hydrogène mesuré est suffisamment élevé et qu’au moins un des symptômes digestifs cités ci-dessus (ballonnements, diarrhée et flatulences) survient, le patient est diagnostiqué avec une intolérance au lactose.

L’intolérance au lactose est-elle une allergie ?

L’intolérance au lactose n’est pas une allergie. Alors que l’intolérance au lactose reste assez courante, très peu de personnes souffrent d’allergie aux protéines du lait de vache (APLV). L’allergie est caractérisée par une stimulation excessive du système immunitaire suite à l’ingestion de protéines de lait, telles que la caséine et les protéines de lactosérum. Les symptômes de l’APLV sont assez différents de ceux de l’intolérance au lactose. En effet, les principaux symptômes de l’allergie sont l’urticaire, la nausée, l’enflure et la respiration sifflante, et ils surviennent dans l’heure, ou jusqu’à 3 jours après avoir bu du lait de vache.

Intolérance au lactose : quels risques pour la santé ?

L’intolérance au lactose peut générer une gêne au quotidien. Néanmoins, elle n’a pas de conséquence directe sur la santé.

Le risque majeur de l’intolérance au lactose est lié à l’éviction du lait et des produits laitiers de l’alimentation et d’avoir des carences nutritionnelles, et donc des conséquences néfastes sur la santé. En effet, dans un régime d’éviction à un type d’aliment, l’organisme peut manquer de certains nutriments et en souffrir. Par exemple, l’apport quotidien recommandé en calcium ne peut pas être atteint lors d’un évitement complet des produits laitiers. C’est pourquoi, dans la plupart des cas, il n’est pas conseillé de supprimer tous les produits laitiers de l’alimentation.

De nombreuses organisations médicales telles que le NIH, l’EFSA et la FAO * estiment que les personnes intolérantes au lactose ne devraient pas éviter les produits laitiers.

intolerance au lactose - recommandations - YINI

Quels produits laitiers consommer quand on est intolérant au lactose ?

Pour éviter les désagréments digestifs, les intolérants au lactose peuvent adapter leur alimentation. Pour des raisons de santé, telles que les risques de carences nutritionnelles, il est préférable de ne pas supprimer complètement les produits laitiers, mais d’en sélectionner certains.

En effet, les intolérants au lactose peuvent continuer à consommer des produits avec peu de lactose, jusqu’à 12g par prise ou jusqu’à 24g par jour (c’est-à-dire un ou deux bols de lait) sans ressentir aucun symptôme. Pour ce faire, il est recommandé de répartir la quantité de lactose en plusieurs apports, et de consommer les produits laitiers pendant les repas.

Les fromages affinés contiennent très peu de lactose et sont donc tout à fait adaptés en cas d’intolérance au lactose.

Par ailleurs, le yaourt est particulièrement conseillé. Ses bactéries vivantes permettent la digestion du lactose. La consommation de ces produits laitiers aide à obtenir suffisamment de calcium.

Enfin, la consommation régulière d’aliments contenant du lactose pourrait permettre aux intolérants au lactose de progressivement mieux le tolérer, grâce à l’adaptation du microbiote intestinal. L’éviction des produits laitiers est seulement nécessaire pour les nourrissons présentant une carence congénitale en lactase, anomalie qui reste rare.

Le yaourt peut-il être consommé en cas d’intolérance au lactose ?

Le yaourt est un produit laitier fermenté avec des bactéries vivantes. De nombreux intolérants au lactose sont tentés de bannir le yaourt de leur alimentation, mais, sauf cas particuliers, cette éviction n’est pas conseillée :

  • Le yaourt regorge de bons nutriments.

Le yaourt et d’autres produits laitiers apportent des nutriments essentiels pour les adultes et les enfants. En effet, le yaourt contient les neuf acides aminés essentiels. Il est également riche en plusieurs micronutriments indispensables pour la santé des os, tels que le calcium, la vitamine D et le potassium.

  • Le yaourt apporte des bactéries vivantes qui aident à digérer le lactose.

Les bactéries vivantes du yaourt, Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et  Streptococcus thermophilus produisent leur propre lactase qui décompose une partie du lactose contenu dans le yaourt. De ce fait, le yaourt est digéré plus facilement que tout autre produit laitier, et présente donc un réel intérêt en cas de maldigestion et d’intolérance au lactose, approuvé par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA)[1].

  • Les organisations médicales conseillent le yaourt pour les intolérants au lactose.

Plusieurs organisations médicales (NMA, NIH, EFSA, FAO…) * recommandent aux intolérants au lactose d’adapter leur alimentation [2,3,4,5] et de privilégier les yaourts. De plus, WGO* préconise que tout le monde consomme des produits laitiers fermentés avec des probiotiques, dont le yaourt, afin d’améliorer la santé digestive.

*NMA (de l’anglais National Medical Association [association médicale nationale]), NIH, (de l’anglais National Institutes of Health [instituts américains de la Santé], organisme dépendant du Ministère de la santé et des services sociaux des États-Unis), l’EFSA (de l’anglais European Food Safety Agency, Autorité européenne de Sécurité des Aliments), WGO (de l’anglais World Gastroenterology Organization, Organisation mondiale de Gastroentérologie) et la FAO (de l’anglais Food and Agriculture Organization of the United Nations, Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture).

[1] EFSA. Scientific Opinion on the substantiation of health claims related to live yoghurt cultures and improved lactose digestion (ID 1143, 2976) pursuant to Article 13(1) of Regulation (EC) No 1924/2006. 2010. 8(10):1763.
[2] Suchy FJ, Brannon PM, Carpenter TO, et al. National Institutes of Health Consensus Development Conference Statement on Lactose Intolerance and Health. NIH Consensus and State-of-the-Science Statements. 2010. 27:1-27.
[3] Bailey RK, Fileti CP, Keith J, et al. Lactose intolerance and health disparities among African Americans and Hispanic Americans: an updated consensus statement. Journal of the National Medical Association (NMA). 2013. 105(2):112-27
[4] EFSA. Scientific Opinion on lactose thresholds in lactose intolerance and galactosaemia. EFSA Journal. 2010. 8(9):1777
[5] Muehlhoff E, Bennett A, McMahon D, Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). Milk and dairy products in human nutrition. 2013

Pour en savoir plus :

« Yaourt, un aliment adapté à tous, y compris aux personnes digérant mal le lactose et aux intolérants au lactose » Livre blanc, en collaboration avec WGO

Intolérance au lactose, les idées reçues, (article des Cahiers de Nutrition et Diététique, 2017)

– En infographies :

Intolérance au lactose et maldigestion

Pourquoi le yaourt aide à mieux digérer le lactose