Dans l’intestin pendant la digestion, le lactose est habituellement fractionné en glucose et en galactose par la lactase. Cette enzyme se trouve dans la membrane de la bordure en brosse des entérocytes, qui sont les cellules absorbantes de l’intestin grêle. La lactase, codée par le gène LCT, devient physiologiquement moins active avec l’âge. (11) Dans les cas de déficit congénital en lactase, une maladie génétique très rare (qui touche moins de 50 patients dans le monde, principalement en Finlande), l’activité de la lactase est considérablement réduite voire inexistante.1 Les nouveau-nés atteints de cette maladie peuvent présenter des symptômes comme des nausées, des crampes abdominales et des ballonnements, des vomissements, des flatulences, de la diarrhée, une déshydratation, des selles molles, une acidose métabolique, la présence de lactose dans l’urine et un abdomen distendu. Ces nouveau-nés doivent éviter totalement le lactose. (6,12)
Dans la population normale, l’activité de la lactase atteint son maximum à la naissance et commence à diminuer après le sevrage pour atteindre moins de 10 % du niveau avant le sevrage. Ce déclin normal est connu sous le nom de « non-persistance de la lactase ». Il est plus fréquent chez les personnes d’origine asiatique, africaine, sud-américaine, sud-européenne et aborigène d’Australie. Cependant, dans certaines populations d’ascendance nord-européenne (Scandinavie, Îles britanniques et Allemagne) qui continuent de consommer des produits laitiers à l’âge adulte, l’activité de la lactase est maintenue chez la majorité de la population.
Maldigestion du lactose et intolérance au lactose sont deux états différents
Lorsque l’activité de la lactase est réduite, une partie du lactose n’est pas digérée. C’est ce que l’on appelle la maldigestion du lactose. Le lactose non-digéré entre dans le côlon où il est digéré par le microbiote résident. Chez la plupart des personnes, cette maldigestion du lactose produit peu, voire aucun symptôme.
Cependant, pour d’autres individus, la fermentation bactérienne du lactose produit des gaz, augmente la durée du transit intestinal et la pression intracolique, provoquant le développement d’un ou plusieurs symptômes comme des ballonnements, de la diarrhée et des flatulences. C’est ce que l’on appelle l’intolérance au lactose. Par conséquent, l’intolérance au lactose est une maldigestion du lactose qui entraine un ou plusieurs de ces symptômes. (14) Cependant, ces symptômes peuvent également se produire pour d’autres raisons et ne sont pas spécifiques à l’intolérance au lactose. Ils peuvent être observés dans certains dysfonctionnements gastro- intestinaux comme le syndrome du côlon irritable, les maladies inflammatoires de l’intestin (maladie de Crohn et colite ulcéreuse) et l’intolérance aux FODMAP (de l’anglais Fermentable, Oligo-, Di-, Mono- Saccharides and Polyols ; qui sont des glucides à chaîne courte mal absorbés dans l’intestin grêle). Des facteurs psychologiques comme l’anxiété somatique, le stress et la dépression peuvent également provoquer l’apparition de ces symptômes. (15-18)
La malabsorption du lactose peut également se produire temporairement en cas de diarrhée infectieuse, de malnutrition, de radiothérapie, de lésions des muqueuses causées par une maladie cœliaque ou de traitement médicamenteux, et peut provoquer des symptômes similaires.19
Par conséquent, la présence des symptômes intestinaux précités ne conduit pas systématiquement à un diagnostic avéré d’intolérance au lactose.
Références:
1. Misselwitz, B et al. United European Gastroenterol J 2013;1:151-9.
6. Vandenplas, Y. Asia Pac J Clin Nutr 2015;24 Suppl 1:S9-13.
11. Szilagyi, A. Can J Gastroenterol Hepatol 2015;29:149-56.
12. Swallow, DM. Annu Rev Genet 2003;37:197-219.
13. Adolfsson, O et al. Am J Clin Nutr 2004;80:245-56.
14. Szilagyi, A. Nutrients 2015;7:6751-79.
15. Deng, Y et al. Nutrients 2015;7:8020-35.
18. Ledochowski, M et al. Dig Dis Sci 1998;43:2513-7.
19. Usai-Satta, P et al. World J Gastrointest Pharmacol Ther 2012;3:29-33.