Alimentation durable
Qu’est-ce qu’une alimentation durable ?
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) définit l’alimentation durable et les régimes alimentaires durables comme « des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures » (1).
Les régimes alimentaires durables sont :
- Protecteurs et respectueux de la biodiversité et des écosystèmes;
- Acceptables culturellement et accessibles;
- Économiquement équitables et abordables;
- Nutritionnellement adéquats, sûrs et sains;
- Tout en optimisant les ressources naturelles et humaines.
Ainsi, « manger de façon durable » n’est pas seulement une question environnementale, mais repose sur quatre dimensions : environnementale, de santé, économique et sociétale.
Comment « manger durable » ?
Afin d’adopter une alimentation durable (1, 2) il est nécessaire de considérer la densité nutritionnelle, le caractère abordable et l’accessibilité d’un aliment, ainsi que de son impact sur les facteurs environnementaux et sociaux (tels que l’utilisation des terres, le bien-être animal, les conditions de travail et l’économie de l’alimentation).
Selon cette approche, le consommateur peut être confronté à un dilemme :
- Les aliments riches en nutriments (nutritionnellement-denses) ont tendance à être plus chers, alors que les aliments « vides » sur le plan nutritionnel sont généralement plus accessibles
- Les aliments nutritionnellement denses peuvent avoir un impact environnemental élevé et être, par conséquent, plus coûteux en termes d’empreinte environnementale.
Ainsi, la clé d’une alimentation saine et durable consiste à identifier les aliments qui ont une densité nutritionnelle élevée avec une plus faible empreinte environnementale, tout en étant abordables et culturellement acceptés.
Le régime flexitarien est-il un régime durable ?
Le régime flexitarien accorde plus de place aux aliments d’origine végétale, et moins à la viande et d’autres aliments d’origine animale. D’après les scientifiques, le régime flexitarien est un modèle de l’alimentation durable pour les populations du monde entier [3,4]. En effet, en réduisant la part de la consommation d’aliments d’origine animale, il peut aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que l’utilisation des terres et de l’eau, et donc de moins impacter sur l’environnement. De plus, la consommation occasionnelle d’aliments d’origine animale couvre les besoins nutritionnels et limite le risque de carence nutritionnelle.
Dans une alimentation durable, telle que le flexitarisme, les aliments à forte densité nutritionnelle, comme le yaourt et les produits laitiers peuvent être particulièrement intéressants (5).
La consommation de viande et d’aliments d’origine animale (poisson, œufs, produits laitiers) est-elle durable?
La croissance de la population mondiale constitue un défi majeur concernant l’approvisionnement alimentaire. Si les aliments à forte densité nutritionnelle sont essentiels pour assurer la sécurité nutritionnelle des populations, ils sont généralement associés à des coûts environnementaux élevés.
Consommer de la viande ou d’autres aliments d’origine animale de manière durable est principalement une question d’équilibre entre nutrition et durabilité. Le moyen le plus simple de l’analyser est de se pencher sur les produits laitiers et le lait.
Le lait et les produits laitiers sont reconnus comme des aliments à forte densité nutritionnelle, fournissant de nombreux éléments nutritifs essentiels et des protéines de haute qualité (6). Par conséquent, la demande de yaourts et de produits laitiers augmente, et la FAO estime que la demande de lait passera actuellement de 700 milliards à plus de 1000 milliards de kg en 2050. De plus, la production de lait et de produits laitiers est intéressante car les vaches valorisent efficacement les ressources non-consommables par l’homme (protéines de faible qualité dans les céréales et le soja) en les convertissant en aliments nutritifs. Cependant, la production, la distribution et le stockage des aliments, ainsi que la production laitière créent des émissions de gaz à effet de serre impactant l’environnement.
Quelle est l’empreinte environnementale d’un verre de lait ou d’un yaourt ?
Les aliments d’origine végétale ont une empreinte environnementale plus faible que les aliments d’origine animale (sur la base pondérale unitaire), mais cela est compensé par leur plus faible densité nutritionnelle. L’impact environnemental de l’élevage laitier doit être mis en balance avec la densité nutritionnelle élevée du lait, du yaourt et du fromage par rapport aux aliments d’origine végétale (7). Une équipe de recherche danoise a pris en compte l’impact des aliments et des régimes alimentaires sur la santé humaine. Pour une portion de lait, ils comparent les impacts nutritionnels aux impacts environnementaux (tels que le réchauffement climatique), et leurs conséquences sur la santé humaine. Le modèle a montré que l’ajout d’une portion de lait dans l’alimentation, sans remplacer d’autres aliments sains, tels que les fruits et légumes, pouvait avoir des effets bénéfiques sur la santé. Le bénéfice net pour la santé a été encore plus important lors de la substitution d’aliments moins sains (tels que les boissons sucrées) sur une base isocalorique.
Le yaourt a-t-il sa place dans une alimentation durable ?
Le yaourt fait partie du régime alimentaire de nombreuses personnes dans le monde. La consommation de yaourt est considérée comme un marqueur d’une alimentation et d’un mode de vie sain en général.
Le processus de fabrication et de fermentation spécifique du yaourt lui confère une grande quantité de micronutriments (vitamines B, calcium, potassium, zinc et magnésium) et de macronutriments, avec une faible densité énergétique.
Sur la base des émissions de gaz à effet de serre liées à la production alimentaire, à la transformation, au transport et à la vente au détail de différents aliments, le yaourt semble être un aliment respectueux de l’environnement. L’empreinte carbone de la production de yaourt est faible à modérée, par rapport aux autres aliments.(8)
Par ailleurs, selon la FAO, l’une des composantes d’un régime alimentaire durable est la santé et le bien-être de la population. Cela explique que le sucre et les produits sucrés, malgré leur faible impact sur l’environnement, ne peuvent pas être considérés comme faisant partie d’une alimentation durable, contrairement au yaourt.
Sources:
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Burlingame B, Dernini S. Sustainable diets and biodiversity: Directions and solutions for policy, research and action. Food and Agriculture Organization. 2010.
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Chen C, Chaudhary A, Mathys A. Dietary Change Scenarios and Implications for Environmental, Nutrition, Human Health and Economic Dimensions of Food Sustainability. Nutrients 2019, 11, 856
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Willett W, Rockström J, Loken B, et al. EAT-Lancet Commission Summary report: Food in the anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019;393(10170):447-492.
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Food and Agriculture Organization of the United Nations. Greenhouse gas emissions from the dairy sector: a life cycle assessment. 2010.
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Ridoutt BG, Baird D, Hendrie GA et al. The role of dairy foods in lower greenhouse gas emission and higher diet quality dietary patterns. Eur J Nutr. 2020 Avr 10.
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Drewnowski A. Measures and metrics of sustainable diets with a focus on milk, yogurt, and dairy products. Nutr Rev. 2018;76(1):21-8.
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Röös E, Garnett T, Watz V et al. The role of dairy and plant based dairy alternatives in sustainable diets. SLU Future Food Reports 3. Swedish University of Agricultural Sciences 2018
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van Est L, Blom L, Peters S. Decreasing the environmental footprint of our diet – wrong paradigm? ‘less animal more plant-based’. 2018. Translation from: Voeding Magazine (1) 2017:p15-22.
Pour en savoir plus, quelques documents détaillés sur le régime flexitarien et l’alimentation durable :