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12 Juin 2023
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Santé de la planète

Réduire sa consommation de viande : de petits changements pour faire la différence

Alimentation durable flexitarien flexitarisme mariotti susbstitut de viande sustainable diet viande
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Modifier son alimentation pour la planète et pour sa propre santé peut s’avérer délicat. D’une part, nous voulons choisir des aliments plus durables, ayant moins d’impact sur l’environnement ; d’autre part, nous ne voulons pas nous priver de nutriments qui peuvent provenir d’aliments moins respectueux de la planète. Que faire ?

Les scientifiques pensent avoir trouvé une réponse à cette question. En créant des modèles prédictifs sur l’impact des changements alimentaires, ils ont proposé une modélisation qui pourrait aider à passer à une alimentation plus végétale, à la fois saine et respectueuse de l’environnement, tout en tenant compte de ce que nous avons l’habitude de manger. Ce modèle alimentaire prévoit une réduction progressive de la quantité de viande consommée, tout en la remplaçant par des nutriments fournis par d’autres aliments, notamment les fruits, les légumes, les céréales complètes et les produits laitiers (1).

La bonne nouvelle, c’est que même de petits changements peuvent contribuer à nous mettre sur la voie d’un avenir meilleur. 

Des régimes riches en végétaux pour un avenir durable

Les régimes alimentaires comprenant principalement des aliments d’origine végétale sont associés à des avantages à long terme pour la santé et l’environnement. Leur production a moins d’impact sur les ressources environnementales que la production de viande, ce qui en fait une source alimentaire plus durable.

Mais la viande est une source importante de protéines et d’acides aminés essentiels, de minéraux et de vitamines, notamment de fer, de zinc et de certaines vitamines B qui peuvent être difficiles à obtenir à partir des plantes. Le maintien d’un niveau équilibré et suffisant de ces nutriments peut donc s’avérer difficile pour les personnes qui souhaitent réduire leur consommation de viande sans conseil ou accompagnement.

Comment réduire sa consommation de viande de manière sûre et durable ?

Pour répondre à cette question, les scientifiques ont élaboré un modèle alimentaire qui introduit la réduction progressive de la consommation de viande tout en conservant une alimentation saine et nutritive. Partant de la consommation typique d’un adulte français, ils ont utilisé la modélisation mathématique pour réduire la viande par paliers successifs de 10 %, chaque palier étant conçu pour être plus sain (1).

Chaque étape du modèle alimentaire comprenait plus de fruits, de légumes et de céréales complètes, mais moins de viande, de boissons gazeuses et de produits céréaliers raffinés tels que le pain blanc, les pâtes et le riz. À mesure que la consommation de viande diminuait, les quantités d’autres aliments d’origine animale – fruits de mer, produits laitiers et œufs – étaient maintenues ou augmentées afin de conserver un bon équilibre en nutriments. Ils ont joué un rôle croissant dans l’apport de certains nutriments tels que le fer et le zinc, les vitamines A et B12 et l’iode au fur et à mesure de l’évolution du régime.

Les chercheurs ont découvert que les premières étapes de ce modèle avaient le plus grand impact sur une alimentation saine et durable. Les premières étapes comprenaient l’élimination des viandes rouges et transformées au profit de la volaille, ainsi qu’une augmentation rapide de la consommation de fruits, de légumes et de céréales complètes.

« Cette étude démontre qu’il est possible de réduire la part de la viande dans le régime alimentaire, voire de la supprimer totalement, sans mettre en péril la sécurité nutritionnelle (à condition que les régimes soient correctement structurés). » – Dussiot A, et al, 2022

Dans les dernières étapes du modèle, la volaille était la seule viande restante et sa réduction a eu un impact moindre sur une alimentation saine et durable. Certains nutriments étaient limités, en particulier le fer, le zinc et la vitamine A, mais il était possible de retrouver des niveaux suffisants en restructurant les régimes basés sur des groupes d’aliments autres que la viande.

Trois étapes vers une réduction équilibrée de la consommation de viande

Les étapes modélisées par les chercheurs peuvent être résumées comme suit :

  1. Remplacer les viandes rouges et transformées par de la volaille et les produits céréaliers raffinés par des céréales complètes ; réduire les boissons gazeuses
  2. Réduire progressivement la volaille, en la remplaçant par des fruits de mer, des œufs et des produits laitiers, et en augmentant la consommation de fruits, légumes et céréales complètes
  3. Supprimer totalement la viande, en maintenant une forte consommation de fruits, légumes et céréales complètes, et en incluant des produits laitiers, des fruits de mer et des œufs.

Quel rôle pour les substituts de viande dans un régime alimentaire sain et durable ?

Une autre façon de réduire nos repas carnés est de passer à des substituts de viande à base de plantes. Conçus pour avoir le même aspect et le même goût que les produits carnés, ces substituts gagnent en popularité. Les produits tels que les « burgers et saucisses végétaux » ne sont pas uniquement destinés aux végétariens, mais à tous ceux qui souhaitent manger moins de viande. En outre, les substituts de viande peuvent facilement être incorporés dans un régime alimentaire flexitarien – riche en végétaux variés et intégrant de petites quantités de viande, poisson et produits laitiers en quantité variable. – reconnu pour être un choix sain et durable.

En particulier, les substituts de viande peuvent être une excellente solution pour ceux d’entre nous qui vivent dans les pays occidentaux, où la viande fait partie intégrante de nos repas quotidiens et où il n’est pas facile de l’éliminer du menu. La remplacer par des substituts de viande d’origine végétale est une option intéressante, car ils peuvent être utilisés de la même manière que la viande et ne nécessitent pas de grands changements dans l’organisation des repas.

Les substituts de viande sont composés d’une multitude d’ingrédients différents, notamment des protéines de soja, de blé ou de pois et toutes sortes de légumes secs, de céréales, de légumes, d’herbes et d’épices. Jusqu’à présent, il y avait peu de données sur la composition optimale d’un substitut de viande pour maximiser la qualité globale de l’alimentation et la nutrition.

Les scientifiques ont donc cherché à mettre au point un substitut de viande qui réponde à ce défi. Ils ont étudié la manière dont les différents substituts de viande peuvent modifier la qualité de l’alimentation des individus et chercher les ingrédients les plus adaptés afin d’améliorer la qualité nutritionnelle. À l’aide de modèles informatiques, ils ont conçu un substitut de viande entièrement végétal et composé d’ingrédients peu transformés (2).

Exemple de substitut de viande d’origine végétale conçu pour des apports nutritionnels optimisés

  •  47 % de légumes secs – contribuent à la teneur en fer
  • 18 % de légumes cuits – source de vitamine C
  • 15 % de céréales – contribuent à la teneur en fer
  • 5 % de noix et de graines – source d’acides gras essentiels oméga-3
  • 5 % de fruits et légumes secs – source de vitamines B
  • 5 % d’huiles végétales – source d’acides gras essentiels oméga-3 et oméga-6
  • 4 % d’amidon – contribue à la teneur en hydrates de carbone
  • 1 % d’herbes, d’épices et de sels – contribuent à la teneur en calcium et en fer

Ce substitut « optimisé » est riche en protéines, pauvre en acides gras saturés, riche en fibres et globalement plus nutritif que la viande qu’il remplace. Les chercheurs ont constaté qu’il fournissait des niveaux élevés de certains nutriments qui font souvent défaut dans les régimes à base de viande, tels que les acides gras essentiels (oméga-3 et oméga-6), l’acide folique et la vitamine C. Il fournissait également des niveaux plus faibles d’acides gras saturés et de sodium que la viande transformée.

Ce substitut de viande fournit la plupart des nutriments essentiels que nous tirons normalement de la viande, notamment la vitamine B6, le potassium et le fer. Cependant, il ne peut compenser complètement les niveaux idéaux de zinc et de vitamine B12. La recherche d’options saines et durables est donc toujours d’actualité et les recherches futures pourraient porter sur d’autres solutions, basées sur différents ingrédients, afin d’obtenir des résultats nutritionnels et environnementaux optimaux.

“En choisissant les bons ingrédients, on peut obtenir un substitut de viande très efficace sur le plan nutritionnel, qui pourrait compenser les réductions de nombreux nutriments apportés par la viande tout en fournissant des nutriments clés qui sont actuellement consommés de manière insuffisante”. – Salomé M, et al, 2022

Alors, comment s’assurer que les régimes pauvres en viande fournissent suffisamment de nutriments ?

Des études antérieures ont montré que l’enrichissement des substituts de viande pouvait contribuer à maintenir des apports adéquats en vitamine B12, en zinc et en fer (3,4). Certains substituts de viande d’origine végétale sont déjà enrichis – par exemple, 24 % des substituts de viande d’origine végétale en Australie sont enrichis en vitamine B12, 20 % en fer et 18 % en zinc (5). Ces nutriments peuvent également être apportés par d’autres groupes alimentaires, tels que les fruits de mer, les produits laitiers et les œufs (3).

Pour en savoir plus, lisez les articles originaux :
  1. Dussiot A, Fouillet H, Perraud E, et al. Nutritional issues and dietary levers during gradual meat reduction – A sequential diet optimization study to achieve progressively healthier diets. Clin Nutr. 2022 Dec;41(12):2597-2606. doi: 10.1016/j.clnu.2022.09.017. Epub 2022 Oct 4. PMID: 36306564
  2. Salomé M, Mariotti F, Nicaud M-C, et al. The potential effects of meat substitution on diet quality could be high if meat substitutes are optimized for nutritional composition – a modeling study in French adults (INCA3). Eur J Nutr. 2022 Jun;61(4):1991-2002. doi: 10.1007/s00394-021-02781-z. Epub 2022 Jan 31. PMID: 35098325
Références complémentaires:
  1. Van Mierlo K, Rohmer S, Gerdessen JC. A model for composing meat replacers: Reducing the environmental impact of our food consumption pattern while retaining its nutritional value. J Clean Prod. 2017;165:930-950. doi: 10.1016/j.jclepro.2017.07.098
  2. Mertens E, Biesbroek S, Dofková M, et al. Potential Impact of Meat Replacers on Nutrient Quality and Greenhouse Gas Emissions of Diets in Four European Countries. Sustainability. 2020;12:6838. doi: 10.3390/su12176838
  3. Curtain F, Grafenauer S. Plant-Based Meat Substitutes in the Flexitarian Age: An Audit of Products on Supermarket Shelves. Nutrients. 2019 Oct 30;11(11):2603. doi: 10.3390/nu11112603.
05 Juin 2023
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Interviews d'experts Santé de la planète

Comment manger de manière plus saine et durable ?

alimentaire saine et durable charlotte Debeugny Delphine deryng GIEC
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Alimentation et Climat : Points de vue croisés entre Delphine Deryng et Charlotte Debeugny

Delphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC, publié en 2022.

Charlotte Debeugny est nutritionniste agréée selon le droit britannique et passionnée par la science et la bonne cuisine santé. Il nous a semblé intéressant de croiser leurs approches et points de vue. Nous vous invitons à découvrir cet entretien, à travers 3 épisodes.

3eme partie : Comment manger de manière plus saine et durable ?


Selon la définition de la FAO/OMS, les régimes alimentaires sains et durables sont des habitudes alimentaires qui promeuvent toutes les dimensions de la santé et du bien-être des individus. Ils présentent une faible pression et un faible impact environnementaux, sont accessibles, abordables, sûrs et équitables, et sont culturellement acceptables (FAO-OMS (2020), Régimes alimentaires sains et durables. Principes directeurs,).

Généralement, les aliments bénéfiques à la santé, le sont aussi sur l’environnement, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.

Ainsi, adopter une alimentation diversifiée et variée, riche en produits végétaux (fruits et légumes, céréales, légumineuses) permet d’assurer les apports en protéines et en minéraux répondant aux besoins nutritionnels. Mais la question se pose concernant certains nutriments dont le corps a besoin (fer, protéines, certaines vitamines comme la vitamine B12) et ces nutriments se retrouvent essentiellement dans les viandes et produits animaux. La FAO recommande de ne pas supprimer ces aliments mais privilégie d’en consommer en petites quantités.

En détail, ainsi concernant certains nutriments limitant:

  • Les profils protéiques des végétaux, à l’exception du soja, sont souvent limitant en acides aminés essentiels. L’association céréales et légumineuses permet d’avoir un profil protéique complet. De nombreux plats typiques en témoignent : le couscous avec association de pois-chiche et blé dur, le chili con carne avec maïs et haricots rouges.
  • Concernant les apports en fer, une certaine vigilance s’impose concernant le type de fer apporté par le aliment et sa biodisponibilité. Notamment, la biodisponibilité dans les produits végétaux est faible même s’il est interessant de noter que certaines céréales et légumineuses apportent un peu de fer (lentilles, par ex.). Ceci dit, l’apport en viande, en petites portions, peut avoir un intérêt pour permettre de couvrir les besoins en fer (notamment chez les enfants et les adolescentes et les femmes).
  • Concernant l’apport en calcium, les produits laitiers, dans nos cultures, restent assez incontournables. Associé aux protéines laitières, au phosphore et à la vitamine D, le calcium est plus biodisponible dans les produits laitiers et de meilleure teneur. Dans les cultures où la consommation de produits laitiers est plus rare, le calcium est apporté plutôt par le tofu ou les algues, intégrés naturellement dans la culture alimentaire locale.

Pour un bon mix entre un régime sain et plus durable, les diètes végétariennes et ou flexitariennes sont de bonnes voies pour couvrir les apports nutritionnels, modifier progressivement ses habitudes alimentaires, tout en ayant un impact positif sur l’environnement.

« Chaque petit pas peut aider l’environnement – Charlotte Debeugny »

« Agir pour la planète, ce n’est pas forcement faire les choses de façon rigide et stricte, il y a une flexibilité selon les besoins personnels et les aspects culturels – Delphine Deryng »


Delphine DeryngDelphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC publié en 2022. Elle est également chercheuse invitée à l’université Humboldt à Berlin depuis 2018. Delphine possède un doctorat en Science de l’environnement de l’Université d’East Anglia, d’un master en géographie de l’Université McGill et d’un master en physique et cosmologie de l’Université Paris Diderot.

Charlotte Debeugny

Charlotte Debeugny (RNutr) est une nutritionniste agréée britannique. Une experte en nutrition qui est fan de science et de bonne cuisine.  Elle est très consciente que des choix alimentaires sains sont également bons pour la planète. Elle préside également un groupe de travail de la FENS (Fédération of European Nutrition Sociétés) qui se concentre sur l’amélioration de la qualité de la communication scientifique en matière de nutrition à l’intention du public.

 


Pour en savoir plus :
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en vue de fournir des évaluations détaillées sur l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions et les stratégies de parades. Le groupe d’experts a entamé son 6eme cycle d’évaluation. L’ensemble des données est disponible en ligne.
29 Mai 2023
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Interviews d'experts Santé de la planète

Quelles sont les solutions pour agir?

Alimentation durable charlotte Debeugny Delphine deryng GIEC rechauffement climatique
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Alimentation et Climat : Points de vue croisés entre Delphine Deryng et Charlotte Debeugny

Delphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC, publié en 2022.

Charlotte Debeugny est nutritionniste agréée selon le droit britannique et passionnée par la science et la bonne cuisine santé. Il nous a semblé intéressant de croiser leurs approches et points de vue. Nous vous invitons à découvrir cet entretien, à travers 3 épisodes.

2eme partie : Quelles sont les solutions pour agir ?

 


Tous les effets du changement climatique sur les productions alimentaires peuvent nous aider à modifier nos comportements alimentaires vers une alimentation plus eco-friendly, plus durable, afin de minimiser les risques et impacts négatifs sur le climat.

Il est essentiel de dresser un état des connaissances pour identifier les effets négatifs sur lesquels on peut agir, aussi bien à l’échelle individuelle qu’à l’échelle collective, nationale ou internationale. A titre d’exemples, limiter l’usage de pesticides et d’intrants chimiques, sélectionner spécifiquement  l’usage d’engrais, réduire les émissions de méthane notamment produites par le bétail,, limiter des pertes et gaspillage alimentaires.

« Il y a des solutions pour rendre les systèmes alimentaires plus résilients et durables – Delphine Deryng »

30 à 40% de la production alimentaire est perdue ou gaspillée au cours des différents maillons de la chaine alimentaire. Dans les pays moins développés, les pertes se trouvent majoritairement au niveau de la post-production, par souci de stockage et conservation alors que dans les pays développés, les pertes et le gaspillage se situent plus chez le consommateur.

Sur le plan du gaspillage, il y a vraiment des choses à faire à l’échelle individuelle :

  • Regarder les dates de consommation
  • Favoriser les « doggy bags » au restaurant
  • Ne pas hésiter à conserver les restes et les réutiliser en cuisine

La mise en place de régimes plus durables et plus sains peut demander plus de préparation et d’anticipation. Il est vraiment possible d’adopter des techniques simples pour tendre progressivement et au quotidien vers une alimentation plus « eco-friendly, » sans demander trop de préparation ou techniques de cuisine.

Par exemple, il est facile d’utiliser des légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots secs…) en conserve, déjà cuits, et faciles à réchauffer, avec des valeurs nutritionnelles toujours aussi intéressantes (attention juste au sel dans certaines conserves).

Ainsi, à l’échelle individuelle, les astuces existent pour changer ses habitudes sans demander trop d’effort et avoir une démarche durable, que ce soit dans la réduction du gaspillage alimentaire ou dans son alimentation.

A suivre dans la 3eme partie de l’échange, justement, comment adopter une alimentation plus saine et plus durable…


Delphine DeryngDelphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC publié en 2022. Elle est également chercheuse invitée à l’université Humboldt à Berlin depuis 2018. Delphine possède un doctorat en Science de l’environnement de l’Université d’East Anglia, d’un master en géographie de l’Université McGill et d’un master en physique et cosmologie de l’Université Paris Diderot.

Charlotte Debeugny

Charlotte Debeugny (RNutr) est une nutritionniste agréée britannique. Une experte en nutrition qui est fan de science et de bonne cuisine.  Elle est très consciente que des choix alimentaires sains sont également bons pour la planète. Elle préside également un groupe de travail de la FENS (Fédération of European Nutrition Sociétés) qui se concentre sur l’amélioration de la qualité de la communication scientifique en matière de nutrition à l’intention du public.

 


Pour en savoir plus :
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en vue de fournir des évaluations détaillées sur l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions et les stratégies de parades. Le groupe d’experts a entamé son 6eme cycle d’évaluation. L’ensemble des données est disponible en ligne.
22 Mai 2023
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Interviews d'experts Santé de la planète

Production alimentaire et réchauffement climatique, quels constats?

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Alimentation et Climat : Points de vue croisés entre Delphine Deryng et Charlotte Debeugny

Delphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC, publié en 2022.

Charlotte Debeugny est nutritionniste agréée selon le droit britannique et passionnée par la science et la bonne cuisine santé. Il nous a semblé intéressant de croiser leurs approches et points de vue. Nous vous invitons à découvrir cet entretien, à travers 3 épisodes.

Production alimentaire et réchauffement climatique, quels constats?


Ce que l’on mange, au travers des modes de production agricole, des transformations, et de son choix de consommation, a un impact sur l’environnement, le climat, la biodiversité, les gaz à effets de serre… L’ensemble du système alimentaire est impliqué dans ces changements.
En parallèle, l’agriculture est aussi fortement tributaire des aléas environnementaux liés au réchauffement climatique. La production agricole dépend des températures, des précipitations, des épisodes de sécheresse, des ressources… et l’ensemble des aléas climatiques posent un risque croissant sur la sécurité alimentaire mondiale.

Selon la FAO, le secteur agricole contribue entre 18 et 30% des gaz à effet des serre (GES) dans le monde. Quand on intègre toute la chaine alimentaire (en incluant la production, la transformation, le transport, le stockage, la consommation…), cela peut aller jusqu’à 37%. En France, selon les données de l’ADEME (Alimentation et environnement : champs d’action pour les professionnels, 2022), le système alimentaire, de la production à la consommation, est responsable d’un quart des émissions à effet de serre. Plus spécifiquement, les émissions de méthane liée à la production de viande, représentent 45% des émissions du secteur agricole (à l’échelle globale, dans les systèmes agricoles, le méthane provient essentiellement du bétail et de la production du riz).

Le réchauffement des températures change les saisons, modifie les fréquences et l’intensités des températures des saisons froides et chaudes. Il y a une augmentation de ces épisodes extrêmes (vagues de chaleur intense, périodes de sécheresse, risque de feux, pluies torrentielles, risques d’inondation, etc.), qui perturbent les systèmes de production alimentaire.

Ces risques croissants, directement liés aux changements climatiques, ont un impact sur les productions agricoles tant en termes de quantité que de qualité de la production des cultures (moins bonne densité nutritionnelle, notamment concernant les protéines, le fer, le zinc). Par exemple, l’augmentation du CO2 induit notamment un déséquilibre dans les réactions de photosynthèse et cela se traduit à moyen terme par un effet négatif sur la quantité de matière protéinique des cultures.

A suivre dans quelques jours, la suite de cet entretien, sur les façons d’agir à l’échelle globale comme individuelle…


Delphine DeryngDelphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC publié en 2022. Elle est également chercheuse invitée à l’université Humboldt à Berlin depuis 2018. Delphine possède un doctorat en Science de l’environnement de l’Université d’East Anglia, d’un master en géographie de l’Université McGill et d’un master en physique et cosmologie de l’Université Paris Diderot.

Charlotte Debeugny

Charlotte Debeugny (RNutr) est une nutritionniste agréée britannique. Une experte en nutrition qui est fan de science et de bonne cuisine.  Elle est très consciente que des choix alimentaires sains sont également bons pour la planète. Elle préside également un groupe de travail de la FENS (Fédération of European Nutrition Sociétés) qui se concentre sur l’amélioration de la qualité de la communication scientifique en matière de nutrition à l’intention du public.

 


Pour en savoir plus :
  • Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en vue de fournir des évaluations détaillées sur l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions et les stratégies de parades. Le groupe d’experts a entamé son 6eme cycle d’évaluation. L’ensemble des données est disponible en ligne.
Références additionnelles :
15 Mai 2023
Lecture 4 min
by YINI Editorial team
Les bénéfices de la fermentation Prévention du diabète Santé cardiovasculaire

Le yaourt peut-il contribuer à une vie longue et saine ?

bacteries lactiques cancer diabetes longévité maladies cardio-vasculaires mortalité yaourt yogurt
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Les récentes recherches ont démontré que la consommation d’un yaourt par jour pouvait être associée à une réduction du risque de mortalité, quelle qu’en soit la cause, et en particulier liée aux maladies cardio-vasculaires.

Cette bonne nouvelle vient compléter des données antérieures selon lesquelles la consommation régulière de yaourt est associée à des risques réduits d’hypertension artérielle, de diabète de type 2 et de certains cancers. Dans cette dernière étude, les scientifiques ont examiné le lien possible entre la consommation de yaourt et le risque de décès toutes causes confondues, ainsi que de maladies cardiovasculaires (MCV) et de cancers, responsables de plus de la moitié des décès dans le monde.

Pour cette méta-analyse et revue, les chercheurs ont examiné les données de 17 études qui ont inclus au total près de 900 000 personnes. Les participants, originaires des États-Unis, d’Europe ou du Japon, ont été suivis pendant 6 à 32 ans (1).

Une portion quotidienne de yaourt

En comparant le niveau de consommation de yaourt le plus élevé avec le niveau le plus bas, l’analyse a mis en avant une diminution de 7% du risque de décès toutes causes confondues.

L’analyse montre que plus l’on consomme de yaourt, meilleur est l’état de santé. Chaque portion supplémentaire de yaourt est inversement associée à une réduction de 7 % du risque de mortalité toutes causes confondues, avec une progression non linéaire : il n’y a pas de réduction supplémentaire du risque au-delà de 0,5 à 1 portion/jour.

La consommation quotidienne de yaourt peut protéger contre les maladies cardiovasculaires, mais pas contre le cancer

De même, les chercheurs ont constaté qu’en comparant le niveau le plus élevé de consommation de yaourt avec le niveau le plus bas, le risque de décès par maladies cardiovasculaires (MCV) était réduit de 11 %. Chaque portion quotidienne supplémentaire de yaourt était associée à une réduction de 14 % du risque de décès par MCV.

Cependant, les chercheurs n’ont pas trouvé d’association significative entre la consommation de yaourt et le risque de décès par cancer. Selon les scientifiques, cela pourrait s’expliquer par le fait que cette association dépend du type de cancer et des caractéristiques des patients.

Comment un yaourt quotidien peut-il aider à vivre plus longtemps en bonne santé ?

La consommation de yaourt contribue à apporter des vitamines, minéraux et protéines. Le yaourt peut ainsi contribuer à une alimentation saine et équilibrée qui joue un rôle important dans la protection contre les maladies chroniques telles que le cancer et les maladies cardiovasculaires.

Le yaourt pourrait aussi contenir une « arme secrète » qui aiderait à expliquer l’association entre la consommation de yaourt et la réduction du risque de décès. En effet, les bactéries lactiques vivantes contenues dans le yaourt pourraient contribuer à la diversité et au fonctionnement du microbiote intestinal, et participer ainsi à la santé humaine de plusieurs manières :

  • Le yaourt apporte des bactéries vivantes « bénéfiques » dans l’intestin, ce qui renforce les fonctions immunitaires et contribue à améliorer la santé humaine(2).
  • La consommation régulière de yaourt est associée à une baisse du taux de cholestérol, contribuant ainsi à la santé cardio-vasculaire(3).
  • La consommation régulière de yaourt est également associée à une réduction de la prise de poids et du tour de taille, potentiellement grâce à une meilleure sensibilité à l’insuline(4).
  • Les résultats d’essais cliniques indiquent que la consommation de yaourt pourrait être efficace pour réduire l’inflammation chronique (5).

« Dans l’ensemble, ces résultats soutiennent l’idée que la consommation de yaourt peut être efficace pour réduire le risque de mortalité toutes causes confondues et de maladies cardiovasculaires. « 

Tutunchi H, et al. 2022

Pour en savoir plus : lire l’article original.

Références
08 Mai 2023
Lecture 5 min
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Questions Réponses Santé cardiovasculaire

Lipides laitiers et risques cardiovasculaires : que savons-nous ?

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Les maladies cardiovasculaires (MCV) représentent un lourd fardeau en termes de décès et de morbidité dans le monde (1) et les régimes alimentaires ont une forte influence sur la santé cardiométabolique.

Pendant des décennies, les aliments à faible teneur en matières grasses ont été promus comme faisant partie d’une alimentation plus saine pour prévenir le risque de MCV, et en mettant de côté les produits laitiers qui contiennent naturellement des graisses saturées (1). Cependant, les avantages nutritionnels des produits laitiers sont désormais mis en balance en regard des teneurs en matière grasse laitière.

Aperçu rapide sur les lipides

Les lipides forment une grande famille comprenant les triglycérides, les phospholipides, le cholestérol et certaines vitamines liposolubles (vitamines A, D, E et K). Dans le langage courant, le terme « graisses » est utilisé pour désigner les lipides contenus dans les aliments. Les lipides sont constitués d’acides gras, ces derniers étant classés en trois groupes biochimiques :

  • Les acides gras saturés,
  • Les acides gras mono-insaturés
  • Les acides gras polyinsaturés (AGPI), qui sont dits ʺessentiels  » (oméga 6 et 3) car notre organisme ne sait pas les synthétiser ou ne peut pas synthétiser leurs précurseurs. Ainsi, l’alimentation constitue une source importante de ces lipides essentiels.

Quelles sont les matières grasses des produits laitiers ?

Tous les produits laitiers, lorsqu’ils ne sont pas des formules allégées (lait entier, yaourt nature, fromage frais ou affiné) contiennent des lipides. En moyenne, un yaourt nature (125 g) contient environ 4% de lipides (~5 g de lipides), dont environ :

  • 69% d’acides gras saturés (acides palmitique, myristique, laurique, butyrique, stéarique),
  • 28% de lipides monoinsaturés (acide oléique),
  • et 3 % de polyinsaturés (acides linoléique et linolénique) (2).

La composition en acides gras varie considérablement selon les espèces et les races d’animaux laitiers, ainsi que selon l’alimentation (2).

Zoom sur les graisses laitières du yaourt

Avec une teneur en matières grasses assez faible, le yaourt nature se distingue comme un aliment nutritionnellement dense associé à des risques de MCV faibles (7).

Dans une étude récente menée au Brésil (8), une consommation plus élevée de yaourt (> 1 portion/jour par rapport à une consommation nulle) était associée à un risque plus faible d’événements cardiovasculaires et de décès dus à des accidents vasculaires cérébraux. Le yaourt est également associé à d’autres avantages pour la santé en matière de prévention de maladies telles que le diabète (9) et l’obésité (10).

La différence entre les effets négatifs attendus des acides gras saturés et la réalité peut s’expliquer en partie par la complexité de la matrice alimentaire des produits laitiers. Les acides gras saturés sont consommés en association avec des minéraux, des protéines, des ferments. La matrice laitière peut contribuer aux effets bénéfiques du yaourt et déterminer la biodisponibilité des graisses (11).

Les chercheurs s’accordent à dire que les consommateurs doivent continuer à consommer des produits laitiers entiers avec modération dans le cadre d’un mode de vie sain et équilibré, en privilégiant les produits laitiers fermentés (tels que le yaourt) pour un apport optimal en nutriments et des bénéfices potentiels pour la santé cardiovasculaire (12).

Pour en savoir plus:

References :
17 Avr 2023
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Santé de la planète

Comment limiter les rots des vaches laitières ?

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Selon les scientifiques, il n’y a pas que notre propre régime alimentaire que nous devons modifier pour lutter contre le changement climatique, il serait également pertinent de s’intéresser à ce que mangent les vaches. La question est notamment de trouver un régime alimentaire qui les fasse moins roter…

Les vaches peuvent passer pour d’innocentes spectatrices de l’écologie rurale. En réalité, pendant qu’elles broutent tranquillement, elles éructent en permanence l’un des gaz à effet de serre les plus nocifs : le méthane.

Le défi consiste donc à trouver un moyen de rendre les vaches plus respectueuses de l’environnement. La réduction de leurs émissions de méthane devrait permettre de lutter contre le réchauffement de la planète et de ralentir le changement climatique. Dans un examen des données disponibles à ce jour, les chercheurs ont identifié les lacunes en matière de connaissances afin d’aider les gouvernements, les agriculteurs et l’industrie à fixer des objectifs pour un avenir durable (1).

Comment les vaches produisent-elles du méthane ?

Il est facile de tomber dans le piège de penser que les gaz émis par les vaches sortent de leur postérieur. En réalité, les vaches libèrent la quasi-totalité de leur méthane en l’éructant. En effet, les vaches sont des ruminants – tout comme les moutons, les chèvres ou les girafes, par exemple – et possèdent un système digestif spécialisé qui leur permet de décomposer l’herbe et d’autres végétaux qui ne peuvent pas être digérés par les humains et les autres animaux non ruminants (2). Contrairement aux humains, les ruminants n’ont pas un seul estomac, mais quatre compartiments dans leur estomac. Le premier d’entre eux est le rumen, qui agit comme une chambre de fermentation qui « brasse » la nourriture ingérée par la vache. Celle-ci régurgite ensuite ces aliments partiellement digérés et les mâche pendant un certain temps afin de terminer le travail de digestion – elle « rumine ».

La fermentation est possible car le rumen abrite un grand nombre de micro-organismes, notamment des bactéries, virus, champignons et protozoaires, qui contribuent tous à la récolte de l’énergie alimentaire et à l’apport de nutriments à la vache. Certains décomposent les glucides complexes en sucres simples, tandis que d’autres décomposent la cellulose des parois cellulaires des plantes.

Lors du processus de fermentation, ils produisent des gaz : du dioxyde de carbone et du méthane. La quantité de méthane émise par les vaches dépend de leur alimentation et une vache peut émettre jusqu’à 500 litres de méthane par jour.

Comment le bétail laitier contribue-t-il au réchauffement climatique ?

Avec le dioxyde de carbone, le méthane est le plus important des gaz à effet de serre (GES), et depuis 1950, sa concentration dans l’atmosphère a fait un bond alarmant de 70% (3). Bien que les zones humides naturelles contribuent aux émissions de méthane, 60 % proviennent des activités humaines, dont la riziculture et l’élevage de ruminants tels que les bovins.

L’élevage d’animaux représente 14,5 % des émissions mondiales de GES, soit à peu près autant que l’industrie des transports (4). Le processus de fermentation dans le rumen est à l’origine de plus de 90 % des émissions de méthane du bétail et de 40 % des émissions de GES des exploitations agricoles (5).

Comment mesure-t-on le méthane émis par les vaches ?

La première étape pour remédier aux problèmes de gaz des vaches consiste à trouver la meilleure façon de mesurer le méthane qu’elles émettent. Une méthode fiable permet d’évaluer et de comparer les techniques visant à réduire les émissions de méthane. Il doit s’agir de méthodes portables qui ne perturbent pas la routine des vaches.

Bien qu’il soit impossible d’échantillonner des troupeaux entiers à la fois, plusieurs technologies, telles que la chambre respiratoire, sont en cours de développement pour mesurer les émissions de méthane de chaque vache laitière. La technique du « renifleur » ou de l’échantillonnage de l’haleine offre de grandes perspectives. 

Peut-on réduire les gaz à effet de serre émis par les vaches ?

La nature de l’alimentation des vaches a une incidence considérable sur la quantité de méthane qu’elles produisent :

  • La digestion du foin et de l’herbe, par exemple, produit plus de méthane que les céréales.
  • L’ajout de céréales à l’alimentation des vaches modifie l’acidité du rumen et diminue la production de méthane.

Toutefois, l’utilisation de régimes à forte teneur en céréales doit être mise en balance avec les dépenses liées à la production d’aliments pour animaux, aux engrais et à l’utilisation de machines, qui consomment tous des combustibles fossiles.

C’est pourquoi les scientifiques étudient des alternatives et des compléments à l’alimentation des vaches laitières qui pourraient produire moins de méthane sans laisser une grande empreinte carbone.

Quelles que soient les solutions retenues, il semble que des temps de rumination plus longs augmentent la production de lait et sont liés à une réduction des émissions de méthane chez les vaches laitières.

Une salade d’algues ?

Ce n’est peut-être pas la première chose qui vient à l’esprit lorsque l’on pense à l’alimentation des vaches, mais les algues sont riches en nutriments et certaines contiennent du bromoforme, un agent bloquant la production de méthane. Des recherches ont montré que les émissions de méthane peuvent être réduites de plus de moitié lorsque l’algue rouge Asparagopsis contenant du bromoforme est ajoutée à l’alimentation des vaches laitières, sans qu’aucun résidu ne soit retrouvé dans le lait (6).

Selon les auteurs, d’autres études sur les algues sont nécessaires pour s’assurer que leur ajout à l’alimentation des vaches est sans danger pour la santé humaine.

Une tasse de thé pour les vaches ?

Peut-être pas dans une tasse, mais le thé, le yucca et la gypsophile font partie des nombreuses plantes contenant des molécules détergentes naturelles appelées saponines. Il a été démontré que ces composés diminuent la production de méthane en réduisant les protozoaires du rumen, qui jouent un rôle clé dans la production de méthane des vaches.

D’autres extraits de plantes sont de bons candidats pour renforcer l’alimentation des vaches, notamment l’eucalyptus, l’ail et les huiles essentielles d’origan et de thym blanc. Tous ont été étudiés pour leurs activités de réduction de la production de méthane. L’huile de colza est une autre option. Des scientifiques ont découvert que l’ajout d’huile de colza à l’alimentation des vaches laitières allaitantes réduisait les émissions de méthane jusqu’à 23%.

Des mesures de réduction du méthane à pondérer

Bien que les extraits de plantes soient efficaces pour réduire les émissions de méthane, il est important de s’assurer que les plantes peuvent être produites de manière durable, en tenant compte des méthodes utilisées pour les récolter, les transporter, les stocker et les transformer en ingrédients pour l’alimentation animale. L’empreinte carbone ne doit pas l’emporter sur les gains obtenus par la réduction du méthane, alertent les auteurs.

Les algues marines sont prometteuses en tant que choix durable, car elles peuvent être cultivées dans des fermes d’algues du monde entier et sont connues pour absorber de grandes quantités de dioxyde de carbone.

La demande en ressources hydriques est également importante. Les huiles essentielles de cannelle, par exemple, se sont révélées capables de réduire le méthane lors de tests en laboratoire. Pour produire 1 kg de cannelle, il faut 15 526 litres d’eau et émettre 1,6 kg de dioxyde de carbone, ce qui équivaut à conduire une voiture sur 6 km (7).

L’ail et l’origan cochent davantage de cases en matière de production durable. Il ne faut que 589 litres d’eau pour produire 1 kg d’ail, et 7048 L d’eau pour produire 1 kg d’origan séché (8).

Les plantes à croissance rapide ont tendance à moins peser sur l’environnement car elles ont besoin de moins d’eau et d’engrais que les autres plantes. Les eucalyptus peuvent être récoltés en 3 à 5 ans seulement, ce qui en fait une ressource rapidement renouvelable, certains types d’eucalyptus poussant de 4 m par an, précisent les auteurs.

Sélectionner des vaches « non-gazeuses »

En plus de modifier le régime alimentaire du bétail, il est également envisageable de sélectionner les vaches laitières les plus adaptées.

Selon les scientifiques, la sélection génétique de vaches émettant peu de méthane peut être un moyen durable de réduire les émissions du bétail laitier (9). Des études suggèrent que les vaches laitières ont un niveau d’hérédité faible à modéré de leurs tendances gazeuses. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre la génétique.

Les auteurs soulignent que, pour garantir le bien-être et la santé des animaux, les recherches sur les émissions de méthane doivent être menées sur un grand nombre d’animaux et sur une longue période.

« Pour répondre aux futures demandes mondiales, l’élevage doit étudier les ajouts alimentaires naturels qui améliorent l’efficacité de l’utilisation des nutriments, fournissent des alternatives aux antibiotiques et réduisent les émissions de méthane des ruminants. » – Bačėninaitė D, et al, 2022.

Pour en savoir plus, lisez l’article original.
Source: (1) Bačėninaitė D, Džermeikaitė K, Antanaitis R. Global Warming and Dairy Cattle: How to Control and Reduce Methane Emission. Animals (Basel). 2022 Oct 6;12(19):2687. doi: 10.3390/ani12192687.
Publications complémentaires:
  1. Cows, Methane, and Climate Change | Let’s Talk Science (letstalkscience.ca)
  2. Black, J.L.; Davison, T.M.; Box, I. Methane Emissions from Ruminants in Australia: Mitigation Potential and Applicability of Mitigation Strategies. Animals 2021, 11, 951.
  3. Kristiansen, S.; Painter, J.; Shea, M. Animal Agriculture and Climate Change in the US and UK Elite Media: Volume, Responsibilities, Causes and Solutions. Commun. 2021, 15, 153–172.
  4. Tubiello, F.N.et al. The FAOSTAT database of greenhouse gas emissions from agriculture. Environ. Res. Lett. 2013, 8, 015009.
  5. Stefenoni, H.A. et al. Effects of the macroalga Asparagopsis taxiformis and oregano leaves on methane emission, rumen fermentation, and lactational performance of dairy cows. Dairy Sci. 2021, 104, 4157–4173.
  6. Marie, A. Cinnamon Benefits + Side Effects. 2022.
  7. Marie, A. Oregano Benefits + Side Effects. 2022.
  8. Lassen, J.; Difford, G.F. Review: Genetic and genomic selection as a methane mitigation strategy in dairy cattle. Animal 2020, 14, s473–s483.
03 Avr 2023
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Questions Réponses Santé intestinale

Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?

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Dans tout le corps humain et en particulier dans le tube digestif, des écosystèmes bactériens travaillent en symbiose avec les organes humains pour assurer l’alimentation, la digestion et de ce fait, la santé et le bien-être global. Chez l’adulte, 95% de ces microbes symbiotiques se trouvent dans les intestins (petit et gros intestin) [1].

Le microbiote est défini comme « l’assemblage de micro-organismes (bactéries, archées, eucaryotes et virus) présents dans un environnement défini » [2]. Ainsi, le microbiote intestinal désigne les micro-organismes situés dans le tractus gastro-intestinal humain.

Le microbiote intestinal ou microbiome intestinal d’un adulte en bonne santé héberge en moyenne 100 000 milliards de micro-organismes, issus d’environ 1000 espèces différentes [3]. Parmi ces micro-organismes, il existe des espèces dominantes qui se retrouvent chez la grande majorité des individus, comme les protéobactéries [4], mais la composition du microbiote intestinal est spécifique à chaque individu et influencée par de nombreux facteurs tels que la génétique, le prise de médicaments, l’environnement de vie, le stress et les habitudes alimentaires [2]. Si certains facteurs comme la génétique et le vieillissement sont difficilement contrôlables, agir sur notre alimentation et notre mode de vie peut contribuer au bon fonctionnement de notre microbiote intestinal.

Le rôle principal du microbiote intestinal réside dans la digestion

En sécrétant certaines enzymes que le corps humain ne synthétise pas naturellement, le microbiote intestinal métabolise certains composants alimentaires, tels que les fibres, qui ne peuvent être digérées dans l’intestin grêle. Lors de la métabolisation des fibres, les bactéries produisent de petits composants précieux appelés acides gras à chaine courte, qui sont beaucoup mieux absorbés par la circulation systémique et sont bénéfiques à d’autres fonctions du corps humain [2].

Microbiote intestinal et système immunitaire

Le microbiote intestinal sain participe à la défense de l’intégrité de l’organisme, en signalant l’intrusion de pathogènes opportunistes et en dégradant les composants toxiques et les allergènes [2]. 70 % des acteurs de l’immunité se trouvent dans les intestins. La protection des tissus et du système circulatoire contre la contamination par des micro-organismes, des antigènes et des allergènes est assurée par la barrière intestinale et par le microbiote, permettant ainsi d’assurer la santé et le bien-être [5].

Une histoire d’équilibre

De plus en plus de données suggèrent aujourd’hui que le mode de vie et l’alimentation peuvent avoir un impact sur le microbiote intestinal.

Au cours de la vie, la santé du microbiote peut ne plus être optimale, comme par exemple au cours de la vieillesse ; il devient moins efficace et peut présenter des déséquilibres [2].Si on parle de symbiose quand le microbiote fonctionne normalement, on parle de dysbiose lors des déséquilibres du microbiote (liée à l’âge, à la prise de médicaments, à l’environnement, à la maladie etc…) De nombreuses études en cours explorent le lien entre cette dysbiose du microbiote intestinal et des maladies inflammatoires ou neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer [1] et éventuellement les cancers. Par exemple, la perturbation du microbiote intestinal serait associée aux maladies inflammatoires de l’intestin [3] ou au développement de l’obésité [3,7].

Les trois principaux facteurs d’influence ayant l’impact le plus fort sur le microbiote intestinal sont :

  • Les conditions de naissance et les habitudes des premiers temps de la vie (accouchement, alimentation, soins aux nourrissons) qui conditionne l’installation et l’équilibre de ce microbiote [8]
  • Le régime alimentaire
  • L’environnement et les expositions potentielles à des produits chimiques ou à des médicaments (comme les antibiotiques) [8]

Comment prendre soin de son microbiote ?

Le régime alimentaire peut avoir un impact important sur le microbiote intestinal : une alimentation équilibrée associée à un mode de vie sain est probablement le meilleur moyen de contribuer à la santé intestinale.

Les types d’aliments conseillés pour prendre soin de notre intestin sont les suivants :

  • Les laits fermentés tels que les yaourts [9,10] : ils apportent de nombreuses bactéries lactiques vivantes dans le tube digestif. Une fois qu’elles atteignent l’intestin, ces bactéries soutiennent les microbes vivants qui le traversent, du moins à court terme. Selon les chercheurs, les bactéries lactiques peuvent moduler l’environnement intestinal, améliorer la perméabilité de l’intestin et réduire les enzymes potentiellement dangereuses produites par d’autres bactéries. Les aliments fermentés tels que le kombucha, le kimchi et la choucroute : ils permettent de renouveler les bonnes bactéries intestinales.
  • Les aliments riches en fibres alimentaires, tels que les fruits, les légumineuses, les légumes ou les céréales [11].

Pour en savoir plus:


Quelques références :
[1] de J R De-Paula, V., Forlenza, A. S., & Forlenza, O. V. (2018). Relevance of gutmicrobiota in cognition, behaviour and Alzheimer’s disease. Pharmacological research
[2] Tout sur notre microbiote intestinal
[3] Guinane, C. M., & Cotter, P. D. (2013). Role of the gut microbiota in health and chronic gastrointestinal disease: understanding a hidden metabolic organ. Therapeutic advances in gastroenterology  
[4] C. Landman, E. Quévrain, Le microbiote intestinal : description, rôle et implication physiopathologique, La Revue de Médecine Interne, 2016
[5] Hollister EB et al. Structure and function of the healthy pre-adolescent pediatric gut microbiome. Microbiome. 2015;3:36. 
[6] Bienenstock, J. et al., Microbiota and the gut–brain axis , August 2015, Vol 73(8), pp. 28-31
[7] Patterson, E., Ryan, P. M., Cryan, J. F., Dinan, T. G., Ross, R. P., Fitzgerald, G. F., & Stanton, C. (2016). Gut microbiota, obesity and diabetes. Postgraduate medical journal
[8] Goulet O et al, Paediatricians play a key role in preventing early harmful events that could permanently influence the development of the gut microbiota in childhood, Acta Pædiatrica 2019 108, pp. 1942–1954
[9] Hill D, Sugrue I, Arendt E et al. Recent advances in microbial fermentation for dairy and health. F1000Res. 2017;6:751
[10] Donovan M and Rao G. Health benefits of yogurt among infants and toddlers aged 4 to 24 months: a systematic review. Nutr Rev 2019;77(7): 478-486
[11] Korczak R, Kamil A, Fleige L, Donovan SM, Slavin JL. Dietary fiber and digestive health in children. Nutr Rev. 2017 Apr 1;75(4):241-259

 

27 Mar 2023
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Questions Réponses Santé de la planète

Les produits laitiers ont-ils leur place dans un alimentation durable ?

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Dans nombres de recommandations alimentaires, les produits laitiers sont considérés comme un groupe alimentaire à part entière, notamment en raison de leur contribution importante pour couvrir les besoins en calcium [1]. Cependant, avec des enjeux environnementaux et une demande en lait et en produits laitiers qui devrait augmenter d’ici 2050 en raison de la croissance démographique, les aliments laitiers doivent respecter certaines dimensions dans le cadre de leur production, distribution et consommation pour être pouvoir intégrer une alimentation durable.

Quelques éléments de contexte

Le Codex Alimentarius de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) définit un produit laitier comme un « produit obtenu par toute transformation du lait, qui peut contenir des additifs alimentaires et d’autres ingrédients fonctionnellement nécessaires à la transformation » [2]. Les produits laitiers englobent des centaines d’aliments allant du lait au yaourt en passant par la longue listes des fromages [3].

Les produits alimentaires durables résultent de systèmes de production alimentaire durables et font partie de régimes alimentaires sains et durables, définis par quatre dimensions [4] :

  • Des aliments sûrs et à forte densité nutritionnelle
  • Culturellement acceptables
  • Accessibles, abordables et équitables
  • Doivent avoir un faible impact sur l’environnement, préserver la biodiversité et les ressources naturelles, et idéalement être produits et consommés localement [5].

Qu’en est-il des produits laitiers ?

Les produits laitiers sont des aliments riches en nutriments et bénéfiques pour la santé

Les produits laitiers sont connus pour être une source riche en nutriments bénéfiques pour la santé, en protéines de haute qualité et en calcium.

Avec une composition comprenant des vitamines essentielles (A, B2, B3, B5, B12,…) et des minéraux (phosphore, calcium, zinc…), les produits laitiers contribuent aux apports en nutriments clés. Certains aliments laitiers apportent également des nutriments émergents d’intérêt (lactoferrine, probiotiques, membrane des globules gras du lait) [1].

Les produits laitiers fermentés, comme le yaourt, peuvent avoir des effets positifs sur la santé au-delà de leur contenu en nutriments essentiels. Ils sont des vecteurs alimentaires efficaces de probiotiques et ont été reconnus comme protégeant divers aspects de la santé intestinale et de la fonction immunitaire globale [6-9].

En outre, en raison de leur forte teneur en eau et en ions, le lait et les produits laitiers peuvent être de bonnes sources d’hydratation. Dans les pays où les problèmes d’assainissement limitent l’accès à l’eau potable, un apport en produits laitiers peut jouer un rôle essentiel pour assurer une bonne santé [1].

Dans l’ensemble, ces propriétés nutritionnelles font des produits laitiers un atout alimentaire dans toutes les régions du monde.

Les produits laitiers sont accessibles et essentiels dans de nombreuses cultures

Les produits laitiers sont des aliments de base dans de nombreuses cultures à travers le monde. Le prix relativement abordable du lait et des produits laitiers permet une variété d’utilisations et d’incorporations dans divers modèles diététiques et traditions alimentaires dans différents pays [10].

Selon la FAO, le développement de l’industrie laitière est « un outil durable, équitable et puissant pour atteindre la croissance économique, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté » [11]. En réalité, les produits laitiers ne fournissent pas seulement aux individus des aliments riches en nutriments, mais aussi [11] :

  • Fournissent une source régulière de revenus pour les éleveurs puisque le lait est produit quotidiennement
  • Génèrent des emplois sur l’exploitation et en dehors de l’exploitation
  • Créent des opportunités pour les femmes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans les communautés rurales, les femmes participent souvent à la production laitière, en particulier à la traite et à l’alimentation. Elles peuvent être impliquées dans l’ensemble de la chaîne: collecte, transformation et commercialisation. Dans un ménage, la femme utilise généralement l’argent du lait pour acheter des produits de première nécessité (vêtements et nourriture), ainsi que pour payer les soins de santé de base et l’éducation des enfants.

L’impact environnemental des produits laitiers doit être amélioré

Compte tenu de la forte demande mondiale et d’une production naturellement liée au bétail (qu’il s’agisse de vaches, chèvres ou brebis), l’industrie laitière représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’ensemble du système alimentaire [3]. Le secteur laitier mondial contribue à 4 % des GES mondiaux [12].

Cependant, il existe des différences en termes d’émissions de GES entre les pratiques agricoles. Par rapport au bétail (en particulier le bœuf), qui est considéré comme le principal contributeur agricole aux GES [4,18], les produits laitiers ont une empreinte carbone plus faible. Et dans les catégories de produits laitiers, le yaourt a une empreinte carbone plus faible que le fromage [19].

Selon une étude récente, une alimentation saine et équilibrée incluant des produits laitiers (tels que le lait et le yaourt) pourrait atteindre des GES plus faibles que d’autres options moins saines [13].

Pourtant, le lait et l’industrie alimentaire laitière restent en bonne place dans l’agenda 2030 des mutations des systèmes alimentaires durables pour atteindre les objectifs de développement durable [10].

Qu’en est-il du yaourt ?

La consommation quotidienne de yaourt est considérée comme un moyen efficace pour répondre aux besoins nutritionnels avec un apport calorique équilibré [14,15]. Le yaourt apporte, à travers une formule à faible densité calorique, de nombreux nutriments tels que les protéines, le calcium, le zinc, le potassium, ainsi que des vitamines (Vit. B) et des ferments vivants [15,16,17].

Dans le cadre d’une alimentation équilibrée, le yaourt est l’un des produits les plus courants et les plus accessibles. Il est l’une des sources de calcium les moins chères et une source de protéines de haute qualité très abordable [12].

On peut le trouver facilement dans les petites, moyennes ou grandes surfaces, et les produits laitiers fermentés, dont le yaourt, font déjà partie historiquement de régimes alimentaires traditionnels dans le monde. C’est le cas des yaourt grec, Skyr, Labneh ou kefir par exemple…

 Pour plus d’informations :

  1. La matrice laitière : bien plus que des nutriments
  2. Les experts plaident pour une reconnaissance du rôle des produits laitiers pour notre santé et celle de la planète.
  3. Qu’est-ce qu’une alimentation durable ?

References :
[1] Comerford KB, et al. Global Review of Dairy Recommendations in Food-Based Dietary Guidelines. Front Nutr. 2021 May 25;8:671999.
[2] FAO, le lait et les produits laitiers
[3] Gaillac, R., & Marbach, S. (2021). The carbon footprint of meat and dairy proteins: a practical perspective to guide low carbon footprint dietary choices. Journal of Cleaner Production321, 128766.
[4] Food and Agriculture Organization of the United Nations; World Health Organization. (2019) Sustainable Healthy Diets, Guiding Principles.
[5] Burlingame B, Dernini S. Sustainable diets and biodiversity: Directions and solutions for policy, research and action. Food and Agriculture Organization. 2010.
[6] Nadelman, P., et al. (2018). Are dairy products containing probiotics beneficial for oral health? A systematic review and meta-analysis. Clinical oral investigations22(8), 2763-2785..
[7] Shiby, V. K., & Mishra, H. N. (2013). Fermented milks and milk products as functional foods—A review. Critical reviews in food science and nutrition53(5), 482-496.
[8] Zhai, Z., et al (2019). Synergy between probiotic Lactobacillus casei and milk to maintain barrier integrity of intestinal epithelial cells. Journal of agricultural and food chemistry, 67(7), 1955-1962.
[9] La Fata, G., Weber, P., & Mohajeri, M. H. (2018). Probiotics and the gut immune system: indirect regulation. Probiotics and antimicrobial proteins10(1), 11-21.
[10] International Dairy Federation. Dairy Sustainability outlook, Special edition United Nations Food systems Summit 2021. Issue n°4. July 2021.
[11] FAO, Développement du secteur laitier
[12] FAO, 2010, Greenhouse Gas Emissions from the Dairy Sector: A life Cycle Assessment, p.13.
[13] Ridoutt BG, Baird D, Hendrie GA. The role of dairy foods in lower greenhouse gas emission and higher diet quality dietary patterns. Eur J Nutr. 2021 Feb;60(1):275-285.
[14] Keast DR, et al. Associations between yogurt, dairy, calcium, and vitamin D intake and obesity among U.S. children aged 8-18 years: NHANES, 2005-2008. Nutrients. 2015;7(3):1577-93.
[15] Hess J, Rao G, Slavin J. The Nutrient Density of Snacks: A Comparison of Nutrient Profiles of Popular Snack Foods Using the Nutrient-Rich Foods Index. Glob Pediatr Health. 2017 Mar 30;4:2333794X17698525.
[16] Rolls B., The Ultimate Volumetrics Diet, William Morrow, 2012.
[17] Smethers A. & Rolls B., Dietary management of obesity: cornerstones of healthy eating patterns, Med Clin N Am, 2018, 102 : 107-124
[18] van Hooijdonk T, Hettinga K, Dairy in a sustainable diet: a question of balance, Nutrition Reviews, 2015; 73 (1): 48–54
[19] Drewnowski A, Rehm CD, Martin A, et al. Energy and nutrient density of foods in relation to their carbon footprint. Am J Clin Nutr 2015;101:184–91.
13 Mar 2023
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Autres études Les bénéfices de la fermentation

Vaincre l’acné : les probiotiques semblent prometteurs

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Nous sommes tous passés par là : un rendez-vous galant se prépare et, juste à ce moment-là, les boutons apparaissent. Mais pour beaucoup de gens, ce ne sont pas seulement quelques imperfections passagères qui gâchent leur journée ; l’acné est une toute autre affaire. Elle peut être source de souffrance psychologique au moment même où les gens se préoccupent le plus de leur apparence.

Bonne nouvelle pour les millions de personnes qui sont confrontés à des problèmes d’acné : nous en savons plus sur les facteurs qui déclenchent cette maladie chronique et sur les moyens de la surmonter. Non seulement les nouvelles recherches permettent de démêler les processus complexes qui sous-tendent l’acné, mais elles révèlent également un rôle prometteur des probiotiques dans son traitement. Ces recherches pourraient notamment contribuer à expliquer pourquoi l’acné est associée à la consommation de lait, mais pas au yaourt, qui contient des bactéries probiotiques.

L’acné touche les adultes comme les adolescents

L’acné apparaît principalement lorsque les glandes sébacées de la peau produisent trop de sébum, ce qui bloque les follicules cutanés – une situation qui a le plus de chances de se produire pendant la puberté.

Il y a de fortes probabilités de développer de l’acné à un moment ou à un autre. 50 à 95 % des adolescents âgés de 12 à 18 ans sont concernés. Mais ce n’est pas seulement une problématique pour les jeunes – les adultes peuvent aussi en souffrir. Des recherches ont montré que jusqu’à 43 % des personnes qui avaient de l’acné à l’adolescence en souffrent encore à l’âge de 30-40 ans.

L’acné est étroitement liée au mode de vie occidental. En particulier, les soupçons se portent vers le régime alimentaire occidental, caractérisé par des aliments transformés, des graisses saturées et des sucres raffinés.

Quel lien entre les produits laitiers et l’acné ?

Le possible rôle des produits laitiers sur le développement de l’acné a fait l’objet d’un certain nombre d’études, avec des conclusions et résultats contradictoires (3,4,5).

Pour y voir plus clair, les chercheurs ont donc passé en revue ces études, analysant les données de 14 d’entre elles qui répondaient à leurs critères. Ils ont comparé les résultats obtenus selon la quantité et de la diversité des produits laitiers consommés chez les sujets L’âge des participants à ces études allait de 9 à 30 ans (1).

L’acné associée à une consommation de lait mais pas de yaourt ou de fromages.

Les résultats ont montré que la consommation de produits laitiers, de lait total, de lait entier, de lait à faible teneur en matières grasses et de lait écrémé était associée à la présence d’acné. Plus les personnes buvaient de lait, plus le risque d’acné était élevé. Chaque portion supplémentaire de lait, lait entier et lait écrémé augmentait respectivement le risque d’acné de 83 %, 13 % et 26 %.

Mais la situation était différente en ce qui concerne le yaourt et le fromage. Les quatre études qui se sont penchées spécifiquement sur la consommation de yaourt et de fromage ont toutes conclu que ces produits n’étaient pas associés à l’acné.

Les auteurs ont suggéré que l’absence de relation entre le yaourt/fromage et l’acné pourrait être due au processus de fermentation nécessaire à leur fabrication. Ce processus, qui nécessite une culture de bactéries de départ, peut modifier les composants du lait qui sont associés au développement de l’acné.

« Les résultats de la présente méta-analyse recommandent la consommation de yaourts et de fromages pour éviter la formation d’acné. » – Aghasi M, et al, 2019

L’axe intestin-peau joue un rôle clé dans le développement de l’acné

D’autres travaux de recherche pourraient permettre d’éclaircir ces résultats.

Ils ont cherché à découvrir les processus qui sous-tendent le développement de l’acné, ainsi que le rôle du microbiote humain – ces millions de micro-organismes qui vivent sur nous et en nous.

Le microbiote intestinal, en particulier, interagit constamment avec le système immunitaire et contribue à façonner la réponse inflammatoire. Cette interaction pourrait expliquer les résultats suggérant un rôle du microbiote intestinal dans plusieurs affections cutanées inflammatoires, dont l’acné.

La communauté bactérienne du microbiote intestinal est profondément influencée par notre alimentation. Alors que les fruits et les légumes favorisent un mélange de micro-organismes intestinaux, les aliments riches en graisses ou à indice glycémique élevé seraient associés à un microbiote intestinal moins diversifié et à une augmentation des déclencheurs inflammatoires. Il n’est donc pas surprenant que l’alimentation occidentale puisse aggraver le développement de l’acné.

À la lumière de ces résultats, les chercheurs estiment que la modulation du microbiote intestinal pourrait potentiellement influencer l’apparition et la progression de l’acné. Et un bon moyen d’y parvenir pourrait être de recourir aux probiotiques, utilisés en même temps ou à la place des thérapies existantes pour l’acné (2).

Les probiotiques semblent prometteurs contre l’acné

Une revue des recherches menées jusqu’à présent a en effet suggéré que, selon les études, les probiotiques pourraient aider à lutter contre l’acné, et les quelques études réalisées jusqu’à présent chez l’homme ont montré des résultats prometteurs pour les probiotiques appliqués sur la peau et surtout pour les probiotiques consommés par voie orale.

Selon les chercheurs, les probiotiques peuvent exercer leurs effets bénéfiques de plusieurs manières. Par exemple, les probiotiques pris par voie orale peuvent moduler le microbiote intestinal, générant une réponse anti-inflammatoire et améliorant la fonction de barrière de l’intestin. Ils peuvent également agir sur le facteur de croissance insulinique I (IGF-1), une hormone qui a été impliquée dans le développement de l’acné.

Des tests en laboratoire ont montré que plusieurs souches probiotiques, dont des souches de Lactobacillus, produisent des substances antimicrobiennes qui inhibent la croissance de la bactérie de l’acné, Cutibacterium acnes.

Des essais ont été réalisés chez l’homme :

  • Une première étude a révélé que l’ajout d’un mélange probiotique contenant des souches de Lactobacillus et de Bifidobacterium à un traitement antibiotique augmentait les effets anti-inflammatoires et réduisait les effets indésirables potentiels d’une antibiothérapie prolongée (6).
  • Dans une autre étude, un probiotique oral à base de Lactobacillus pris pendant 12 semaines a été associé à une amélioration de l’acné par rapport au placebo, réduisant également l’expression de l’IGF-1 (7).
  • Une augmentation des niveaux de l’interleukine-10, un anti-inflammatoire, a été observée dans un essai après un traitement avec un mélange probiotique contenant des souches de Lactobacillus et de Bifidobacterium administré par voie orale pendant 30 jours (8).
  • Une étude récente a évalué un mélange de souches probiotiques de Bifidobacterium, Lacticaseibacillus et Ligilactobacillus plus un extrait d’aubergine (Solanum melongena) et d’échinacée pris par voie orale chez 114 personnes souffrant d’acné légère à modérée pendant 8 semaines (9). Par rapport au placebo, les symptômes de l’acné se sont améliorés et le taux de sécrétion de sébum a diminué, tout comme la présence de acnes chez les patients traités avec le mélange probiotique et l’extrait botanique, surtout lorsqu’ils étaient pris ensemble.

« Compte tenu de l’agressivité de certains traitements standard de l’acné, les probiotiques devraient continuer à être étudiés en tant que thérapie alternative ou adjuvante ». – Sánchez-Pellicer P, et al, 2022

Sources :
  1. Aghasi M, Golzarand M, Shab-Bidar S, et al. Dairy intake and acne development: A meta-analysis of observational studies Clin Nutr. 2019 Jun;38(3):1067-1075. doi: 10.1016/j.clnu.2018.04.015. Epub 2018 May 8.PMID: 29778512
  2. Sánchez-Pellicer P, Navarro-Moratalla L, Núñez-Delegido E, et al. Acne, Microbiome, and Probiotics: The Gut–Skin Axis. Microorganisms. 2022 Jun 27;10(7):1303.doi: 10.3390/microorganisms10071303.PMID: 35889022
Références complémentaires :
3. Burris J, Rietkerk W, Woolf K. Relationships of self-reported dietary factors and perceived acne severity in a cohort of New York young adults. J Acad Nutr Diet 2014;114(3):384e92.
4. LaRosa CL, Quach KA, Koons K, Kunselman AR, Zhu J, Thiboutot DM, et al. Consumption of dairy in teenagers with and without acne. J Am Acad Dermatol 2016;75(2):318e22.
5. Pereira Duquia R, da Silva Dos Santos I, de Almeida Jr H, Martins Souza PR, de Avelar Breunig J, Zouboulis CC. Epidemiology of acne vulgaris in 18-year-old male army conscripts in a south Brazilian City. Dermatology 2017;233(2e3): 145e54.
6. Jung, G.W.; Tse, J.E.; Guiha, I.; Rao, J. Prospective, randomized, open-label trial comparing the safety, efficacy, and tolerability of an acne treatment regimen with and without a probiotic supplement and minocycline in subjects with mild to moderate acne. J. Cutan. Med. Surg. 2013, 17, 114–122.
7. Fabbrocini, G.; Bertona, M.; Picazo, Ó.; Pareja-Galeano, H.; Monfrecola, G.; Emanuele, E. Supplementation with Lactobacillus rhamnosus SP1 normalises skin expression of genes implicated in insulin signalling and improves adult acne. Benef. Microbes 2016, 7, 625–630.
8. Rahmayani, T.; Putra, I.B.; Jusuf, N.K. The Effect of Oral Probiotic on the Interleukin-10 Serum Levels of Acne Vulgaris. Open Access Maced. J. Med. Sci. 2019, 7, 3249–3252.
9. Rinaldi, F.; Marotta, L.; Mascolo, A.; Amoruso, A.; Pane, M.; Giuliani, G.; Pinto, D. Facial Acne: A Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled Study on the Clinical Efficacy of a Symbiotic Dietary Supplement. Dermatol. Ther. 2022, 12, 577–589.