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11 Mai 2020
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Interviews d'experts Intolérance au lactose

Pourquoi parler du lactose par Azmina Govindji

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Par Azmina Govindji RD MBDA, nutritionniste conseil et diététicienne

Toute ma vie, mon travail a consisté à aider les gens à mieux s’alimenter, en me basant sur les connaissances fondées sur des preuves et avec des objectifs réalistes et réalisables, adaptés au mode de vie de chacun. Ainsi, lorsque j’entends parler des personnes qui restreignent inutilement leur alimentation suite à une tendance récente, ou qui effectuent des recherches en ligne via des sources non qualifiées, je me sens obligée de les rassurer sur la variété d’aliments qu’ils peuvent et doivent manger. Ceci afin d’améliorer leur état nutritionnel.

Ainsi, le yaourt est l’un des aliments que les personnes évitent lorsqu’elles pensent avoir une intolérance au lactose. Pourtant, cette éviction n’est pas recommandée et ces pratiques alimentaires sont souvent adoptées en l’absence de tout diagnostic.

Intolérance ou maldigestion du lactose

L’intolérance au lactose ne touche qu’environ 2% de la population mondiale, avec au moins 70 % de personnes d’origine est-asiatique. Elle est également plus courante chez les personnes d’origine ouest-africaine, arabe, juive, grecque et italienne.

En revanche, on estime que la maldigestion du lactose touche environ 70 à 75 % de la population mondiale. Dans les deux cas (maldigestion et intolérance au lactose), seule une fraction du lactose est digérée. Le lactose non digéré pénètre dans le côlon où sa fermentation bactérienne peut produire des symptômes désagréables. La maldigestion du lactose peut entraîner les même symptômes cliniques que l’intolérance au lactose tels que diarrhée, ballonnements, crampes d’estomac et flatulences excessives.

Quel est le problème ?

Le lactose étant le sucre présent dans le lait et les yaourts, les personnes qui évitent les produits laitiers dans le but de réduire des symptômes tels que les ballonnements, se privent de nutriments importants comme le calcium et l’iode. Pourtant, ces symptômes ne sont pas nécessairement révélateurs d’une intolérance au lactose, et l’autodiagnostic via des recherches en ligne semble devenir de plus en plus populaire. Une enquête américaine réalisée en 2013 par le Pew Research Center a révélé que 35 % des Américains s’auto-diagnostiquent en utilisant des informations qu’ils ont trouvées en ligne.

Or, il n’est pas possible de diagnostiquer soi-même une intolérance au lactose. Tenter de s’auto-diagnostiquer est contre-productif et peut avoir un impact négatif sur l’état nutritionnel.

Renouez avec le yaourt

Bien que l’intolérance au lactose soit une incapacité à digérer le lactose présent dans les produits laitiers, je constate que la plupart de mes patients peuvent en consommer en petites quantités sans ressentir de symptômes. Cela varie d’une personne à l’autre. Certaines peuvent se contenter d’un verre de lait par jour alors que d’autres ne tolèrent que le lait dans le thé. Les fromages à pâte dure comme le cheddar sont généralement bien tolérés. Quant au yaourt, la plus grande surprise pour ces patients est qu’ils peuvent continuer d’en consommer.

En fait, je les encourage positivement à prendre du yaourt en leur expliquant que le lactose contenu dans le yaourt est digéré plus efficacement que toute autre source de produits laitiers. J’explique que des bactéries vivantes présentes dans le yaourt produisent leur propre lactase, ce qui aide à décomposer une partie du lactose contenu dans le yaourt. Ainsi, je constate que leurs symptômes s’améliorent avec l’inclusion de yaourt dans un régime pauvre en lactose, et qu’ils apprécient généralement de pouvoir à nouveau manger du yaourt.

Le kéfir est un produit laitier fermenté qui est fabriqué à partir de différents types de lait (vache, chèvre et bufflonne). Il a été rapporté que la composition nutritionnelle du kéfir pourrait être responsable de nombreux effets positifs : antibactérien et immunologique, et qu’il peut être consommé par des personnes ayant une intolérance au lactose. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour prouver ces effets sur la santé.

Un autre lait fermenté populaire est le Skyr, qui provient du régime alimentaire islandais. Comme le yaourt classique, il est fabriqué à partir de Streptococcus thermophilus et de Lactobacillus bulgaricus. Le Skyr est pauvre en lactose car 90 % est transformé pendant la fermentation ou éliminé par égouttage.

Conseils pratiques pour l’intolérance au lactose et la maldigestion du lactose en 8 points

  1. La suppression des produits laitiers n’est pas toujours utile et peut entraîner une réduction des apports en calcium et en iode.
  2. La plupart des personnes souffrant d’une intolérance au lactose ou d’une maldigestion du lactose peuvent généralement tolérer jusqu’à 12 g de lactose (soit l’équivalent d’environ un verre de lait), lorsqu’elles en consomment à la fin d’un repas. Les autres aliments du repas contribuent à ralentir la digestion, ce qui peut atténuer les symptômes.
  3. Si l’introduction d’aliments laitiers dans votre alimentation vous rend nerveux, faites des expériences en ajoutant de petites quantités de lait et de yaourt aux aliments. Par exemple, ajoutez un peu de lait à la purée de pommes de terre ou du yaourt à la vinaigrette. Il vous sera peut-être plus facile de tolérer les aliments riches en matières grasses que les aliments pauvres en matières grasses.
  4. Dégustez jusqu’à deux pots de yaourt par jour. Ceci est basé sur l’affirmation de l’EFSA selon laquelle les cultures vivantes dans le yaourt améliorent la digestion du lactose dans le yaourt chez les personnes ayant une maldigestion du lactose.
  5. Vérifiez sur les étiquettes des aliments la présence de lactose, de lait, de lactosérum, de babeurre, de crème et de caillé et limitez les aliments qui vous causent des désagréments – vous constaterez peut-être que vous pouvez tolérer plus que vous ne le pensiez.
  6. Si vous suivez un régime alimentaire à base de plantes, vérifiez les étiquettes et choisissez des produits enrichis en calcium ainsi que du tofu calcique comme source de protéines régulière.
  7. Mangez d’autres aliments qui fournissent du calcium, par exemple du poisson à arêtes molles comestibles, comme du saumon ou des sardines en conserve, des haricots secs, des fruits secs tels que des figues et des abricots, du brocoli, du chou frisé, des épinards, des oranges et des amandes.
  8. Prenez un complement de vitamine D surtout pendant les mois d’hiver, lorsque le corps est moins exposé aux rayons UVB du soleil.

Évitez l’automédication, faites-vous diagnostiquer

Beaucoup de mes patients constatent qu’ils souffrent d’un certain niveau d’inconfort digestif après les repas et supposent parfois à tort une intolérance au lactose. Ils évitent alors le lait, le fromage et le yaourt ainsi que tous les aliments qui en contiennent. Il s’agit là d’une double préoccupation. D’une part, ils n’ont pas été diagnostiqués à l’aide du test respiratoire à l’hydrogène et, d’autre part, en évitant les produits laitiers sans les remplacer par des aliments qui fournissent également du calcium, des protéines et de l’iode, ils pourraient se priver de nutriments essentiels. Un apport insuffisant de ces nutriments peut augmenter le risque de problèmes de santé chroniques, notamment l’ostéoporose et la diminution de la santé osseuse.

Ces habitudes sont souvent influencées par les pairs ou les médias sociaux, et j’ai pour objectif de leur permettre de toujours tenir compte des références de toute personne donnant des conseils diététiques. Vous ne demanderiez pas à un mécanicien automobile de vous donner des conseils sur vos problèmes dentaires, alors demandez conseil à un diététicien qualifié agréé ou à un nutritionniste agréé pour vos conseils en matière de nutrition.

Conclusion

L’intolérance au lactose est un sujet de discussion important car éviter le lait et le yaourt peut compromettre l’apport en nutriments essentiels. De plus, il s’agit souvent d’un état perçu plutôt que diagnostiqué. Je désespère lorsque de jeunes adolescentes pensent qu’elles doivent éviter les produits laitiers afin d’avoir un ventre plat. Pourtant, c’est une période où elles sont en train de renforcer leurs os, et où le calcium et la vitamine D ainsi que d’autres nutriments sont particulièrement importants. Plus d’efforts et de créativité sont nécessaires pour éloigner les gens de certaines modes, comme celle qui consiste à essayer un régime sans produits laitiers sans diagnostic.

Les personnes ayant une véritable intolérance au lactose peuvent consommer jusqu’à deux pots de yaourt par jour, car les bactéries vivantes améliorent la digestion du lactose. Renouez avec le yaourt !

Azmina Govindji - ITW for YINI - lactose intoleranceAzmina Govindji RD, fondatrice d’Azmina Nutrition, est une diététicienne primée, nutritionniste consultante, conférencière internationale et auteur de best-sellers. Elle est porte-parole de la British Dietetic Association et est régulièrement citée dans la presse nationale.

Ses apparitions à la télévision comprennent Sky, BBC et ITV news, This Morning, Victoria Derbyshire show, the One Show, Inside the Factory et Food Unwrapped. Elle a écrit plus d’une douzaine de livres et est spécialisée dans le diabète, la gestion du poids et l’alimentation à base de plantes. Azmina est co-fondatrice des chats professionnels primés de RDUK. Elle a été diététicienne en chef de Diabetes UK pendant huit ans et dirige maintenant sa propre société de conseil travaillant avec l’industrie alimentaire et les médias afin de s’assurer que les messages nutritionnels sont précis et fondés sur des preuves. Azmina est membre du comité de rédaction du Yogurt in Nutrition Digests. En tant que diététicienne, elle est réglementée par le Health and Care Professions Council britannique et est liée par un code de conduite strict. Derrière cet aspect professionnel se cache l’attitude terre à terre d’Azmina. C’est une mère de deux enfants très occupée, dotée d’une personnalité dynamique, qui sait trouver des moyens réalistes afin d’aider les gens à mieux manger et à adopter un mode de vie plus sain.

04 Mai 2020
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Publications Santé de la planète

Manger pour protéger la santé et la planète: Qu’est-ce qui doit changer dans la production alimentaire?

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Rejoignez nous pour explorer les découvertes et débats scientifiques qui soutiennent notre transition vers une alimentation plus durable pour tous.

Dans ce troisième post de la série sur l’alimentation durable, nous nous concentrons sur la production alimentaire et sur les mesures nécessaires pour la transformer afin qu’elle subvienne aux besoins d’une population mondiale croissante tout en protégeant à la fois notre santé et notre environnement.

Qu’est-ce qui doit changer dans la production alimentaire pour nous aider à parvenir à une alimentation durable?

Nourrir la population mondiale en croissance nécessitera des changements importants dans la façon dont nous produisons nos aliments, notamment en raison des contraintes imposées par le changement climatique.

La reconnaissance de cette nécessité incite à des recherches novatrices ouvrant la voie à une transformation de la production alimentaire. Celle-ci permettra non seulement de nourrir la population mondiale croissante mais constituera également une opportunité majeure d’améliorer la santé humaine.

Dans le même temps, les nouvelles approches du système de production alimentaire durable doivent nous placer sur une bonne voie pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de 2015 qui visent à freiner le changement climatique en limitant le réchauffement mondial à moins de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels et en limitant l’augmentation à 1,5°C.

Pour atteindre cet objectif climatique, notre agriculture mondiale doit passer d’un producteur de gaz à effet de serre majeur à un producteur qui capte les gaz à effet de serre en faisant office de puits pour les émissions de carbone, de la même façon que nos forêts soulagent la pression sur l’environnement en piégeant et en stockant le gaz carbonique.

Notre système alimentaire doit également réaliser la transformation urgente nécessaire pour conserver et utiliser la nature de façon durable, en stoppant le déclin alarmant de la biodiversité mondiale, qui a un impact profond sur la population mondiale, comme le souligne un rapport international de référence publié en 2019.1

Avec ces objectifs, les scientifiques tentent de concevoir une agriculture efficace et éco-responsable qui réduit les conséquences sur nos ressources limitées en terre et en eau tout en assurant la couverture de nos besoins nutritionnels et de santé croissants. Ils ont apporté des éclairages importants pour trouver la meilleure voie.

« L’agriculture est confrontée à un double défi majeur, nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse et toujours plus aisée tout en réduisant dans le même temps son impact environnemental négatif. » – Karlsson et al, 20182

Quels sont les défis à relever dans la production alimentaire ?

Le défi majeur consiste à trouver un équilibre entre la couverture des besoins nutritionnels croissants pour les 10 milliards d’habitants de la Terre à l’horizon 2050 et l’impact environnemental de notre production alimentaire, actuellement tout à fait négatif.

L’agriculture peut perturber l’environnement car elle s’étend à d’autres écosystèmes, détruisant les habitats naturels d’espèces sauvages avec des effets néfastes sur la biodiversité, une dégradation des sols et une réduction des stocks de carbone, lors du défrichage et du brûlage des forêts, par exemple. À mesure que l’agriculture s’intensifie, elle consomme davantage d’énergie, d’eau et de produits chimiques tels que les engrais, les pesticides et les herbicides, entraînant une pollution de l’eau.3

En raison de ces activités humaines, plus d’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction, nombre d’entre elles au cours des prochaines décennies, à un rythme jamais connu auparavant dans l’histoire humaine.1 Ces espèces constituent les écosystèmes dont les populations mondiales dépendent pour leur nourriture et pour leur vie.

Qu’est-ce qui doit changer pour parvenir à une production alimentaire plus durable ?

Les principaux changements nécessaires pour améliorer l’empreinte environnementale de notre production alimentaire sont résumées par la commission EAT-Lancet ainsi que par la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les écosystèmes et par d’autres études scientifiques récentes visant à identifier les régimes alimentaires sains et la production alimentaire durable.1,4

À titre d’exemple, la commission EAT-Lancet considère que notre production alimentaire devrait :4

  • Ne pas utiliser plus de terres qu’elle ne le fait actuellement,
  • Préserver la biodiversité existante,
  • Réduire l’utilisation de l’eau et gérer l’eau de manière responsable
  • Réduire substantiellement la pollution à l’azote et au phosphore (provenant de l’utilisation d’engrais),
  • Générer zéro émission de dioxyde de carbone,
  • Ne causer aucune augmentation supplémentaire des émissions de méthane et de protoxyde d’azote.

Une étape clé sera de nourrir la population mondiale grâce aux seules terres agricoles existantes, recommande la commission EAT-Lancet. Cela signifie de stopper l’expansion des terres agricoles de telle sort qu’elle cesse de détruire les forêts et d’autres écosystèmes naturels. En plus de limiter l’utilisation des pesticides, la préservation de ces environnements naturels est essentielle pour maintenir la biodiversité déclinante de notre planète.1

Les océans doivent également être gérés afin de s’assurer qu’il y aura suffisamment de poissons dans la mer pour nourrir les générations futures, indique la commission EAT-Lancet.4

L’agriculture doit utiliser les terres plus efficacement, avec une meilleure utilisation des engrais et de l’eau. Actuellement, selon le Fonds mondial pour la nature (World Wide Fund for Nature, WWF), 70 % de l’eau douce disponible est utilisée pour l’irrigation agricole, ce qui a un impact majeur sur la disponibilité et la qualité de l’eau.5

Le rapport de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les écosystèmes recommande une approche intégrée pour résoudre les problèmes, préserver les écosystèmes et nous permettre de bénéficier durablement de la nature.1

Les programmes de conservation, la protection des bassins hydrographiques et les incitations et sanctions pour réduire la pollution font partie des mesures nécessaires pour promouvoir de meilleures pratiques agricoles et une meilleure utilisation des ressources. Selon le rapport, les communautés locales et les peuples indigènes ont un rôle clé à jouer dans ces mesures.

Près d’un tiers des aliments produits actuellement est jeté. La commission EAT-Lancet recommande aussi de diviser au moins par deux les pertes alimentaires, ce qui va nécessiter des changements majeurs dans le stockage, le transport, la transformation et le conditionnement des aliments (notamment dans les pays à faible revenu) ainsi que l’information des consommateurs, des détaillants et des restaurateurs sur la façon de réduire leurs déchets alimentaires (notamment dans les pays à revenu plus élevé).4

Comment équilibrer l’impact environnemental des aliments que nous produisons et leurs bénéfices nutritionnels ?

Pour qu’un système alimentaire soit durable, il doit prendre en compte l’ensemble des impacts: nutritionnel, de santé, socioéconomique et environnemental, quatre dimensions étroitement liées.

La commission EAT-Lancet recommande de réorienter les priorités agricoles de manière à ce que nous produisions non seulement suffisamment de calories pour nourrir une population croissante mais également suffisamment de diversité pour une nutrition saine. Nous aurons besoin d’une diversité d’aliments à haute valeur nutritionnelle plutôt que de grandes quantités de quelques cultures seulement.4

« L’agriculture, la pêche et la pisciculture doivent non seulement produire suffisamment de calories pour nourrir une population mondiale croissante, mais aussi produire une diversité d’aliments qui favorisent la santé humaine et soutiennent la durabilité de l’environnement. » – EAT-Lancet, 20194

Les recommandations de la commission EAT-Lancet soulèvent des dilemmes et des controverses, concernant notamment l’élevage. La viande est associée à des émissions de gaz à effet de serre élevées et à l’utilisation de grandes quantités de terres, d’eau et d’engrais. Cela ne concerne pas uniquement les animaux eux-mêmes, mais aussi les aliments dont ils ont besoin. En Europe, par exemple, 58 % des céréales disponibles et 67 % des récoltes de protéines et d’oléagineux sont utilisées pour nourrir le bétail.6 Cependant, des études françaises ont mis en évidence que plus de 80% des protéines végétales consommées par les animaux ne sont pas consommables par l’Homme.

Mais de nombreux individus dans le monde, notamment les petits exploitants agricoles des pays à faible revenu, dépendent du bétail pour leur subsistance et en tant que source vitale de nutriments qu’ils auraient autrement du mal à se procurer via leur alimentation.

La production laitière, en particulier, est considérée comme un puissant moyen pour réduire la pauvreté rurale, notamment dans les pays à faible revenu.7 En conservant leurs vaches laitières, les populations, à travers le monde, peuvent bénéficier de la richesse en nutriments des produits laitiers et donc satisfaire leurs besoins nutritionnels plus aisément que si elles dépendaient uniquement de leurs cultures végétales.

La production animale doit clairement être considérée en fonction du contexte spécifique. Des études ont suggéré que le bétail, produit d’une façon durable et consommé en quantités raisonnables, peut procurer des bénéfices nutritionnels, écologiques et économiques. Ces études suggèrent qu’une production animale durable peut être obtenue en utilisant les pâturages qui ne le seraient pas pour la production agricole et en nourrissant les vaches avec les résidus de culture.

Comment une agriculture durable pourrait-elle fonctionner en pratique ?

Le rapport de la commission EAT-Lancet fournit des recommandations mondiales orientant vers une production alimentaire durable. Dans la pratique, cependant, les études suggèrent qu’une production alimentaire durable devrait différer d’une région à l’autre, reflétant le climat local, la géographie, la culture et l’économie.

Les scientifiques explorent les options, développant des modèles d’agriculture régénératrice qui préservent et renouvellent nos ressources tout en procurant un accès sûr et fiable à des aliments sains pour tous. Leur but est d’ouvrir la voie aux décideurs politiques et aux scientifiques pour qu’ils prennent des décisions éclairées afin de guider l’agriculture vers l’avenir.

Parmi ces études novatrices, on trouve un projet appelé Dix ans pour l’agroécologie en Europe (Ten Years for Agroecology in Europe, TYFA).6 Ce projet a modélisé une option possible pour un scénario d’agriculture écoresponsable pour l’Europe en 2050 et l’a comparé au système alimentaire européen d’aujourd’hui.

Le scénario TYFA abandonne les pesticides et les engrais de synthèse, arrête les importations massives d’aliments pour animaux (tels que le soja), re-déploie les prairies naturelles et étend l’utilisation de haies, d’arbres et de mares. Dans le même temps, le modèle suppose que les individus adoptent des alimentations saines, avec moins de produits d’origine animale et plus de fruits et légumes. Il autorise de gros volumes pour les animaux au pré, mais limite les porcs et les volailles qui sont principalement nourris avec des aliments importés. De ce fait, le régime alimentaire TYFA contient encore 100 g/jour de viande et l’équivalent de 300 g/jour de lait sous forme de produits laitiers.

Ce type d’agriculture écologique a tendance à être moins productive que les techniques agricoles actuelles en Europe.  Elle est donc habituellement considérée comme incompatible avec une production suffisante pour nourrir la population mais prend néanmoins en compte le changement climatique.

Ce modèle a montré que, malgré une chute de 35 % de la production par rapport à 2010, il permettrait de :

  • Répondre aux besoins alimentaires des Européens, tout en maintenant la capacité à exporter des céréales, des produits laitiers et du vin,
  • Diminuer les émissions de gaz à effet de serre agricoles de 45 %,
  • Contribuer à rétablir la biodiversité et à protéger les ressources naturelles.

Une autre étude a modélisé un scénario de système alimentaire durable pour la Norvège, la Suède, le Danemark et la Finlande.2 Issu d’un processus consultatif impliquant cinq organisations non gouvernementales (ONG) environnementales locales, le Future Food Vision for the Nordics est basé sur l’agriculture organique et la production alimentaire locale. Pour limiter la compétition directe entre aliments pour animaux et nourriture pour l’Homme, les animaux sont exclusivement nourris avec des résidus agricoles, sous-produits de la production alimentaire, pâturages et mélanges de graminées et de trèfles.

Dans le modèle, la consommation de viande, notamment de viande provenant d’animaux non ruminants, est réduite de 81 % par rapport à la consommation actuelle dans les pays scandinaves, mais la consommation de produits laitiers reste à peu près la même qu’actuellement. Les chercheurs ont estimé que 37 millions de personnes pourraient être approvisionnées si l’on utilisait ce scénario agricole, beaucoup plus que la population actuelle de 26 millions. Il entraînerait des émissions de gaz à effet de serre de seulement 0,48 tCO2e (tonnes d’équivalent dioxyde de carbone, une mesure qui permet la comparaison des émissions d’autres gaz à effet de serre par rapport à une unité de dioxyde de carbone) par régime alimentaire et par an.

Sources :
  1. Diaz S, Settele J, Brondizio E, et al. Summary for policymakers of the global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services. 2019.
  2. Karlsson JO, Carlsson G & Lindberg M, et al. Designing a future food vision for the Nordics through a participatory modeling approach. Agronomy for Sustainable Development. 2018;38:59.
  3. Foley JA, Ramankutty N, Brauman KA, et al. Solutions for a cultivated planet. Nature. 2011;478(7369):337-42.
  4. Willett W, Rockström J, Loken B, et al. EAT-Lancet Commission Summary report: Food in the anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019;393(10170):447-492.
  5. WWF (UK). Eating for two degrees. 2017.
  6. Poux X, Aubert PM: IDDRI. An agroecological Europe: a desirable, credible option to address food and environmental challenges. 2018.
  7. Food and Agriculture Organization of the United Nations. Dairy development’s impact on poverty reduction. 2018.
27 Avr 2020
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Alimentation saine et équilibrée Publications Santé de la planète

Que signifierait adopter une alimentation plus durable ?

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Les scientifiques réalisent des avancées majeures pour comprendre les liens entre notre alimentation, notre santé et notre environnement. Nous vous proposons un aperçu de ces développements majeurs et du débat scientifique qui les accompagne. Dans le deuxième volet de cette série explorant comment notre alimentation peut contribuer à notre santé et à celle de la planète, nous examinons ce qu’impliquerait le passage à une alimentation durable et les effets bénéfiques que cette transition pourraient avoir sur nous et sur tous les habitants de la Planète.

Si vous envisagez de vous associer à la révolution de l’alimentation durable ou bien si vous voulez tout simplement comprendre l’emballement autour de cette question, lisez ce qui suit …

Que signifierait une alimentation plus durable pour chacun de nous ?

L’impact environnemental des aliments que nous consommons varie fortement selon leurs modes de production, de transformation, de transport, de conservation et comment ils peuvent être finalement jetés (déchets alimentaires). Nous pouvons faire un grand pas vers la diminution de notre impact environnemental, comme la limitation des émissions de gaz à effet de serre, généré par notre système alimentaire si nous opérons tous un changement dans notre alimentation quotidienne.1

C’est pourquoi de plus en plus d’individus dans le monde remettent en cause les systèmes et régimes alimentaires actuels et s’engagent dans de nouvelles voies qui intègrent une approche durable. Ils adoptent une alimentation plus respectueuse de l’environnement, consommant plus de produits d’origine végétale et moins de viande, achetant des produits de saison ou locaux – ou produisant leur propre nourriture.

Comment rendre notre alimentation plus durable ?

Nous ne disposons pas encore de toutes les réponses. Le passage à une alimentation durable n’est pas aussi simple qu’il y paraît. En effet, l’impact environnemental de notre système alimentaire doit être mis en balance avec la nécessité pour nous de consommer une alimentation saine qui nous apporte tous les nutriments dont nous avons besoin. L’économie et la société sont également des pièces essentielles dans le puzzle de la durabilité. La conciliation des exigences de ces divers facteurs constitue un véritable défi nécessitant quelques ; les bienfaits pour la santé peuvent avoir un coût pour l’environnement.

La question « que faut-il manger de préférence ? » laisse les experts du monde entier perplexes et la « chasse » est ouverte pour trouver les alimentations les plus durables. Plusieurs études novatrices ont déjà contribué à montrer la voie d’un « nouveau départ » vers des habitudes alimentaires qui pourraient être bénéfiques pour notre santé et pour notre planète.2-6 Grâce à ces études, nous savons qu’il existe des mesures que nous pouvons prendre dès maintenant pour aller dans ce sens en modifiant et en améliorant notre alimentation quotidienne.

Et voici ce que les preuves nous disent aujourd’hui…

Mangeons-nous trop ?

La suralimentation – une pratique courante dans le monde occidental – est mauvaise à la fois pour l’environnement et pour la santé. Donc, une première façon simple de réduire l’empreinte environnementale de l’alimentation humaine dans les pays occidentaux serait d’ajuster nos apports alimentaires et énergétiques aux niveaux recommandés (2 000 à 2 500 kcal/jour). Les recherches ont montré que les personnes qui mangent trop peuvent réduire de manière considérable leurs émissions de carbone en diminuant leur apport calorique à des niveaux raisonnables.7

La diminution du surpoids dans la population pourrait également réduire les coûts liés aux soins médicaux nécessaires pour traiter les complications de la surcharge pondérale et de l’obésité – le diabète de type 2, par exemple.

Diminuer la consommation de produits d’origine animale ?

Plusieurs études ont examiné l’impact environnemental de divers régimes alimentaires. La conclusion générale est que les régimes alimentaires plus riches en aliments d’origine végétale et plus pauvres en produits d’origine animale sont meilleurs pour l’environnement et pour notre santé.

De ce fait, la commission EAT-Lancet recommande qu’à l’échelle mondiale, les personnes consomment plus de fruits, de légumes, de légumineuses et de fruits à coque et moins de viande rouge et de sucres ajoutés.6 D’autres études de modélisation alimentaire ont suggéré que la consommation de produits d’origine animale soit adaptée aux situations locales (voir ci-dessous).

La réduction de la consommation de viande rouge et de sucre s’applique particulièrement aux pays les plus riches où les gens ont tendance à les surconsommer. Dans d’autres parties du monde, les individus ont des besoins alimentaires très différents.

« Le passage à une alimentation saine d’ici 2050 nécessitera des changements alimentaires substantiels. La consommation mondiale de fruits, légumes, fruits à coque et légumineuses devra doubler et la consommation d’aliments comme la viande rouge et le sucre devra être réduite de plus de 50 %. » – EAT-Lancet, 20196

Où que vous viviez dans le monde, l’adoption de systèmes alimentaires durables est un véritable dilemme, afin de concilier l’impact environnemental, la nutrition et la santé.

Les produits d’origine animale sont responsables de la majorité des émissions climatiques liées à l’alimentation.8 Parmi eux, la viande rouge telle que le bœuf semble faire peser le fardeau le plus lourd sur l’environnement.7 En revanche, les produits laitiers, comme le lait, ont un impact environnement 5 fois plus faible comme cela est démontré en termes d’émissions de gaz à effet de serre et d’utilisation des terres nécessaires). La viande de bœuf (par g de protéines).9

Une étude conduite aux Pays-Bas a trouvé que chaque foyer produit 5,6 tonnes d’émissions de carbone chaque année, dont 1,8 tonnes proviennent de la viande et du poisson et 1,1 tonne des produits laitiers et des œufs contre 0,5 tonne provenant des fruits et légumes.7

Le quart de la masse de la Terre, hors Antarctique, est utilisé comme pâturages et même si une partie de la production bovine utilise des pâturages originaux, l’augmentation de la production bovine repose désormais sur la déforestation.9

L’élevage, et notamment l’élevage laitier, est un facteur majeur de résilience des moyens de subsistance à travers le monde.10 Par ailleurs, la valeur nutritionnelle de ces aliments doit être prise en compte.11 L’EAT-Lancet souligne que, notamment pour les personnes qui vivent dans des pays plus pauvres, la viande, le poisson et les produits laitiers sont des sources vitales de certains minéraux et vitamines qu’elles ne peuvent pas se procurer aussi facilement à partir de régimes alimentaires d’origine végétale.6

Les études de modélisation trouvent plus facile de répondre aux besoins nutritionnels de la population en maintenant les produits laitiers dans l’alimentation qu’en comptant uniquement sur les aliments d’origine végétale. Les recherches s’efforcent de déterminer si, dans certains lieux, le coût environnemental de l’élevage est compensé par sa valeur nutritionnelle plus élevée et la façon dont on pourrait améliorer l’efficience de la production animale tout en réduisant son impact sur l’environnement.

Donc, si l’EAT-Lancet formule des recommandations à l’échelle mondiale, il semble qu’une approche mondiale globale ne s’applique pas dès lors qu’il est question d’une alimentation durable. D’autres études ont modélisé des alimentations durables en fonction de la production alimentaire locale ou régionale. La plupart des études conduites à ce jour s’accordent sur la nécessité de passer à des alimentations davantage d’origine végétale. Cependant, elles divergent sur la composition de ces alimentations, sur la quantité de la viande ou des produits laitiers qu’elles doivent contenir et sur le type de viande qui devrait être privilégié, car tous ces ajustements peuvent dépendre de situations locales.

Par exemple, l’EAT-Lancet recommande de maintenir la consommation de produits laitiers à moins de 250 ml soit une portion/jour de lait en moyenne (avec une fourchette de 0 à 500 ml/jour).6 Certaines études majeures ayant modélisé des alimentations durables sur la base d’une production animale plus respectueuse de l’environnement ont suggéré des régimes alimentaires avec un apport plus élevé de produits laitiers – jusqu’à 480 ml/jour de lait.2-5 Ces régimes alimentaires permettent aux consommateurs de tirer plus de bénéfice des nutriments fournis par les produits laitiers.

Si les régimes alimentaires d’origine animale et les régimes alimentaires végétariens ont tous deux leurs inconvénients, quelle est l’alternative ?

Les régimes alimentaires végétarien (pas de viandes) et végan (pas de produits d’origine animale) ne sont pas les seules et uniques alternatives. Il en existe d’autres, comme le régime alimentaire pesco-végétarien (qui remplace la viande par le poisson), mais le régime alimentaire durable qui semble séduire la majorité d’entre nous est le régime alimentaire flexitarien. Également connu sous le nom de semi-végétarien, le régime alimentaire flexitarien contient plus d’aliments d’origine végétale que ce que consomme aujourd’hui la plupart des personnes dans les pays occidentaux mais il contient également de petites quantités de viande. Il pourrait donc permettre une évolution plus souple et plus diversifiée pour les non-végétariens car il est moins restrictif concernant nos choix alimentaires et n’exclut aucun type d’aliment. Il peut également être adapté aux préférences socio-culturelles et personnelles tout en répondant aux besoins nutritionnels et environnementaux. Il constitue ainsi une façon pratique et réaliste pour que chacun d’entre nous puisse contribuer à une vraie différence d’impact sur l’environnement

Mais attention ! Lorsque vous choisissez vos fruits, fruits à coque et légumes, n’oubliez pas que les options plus exotiques sont, pour la plupart importées, générant des gaz à effet de serre pour le transport et la distribution.7 Ainsi, une banane importée en Europe depuis l’Amérique du Sud a une empreinte carbone nettement plus forte qu’une pomme cultivée localement. Selon les observations d’une étude de modélisation., le passage à davantage d’aliments d’origine végétale ne réduit pas automatiquement l’empreinte carbone, il peut même l’augmenter, 7

Le choix de fruits et de légumes de saison est également important pour diminuer les gaz à effet de serre résultant du transport et de la distribution. Donc, si vous vivez dans le nord de l’Europe, cela veut dire : pas de tomates en hiver !

Il ne s’agit pas que des gaz à effet de serre. Un autre danger masqué qui peut vous faire trébucher sur votre voie vers la durabilité est l’utilisation inattendue de ressources naturelles. Par exemple, les fruits à coque sont largement recommandés par l’EAT-Lancet et d’autres études de modélisation alimentaire, mais certains fruits à coque peuvent avoir aussi leur face sombre. On estime que pour qu’un amandier produise une amande, il doit consommer près de 4 litres d’eau !12

« Le principe de durabilité visant à consommer moins de produits d’origine animale et plus de produits d’origine végétale ne se traduit pas automatiquement par une alimentation plus respectueuse de l’environnement. » – van Est L et al, 20177

Les régimes alimentaires bons pour la planète, sont-ils également bons pour notre santé ?

Il a été démontré que les régimes alimentaires riches en aliments d’origine végétale et pauvres en viande ont un impact environnemental plus faible et cela coïncide aussi généralement avec les conseils des experts en santé.

La commission EAT-Lancet a estimé que le passage des régimes alimentaires actuels à des régimes riches en produits d’origine végétale devrait se traduire par des bienfaits majeurs pour la santé.6

Par conséquent, dans l’ensemble, changer ce que nous mangeons et la quantité de ce que nous mangeons est une opportunité gagnante-gagnante d’améliorer à la fois notre santé et celle de la planète.

Les scientifiques doivent encore se prononcer de manière précise sur ce qui constitue une alimentation et un système de production alimentaire durables sains mais, d’un point de vue nutritionnel, il semble raisonnable de dire que le régime alimentaire flexitarien devrait avoir certains avantages sur les régimes alimentaires végan et végétarien.

Cela s’explique par le fait que les humains sont omnivores et que, par conséquent, les végans et les végétariens doivent compenser les nutriments que leur procureraient la consommation de produits d’origine animale. Ces régimes alimentaires, sans suivi médical, peuvent engendrer certaines carences nutritionnelles et des problèmes de santé, notamment pour les groupes qui ont des besoins nutritionnels spécifiques, tel que les jeunes enfants, les adolescents, les femmes enceintes, les personnes âgées ou les personnes souffrant de maladies chroniques spécifiques.

Donc, si vous suivez un régime végan, vous avez plus de chance que d’autres d’avoir un impact plus faible sur l’environnement, mais vous avez également plus de probabilité de devoir prendre des compléments nutritionnels spécifiques. On ne connaît pas bien l’empreinte environnementale de ces compléments, qui pourraient générer des émissions de carbone au travers de leur extraction, de leur production et de leur conditionnement.

Dans un régime alimentaire flexitarien, la quantité importante d’aliments d’origine végétale ainsi que la faible quantité de sucres et de viandes assurent généralement une nutrition saine et complète.

« Si une personne décide de ne pas manger certains produits d’origine animale en raison de préoccupations environnementales, elle doit s’assurer que sa nouvelle alimentation diminue malgré tout son empreinte environnementale. » van Est L. et al, 20177

L’approche ne peut pas être une approche de type « taille ou modèle unique » lorsqu’il s’agit de déterminer ce qui constitue la meilleure alimentation dans le monde. Dans certains pays, les alimentations saines et durables doivent avant tout réduire la faim et la sous-nutrition tandis que dans d’autres pays, elles doivent prendre en compte le risque d’obésité et des maladies chroniques associées. Ces questions rendent encore plus compliqué pour les experts de prédire quel sera l’impact des changements de notre alimentation sur notre santé.

Dans une étude de modélisation alimentaire dans laquelle certains ou tous les aliments d’origine animale ont été remplacés par des aliments d’origine végétale, la nouvelle alimentation a été particulièrement efficace dans les pays à revenu élevé pour améliorer les taux de nutriments. Dans ces pays, elle a également été associée à des réductions des décès prématurés de près de 12 % et elle a diminué les émissions de gaz à effet de serre de près de 84 %.13 Mais elle a semblé avoir peu d’effets dans les pays avec une consommation faible ou modérée d’aliments d’origine animale, généralement les pays qui ont un faible niveau de revenu.

Le yaourt et les produits laitiers ont-ils leur place dans une alimentation durable ?

Les produits laitiers – tels que le lait, le yaourt et le fromage – peuvent jouer un rôle important dans des alimentations durables.

Non seulement un produit laitier est un aliment riche en nutriments, mais il a aussi une empreinte environnementale plus faible que la viande de bœuf. De nombreuses études sur les alimentations durables intègrent les produits laitiers 2-5,13 en raison de leur densité nutritionnelle, du rôle que les ruminants peuvent jouer dans l’utilisation de la biomasse herbacée et du rôle que les produits laitiers jouent dans de nombreuses alimentations actuelles.14-16

En plus de leurs protéines de haute qualité, les produits laitiers contiennent de grandes quantités de calcium, d’iode, de magnésium et de vitamines telles que les vitamines B2 et B12. Le contenu en nutriments des produits laitiers en fait un contributeur essentiel à la couverture des besoins nutritionnels. Il n’est donc pas étonnant que leur consommation quotidienne figure dans quasiment toutes les recommandations alimentaires pour avoir une alimentation saine.

Il est également régulièrement démontré que la consommation de produits laitiers est bénéfique pour la santé.

Parmi les produits laitiers, le yaourt et les autres laits fermentés ont au-delà de leur valeur nutritionnelle, et ont des effets bénéfiques pour la santé, La consommation régulière de yaourt améliore la qualité de l’alimentation, et des apports nutritionnels. Elle contribue à une amélioration du poids et à une réduction du risque de développer plusieurs maladies chroniques telles que le diabète de type 2 et ou les maladies cardiovasculaires.17 Les micro-organismes bactériens probiotiques présents dans les yaourts contribuent à d’autres bienfaits, comme l’amélioration des fonctions digestives. Ces bactéries vivantes, présentes dans le yaourt, facilitent la digestion chez les personnes présentant une intolérance au lactose.

Quel serait l’effet sur l’environnement de l’exclusion des produits laitiers de l’alimentation ?

La valeur nutritionnelle élevée des produits laitiers explique pourquoi ces produits ont tendance à être inclus dans les modèles d’alimentation durable. Leur exclusion de l’alimentation créerait un manque de nutriments difficile à compenser.

C’est ce qu’a montré une étude de modélisation qui a examiné l’effet de l’exclusion de groupes entiers d’aliments d’origine animale de l’alimentation, le modèle calculant une alimentation alternative qui satisferait à toutes les exigences nutritionnelles.7

Les résultats ont révélé que l’éviction de tous les produits laitiers modifie à peine l’empreinte environnementale alors que, selon ce modèle, l’éviction de la viande diminue d’un quart les émissions de carbone.

Comme l’ont expliqué les chercheurs, pour obtenir une quantité de nutriments équivalente à celle apportée par les produits laitiers, il faudrait consommer beaucoup plus de fruits et de légumes avant d’atteindre les quantités quotidiennes recommandées et des quantités astronomiques d’épinards pour remplacer le calcium, ce qui en fait une alternative irréaliste. Lorsque vous ajoutez les effets environnementaux des substitutions, vous obtenez plus ou moins le même effet environnemental que si vous vous en teniez à vos produits laitiers.

Qu’en est-il des « yaourts » végétaux ?

Les produits d’origine végétale supplémentés tels que les boissons au soja et les yaourts alternatifs peuvent compléter ou remplacer les produits laitiers, avec même un impact environnemental encore plus faible. L’empreinte carbone des protéines issues des boissons au soja est environ 3 fois plus faible que celle du lait tout en nécessitant 10 fois moins de terre.9,18 En revanche, les recherches montrent que les substituts du lait d’origine végétale ne peuvent pas égaler les produits à base de lait de vache en termes de valeur nutritionnelle. Par exemple, si les substituts du lait d’origine végétale supplémentés en calcium peuvent contenir des quantités de calcium similaires à celles du lait de vache, nous pourrions ne pas pouvoir absorber le calcium provenant des laits végétaux aussi facilement que le calcium présent naturellement dans le lait de vache.19 Cette question mérite des études complémentaires.

En résumé – que nous disent aujourd’hui les preuves ?

Les recherches s’efforcent d’identifier les régimes alimentaires qui satisfont à toutes les exigences de durabilité, pour limiter l’impact environnemental tout en couvrant nos besoins nutritionnels. Ces régimes intègrent des nutriments pour une croissance saine et des os solides chez les enfants et pour la prévention des maladies non transmissibles. En attendant que les scientifiques trouvent les réponses, il y a certaines mesures que vous pouvez prendre dès maintenant pour soutenir votre santé et la planète :

  1. Mangez des quantités adaptées à vos besoins
  2. Mangez plus de fruits, de fruits à coque et de graines ainsi que de légumes
  3. Mangez une quantité limitée de viande rouge telle que le bœuf (si vous vivez dans un pays occidentalisé)
  4. Mangez moins d’aliments transformés, notamment la viande transformée
  5. Limitez les aliments avec des sucres ajoutés et évitez ceux qui sont des « calories vides » (comme les sodas, les sucreries)
  6. Consommez plus d’aliments de saison et produits localement.

Sources:
  1. Perignon M, Masset G, Ferrari G, et al. How low can dietary greenhouse gas emissions be reduced without impairing nutritional adequacy, affordability and acceptability of the diet? A modelling study to guide sustainable food choices. Public Health Nutr. 2016Oct;19(14):2662-74.
  2. WWF France. Towards a low carbon, healthy and affordable diet. 2018
  3. WWF (UK). Eating for two degrees. 2017
  4. Poux X, Aubert PM: IDDRI. An agroecological Europe: a desirable, credible option to address food and environmental challenges. 2018
  5. Karlsson JO, Carlsson G & Lindberg M, et al. Designing a future food vision for the Nordics through a participatory modeling approach. Agronomy for Sustainable Development. 2018;38:59
  6. Willett W, Rockström J, Loken B, et al. EAT-Lancet Commission Summary report: Food in the anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019;393(10170):447-492
  7. van Est L, Blom L, Peters S. Decreasing the environmental footprint of our diet – wrong paradigm? ‘Less animal more plant-based’. Translation from: Voeding Magazine. 2017:p15-22.
  8. Food and Agriculture Organization of the United Nations. Dairy Development’s Impact on Poverty Reduction. 2018
  9. World Resources Institute. Ranganathan J, Vennard D, Waite R et al. Working paper: Shifting diets for a sustainable food future. 2016
  10. Food and Agriculture Organization of the United Nations. Dairy Development’s Impact on Poverty Reduction. 2018
  11. Drewnowski A; Ecosystem Inception Team. The Chicago Consensus on sustainable food systems science. Front Nutr. 2018 Apr 25;4:74.
  12. Mekonnen M M, Hoekstra AY. The green, blue and grey water footprint of crops and derived crop products. Hydrology and Earth System Sciences, 2011;15(5):1577-1600.
  13. Springmann M, Wiebe K, Mason-D’Croz D, et al. Health and nutritional aspects of sustainable diet strategies and their association with environmental impacts: The Lancet Planetary Health. 2018
  14. Food and Agriculture Organization of the United Nations. Dietary protein quality evaluation in human nutrition. 2011
  15. van Hooijdonk T, Hettinga K. Dairy in a sustainable diet: a question of balance. Nutrition reviews. 2015; 73(suppl_1):48-54
  16. Interview with Professor T van Hooijdonk
  17. Marette A, Picard-Deland E, Fernandez MA. Yogurt: roles in nutrition & impact on health. CRC press. CRC Press. 2017
  18. Poore J, Nemecek T. Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science 2018;360:987–992.
  19. Chalupa-Krebzdak S, Long CJ, Bohrer BM. Nutrient density and nutritional value of milk and plant-based milk alternatives. International Dairy Journal. 2018;87:84-92.
20 Avr 2020
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Interviews d'experts Santé intestinale

La science du microbiote intestinal à destination des diététiciens et experts en nutrition

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Compte-rendu du GMFH World Summit 2020 par Andrea Hardy.

La science relative au microbiote intestinal est en pleine expansion. Cette année, lors du Sommet Mondial Gut Microbiota for Health, les chercheurs ont échangé sur les dernières études et se sont interrogés sur la façon dont nous pouvions mettre à profit cette science au service de la santé.

Dès la naissance, le microbiote intestinal joue un rôle clé dans la formation du système immunitaire. De nouvelles recherches menées par Kathy McCoy et ses collègues commencent à mettre en lumière l’influence du microbiote maternel dans le développement du système immunitaire du nourrisson, avant même la naissance. Le microbiote intestinal sain commencerait avec la mère, et probablement avant la conception. Le Dr John Cryan s’est quant à lui intéressé au microbiote intestinal pendant l’adolescence, en démontrant son rôle important dans le développement neuronal et la santé mentale. Dans la continuité du cycle de vie, le laboratoire du Dr Paul O’Toole a étudié le rôle du microbiote intestinal dans le cadre d’un vieillissement en bonne santé. L’ensemble de ces données récentes soulignent à quel point la santé du microbiote intestinal est un élément clé à prendre en compte à toutes les étapes de la vie.

YINI - GMFH Summit - Microbiome as therapeutic target

Comment définir un microbiote intestinal « sain » ?

De plus en plus d’études montrent que le microbiote est un écosystème qui collabore pour nous maintenir en bonne santé, sans structure spécifiquement définie. Les chercheurs s’accordent à dire qu’une plus grande variété et richesse de bactéries est associée à de meilleurs effets sur la santé, notamment une réduction des risques de maladies chroniques. En effet, une faible diversité (d’espèces ou de gènes dans notre microbiote) serait corrélée aux maladies cardiovasculaires, auto-immunes, neurodégénératives et à l’obésité.

Comment pouvons-nous améliorer la richesse de notre microbiote intestinal ?

Le Dr Colin Hill, l’orateur principal de cette année, l’a parfaitement dit : « Vous obtenez le microbiote que vous méritez ». Autrement dit, il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire pour améliorer la richesse et la diversité de notre microbiote intestinal. Cela comprend une alimentation équilibrée, un sommeil adéquat, une gestion adaptée du stress, une activité physique régulière et une utilisation judicieuse des médicaments.

YINI GMFH Summit Fiber and microbiote

Quelle alimentation pour votre microbiote intestinal ?

Il semblerait qu’un changement de régime alimentaire ait des effets notables sur le microbiote intestinal.

Ainsi, Hana Kahleova et son équipe ont récemment étudié comment un régime exclusivement à base de végétaux peut influencer la composition et la fonction du microbiote intestinal, se traduisant par un bénéfice pour la santé des participants. Pendant 16 semaines, un groupe de participants a suivi un régime à base de végétaux, tandis que l’autre groupe a continué leur régime américain standard. Après l’expérience, l’équipe a constaté que les participants ayant suivi le régime à base de végétaux présentaient une diminution de poids et de graisse viscérale ainsi qu’une amélioration de la sensibilité à l’insuline, un ensemble de marqueurs importants dans la prévention des maladies chroniques.

Dans le laboratoire de Paul O’Toole, les chercheurs ont étudié l’impact d’un régime méditerranéen sur le microbiote intestinal et le vieillissement en bonne santé. Les participants ont été répartis de façon randomisée. Un groupe a reçu un régime méditerranéen pendant 12 mois tandis que l’autre groupe a continué à suivre un régime habituel. Chez les participants ayant suivi le régime méditerranéen, on a  constaté un changement positif du microbiote intestinal, une réduction des marqueurs inflammatoires, une amélioration de la fonction cognitive et une amélioration des scores de fragilité.

Le message clé d’Hana Kahleova est de « bien nourrir votre microbiote intestinal avec des aliments végétaux » et ce, quel que soit le régime alimentaire suivi. Cela signifie inclure une grande variété d’aliments comprenant différents types de fibres pour favoriser la richesse microbienne. Ces changements alimentaires ont été associés à une amélioration des profils microbiens et aux fonctions du microbiote intestinal, procurant un avantage mesurable sur la santé humaine.

Voici quelques conseils :

  • Augmenter la variété alimentaire en visant 30 aliments différents à base de végétaux par semaine. Cela comprend les fruits, les légumes, les céréales complètes, les noix et les graines
  •  Viser 25-38 grammes de fibres par jour
  • Prévoir une demi-assiette de légumes au déjeuner et au dîner chaque jour
  • Choisir une céréale complète différente à chaque repas. Cela peut inclure de l’avoine, des pâtes complètes, du quinoa, du sorgho ou du sarrasin, par exemple
  • Inclure 3 morceaux ou demi-tasses de fruits par jour

Chacun de ces conseils a pour but d’apporter une variété de fibres, ce que les chercheurs ont appelé des « Macrobiota accessibles carbohydrates », ou MAC en abrégé. Les MAC sont des glucides que les humains ne peuvent pas digérer, ce qui signifie qu’ils passent par l’intestin pour arriver intacts au côlon. Dans le côlon, où se trouve la plus grande quantité du microbiote intestinal, les MAC servent de carburant aux bactéries. Lorsque les bactéries sont nourries avec ces glucides, elles peuvent se développer et fournir à l’organisme des composés utiles, comme les acides gras à chaîne courte, qui jouent un rôle important dans la fonction immunitaire et l’inflammation.

YINI GMFH Summit - fiber rich foods

Quelle place occupent les aliments fermentés et les probiotiques ?

La conférence du Dr Kevin Whelan a exploré les différences entre les aliments fermentés et les probiotiques, ainsi que les preuves actuelles à l’appui de leur utilisation, notamment les effets du yaourt et du fromage sur la santé humaine. Les aliments fermentés sont définis comme « des aliments, ou boissons, produits par une croissance microbienne contrôlée et la conversion des composants alimentaires par des réactions enzymatiques ». Ils regroupent des aliments comme le yaourt, le kombucha, le tempeh, la bière et le vin. Tous les aliments fermentés ne sont pas des probiotiques. En effet, les probiotiques ont une définition très spécifique. Il s’agit d' »organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantités adéquates, induisent un bénéfice pour la santé de l’hôte », et peuvent être trouvés dans des comprimés, poudres, ou certains yaourts et kéfirs. Si vous pensez que « certains » yaourts sont des probiotiques, c’est vrai. Certains yaourts peuvent répondre à la définition de probiotique (dans le diagramme « laits fermentés »), mais pas tous !

YINI GMFH Fermented foods, probiotics and prebiotics

Actuellement, la recherche sur les probiotiques recommande de ne les utiliser que dans certaines applications comme le syndrome du côlon irritable et la colite ulcéreuse, mais ces effets sont spécifiques à la souche bactérienne. Pour choisir correctement le bon probiotique, le Dr Whelan souligne l’importance de travailler avec son médecin, diététicien ou pharmacien, car tout le monde n’a pas besoin de probiotiques pour la santé.

À ce jour, il n’existe que des données préliminaires sur la façon dont les aliments fermentés influencent notre microbiote intestinal. Cependant, il y a bien d’autres bonnes raisons de consommer des aliments fermentés ! La fermentation peut améliorer la digestibilité de certains aliments, tels que les produits laitiers, en décomposant le lactose. Ils contribuent également aux saveurs et textures, et constituent un excellent moyen d’introduire plus de variété dans l’alimentation.

 

À toutes les périodes de la vie, le microbiote intestinal joue un rôle. Comme l’a souligné le Dr Joël Doré, nous devons apprendre à vivre en symbiose avec notre microbiote intestinal en prenant soin de lui, afin qu’il puisse prendre en retour soin de nous. La principale leçon à retenir de la conférence est qu’avec l’évolution de la science, nous pouvons agir dès maintenant pour prendre soin de notre microbiote intestinal. Une alimentation variée et équilibrée tout au long de la vie est notre meilleur atout pour préserver les éventuels bienfaits du microbiote intestinal à toutes les étapes de la vie !

 

Andrea HardyAndréa Hardy (Calgary, Canada) est diététicienne. Elle est spécialisée dans les troubles gastro-intestinaux et le microbiote intestinal. Vous pouvez la trouver sur Twitter (@AndreaHardyRD).

 

14 Avr 2020
Lecture 13 min
Publications Santé de la planète

Qu’est-ce qu’une alimentation durable ?

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Manger pour protéger notre santé et notre planète : un nouveau domaine de recherche émerge et concerne les liens indissociables entre alimentation, santé et environnement.1  Enthousiaste et motivé pour explorer ces développements rapides et découvrir comment notre alimentation peut contribuer à la fois à notre propre santé et à la préservation de notre planète, nous vous proposons un aperçu de ces développements majeurs et du débat scientifique qui les accompagne.
Vous trouverez ici des questions & réponses basées sur les données scientifiques les plus récentes.

La question d’aujourd’hui est la suivante : Qu’est-ce qu’une alimentation durable et pourquoi en avons-nous besoin? 

En 2015, l’Accord de Paris sur le Climat a réuni de très nombreux pays des cinq continents dans une dynamique positive afin d’avoir un réel impact sur les populations de la planète et de dessiner un avenir meilleur.1 Depuis lors, les connaissances scientifiques sur la façon d’atteindre les objectifs de durabilité ont progressé à pas de géant. Elles soulignent le rôle d’une alimentation durable pour contribuer à protéger notre santé et notre planète. Mais combien d’entre nous savent ce qu’est réellement une alimentation durable ?
Voici la première question de notre série consacrée à l’examen des liens entre ce que nous mangeons, notre santé et notre planète. Nous plaçons l’alimentation durable sous les feux des projecteurs et nous réfléchissons à son importance pour nous-mêmes et pour les générations à venir.

Qu’est-ce qu’une alimentation durable et pourquoi en avons-nous besoin?

Selon les Nations Unies, la « durabilité » est la capacité de chacun à bien vivre en prenant en compte les limites environnementales de la Planète Terre.2 Les aliments que nous consommons, la façon dont ils sont produits, transportés, conditionnés et gérés – jusqu’à finir sur nos tables – ont un rôle majeur à jouer dans la perspective de limiter les dommages environnementaux. Lorsque l’on évoque un « mode de vie durable », il est habituel et facile de se focaliser sur l’impact environnemental de la production alimentaire. En effet, certains définissent « l’alimentation durable » uniquement sur la base de préoccupations environnementales. Mais le consensus parmi les experts est que l’alimentation durable est bien plus que cela.

La définition de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, 2010) est la suivante :

« Les régimes alimentaires durables sont des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures. Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines.»3

C’est un défi de taille que de concilier les exigences d’un environnement durable et celles d’une alimentation saine. Une alimentation durable doit fournir les nutriments dont nous avons besoin en respectant nos écosystèmes, sans épuiser nos ressources naturelles et parallèlement elle doit protéger et améliorer notre santé et éviter le développement de maladies. Pour être optimales sur le long terme, les alimentations durables doivent être adaptées aux cultures et aux habitudes alimentaires locales et être une source de plaisir, de convivialité et de partage. Et surtout, elles doivent être savoureuses ! Il n’est donc pas surprenant que les scientifiques et les politiques s’attaquent à la lourde tâche d’identifier les meilleures alimentations durables pour répondre à toutes les exigences que les populations attendent. Même si les solutions idéales n’ont pas encore été identifiées, des avancées ont été réalisées grâce à des études novatrices explorant les options alimentaires. C’est ainsi qu’un organisme spécialisé, la commission EAT-Lancet a indiqué les premières étapes pour s’attaquer à ce défi. D’autres approches novatrices ont proposé des initiatives pour un avenir plus durable. Les principales conclusions seront présentées dans le prochain volet de notre série de Q&R.

« Les alimentations durables sont protectrices et respectueuses de la biodiversité et des écosystèmes, sont acceptables culturellement, accessibles, économiquement équitables et abordables. Elles sont nutritionnellement correctes, sûres et saines, tout en optimisant les ressources naturelles et humaines. » – Burlingame & Dernini S, FAO 20103

Pourquoi nous préoccuper d’avoir une alimentation durable ?

Les tendances alimentaires actuelles combinées à la croissance de la population mondiale (le nombre de personnes sur la Terre devrait atteindre près de 10 milliards d’ici 2050)4 majoreront inéluctablement les risques pour les individus et pour la planète. Le fardeau mondial des maladies non transmissibles devrait s’alourdir et les effets de la production alimentaire sur les émissions de gaz à effet de serre, la pollution à l’azote et au phosphore, la perte de la biodiversité et l’utilisation de l’eau et des terres réduiront la stabilité de l’écologie de la Planète.

D’ores et déjà, plus de 820 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim alors qu’un même nombre mange trop 5 et, qui plus est, consomme une alimentation de mauvaise qualité (pas assez de micronutriments – vitamines et minéraux – ou trop d’aliments riches en calories).

C’est pourquoi nous devons tous prendre des mesures pour avoir une alimentation durable, en travaillant ensemble pour transformer notre alimentation et le système que nous utilisons pour la produire – le « système alimentaire ».

« Une transformation radicale du système alimentaire mondial est absolument nécessaire. » – EAT-Lancet 20196

Comment notre système alimentaire est-il lié à l’environnement ?

Le trajet que les denrées alimentaires effectuent pour parvenir jusque dans nos assiettes consomme de l’énergie. Cette consommation énergétique est loin de se limiter à la production agricole mais inclue l’énergie liée au transport, à la transformation, au conditionnement, à la distribution, à la vente au détail et à la préparation. Même l’élimination des déchets alimentaires consomme de l’énergie. Tous ces éléments du système alimentaire produisent des gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique. Et dans ce cercle vicieux, le réchauffement mondial peut encore accroître les conséquences sur l’environnement déjà mis à mal par de notre consommation alimentaire.

Le système alimentaire actuel ne permet pas d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, ratifié par 195 pays, qui s’engagent à maintenir l’augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2 °C.7 Mais des résultats prometteurs émergent d’études suggérant que nous pouvons transformer notre système alimentaire pour réduire son impact sur l’environnement et peut-être contribuer à limiter le réchauffement mondial.6-10

Quelle est la part de ce que nous consommons dans notre empreinte carbone ?

Environ le quart de nos émissions de carbone provient de notre production alimentaire.11 Celle-ci représente également 70 % de l’utilisation d’eau douce12 et elle est le principal responsable de la perte de la biodiversité mondiale.8

Les produits d’origine animale ont tendance à générer des émissions de carbone plus élevées que les aliments d’origine végétale, la production bovine étant à ce titre particulièrement préoccupante. Selon le World Resources Institute, le bœuf utilise plus de terre et d’eau douce et génère plus d’émissions de gaz à effet de serre par unité de protéines que tout autre aliment de consommation courante.13 Les ruminants – principalement les bovins – sont responsables de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre générés par la production agricole. Compte tenu de l’impact sur l’environnement de la demande croissante de bœuf, la réduction de sa consommation devrait jouer un rôle majeur pour limiter l’élévation de la température mondiale à 1,5 ou 2 °C, conformément à l’Accord de Paris sur le climat.

Pour les produits laitiers, en revanche, les études suggèrent qu’ils pourraient avoir un impact sur l’environnement beaucoup plus faible que la viande. En termes d’émissions mondiales totales de gaz à effet de serre, le secteur laitier ne représente que 2,9 % contre 14,5 % pour l’ensemble de la production animale.14

Il pourrait être facile d’oublier que certains fruits et légumes exotiques fragiles qui sont transportés par avion à travers le globe sont associés à des émissions de gaz à effet de serre plus élevées que les aliments produits localement comme les produits laitiers, en raison de l’énergie utilisée au cours de leur transport.

Comment travailler à un avenir meilleur ? 

La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons changer le monde au travers de ce que nous mangeons et de la façon dont nous produisons et gérons la nourriture. Les chercheurs ont estimé qu’en changeant les régimes alimentaires actuels, les émissions de gaz à effet de serre générées par l’alimentation pourraient être réduites de près de 50 %.15,16 Changer les pratiques agricoles pourrait permettre d’autres réductions de ces émissions.6,10

Ce qui reste incertain, c’est la meilleure façon d’y parvenir. Il ne suffit pas de diminuer la part des produits d’origine animale dans notre alimentation. Pour qu’une alimentation soit durable, elle doit concilier les gains environnementaux obtenus grâce au changement de la composition de notre alimentation avec la nécessité de consommer une alimentation saine et agréable qui apporte tous les nutriments dont nous avons besoin. Par ailleurs, les choix que nous faisons en termes de pratiques agricoles (locales, saisonnières, organiques, commerce équitable, etc.) peuvent faire une différence supplémentaire considérable.

Comment rendre notre système alimentaire plus durable ?

Un système alimentaire durable est déterminé par la productivité agricole, la diversité de l’approvisionnement alimentaire, l’accessibilité de l’alimentation pour les consommateurs et l’utilisation des ressources naturelles pour l’agriculture.17

Des études récentes indiquent trois voies principales vers un système alimentaire durable qui garantisse une alimentation saine pour une population toujours croissante tout en préservant les ressources naturelles :

  • Modifier les habitudes alimentaires – Augmentation des aliments d’origine végétale et diminution des aliments d’origine animale, notamment la viande rouge, tout en maintenant une alimentation saine équilibrée ;
  • Réduction des pertes et gaspillages alimentaires ;
  • Modification des modes de production et de gestion – cela signifie plus de modes d’élevage respectueux de l’environnement, en évitant l’extension de l’agriculture sur de nouvelles terres, telles que les forêts, et en préservant la biodiversité.

Comment identifier les alimentations durables pour l’avenir ?

Des études très innovantes s’efforcent de modéliser les alimentations durables de demain afin d’identifier les voies qui peuvent aider à produire des aliments sains et nutritifs pour nourrir une population en croissance, tout en respectant les limites environnementales. Le rapport de l’EAT-Lancet fixe des objectifs scientifiques pour une production alimentaire durable dans le monde et la détermination d’un cadre pour les actions que nous devons engager immédiatement afin de protéger notre santé et celle de la planète.6 Même s’il a été en partie remis en cause,18 le rapport de l’EAT-Lancet représente une étape importante pour guider les changements nécessaires au niveau mondial.

D’autres études de référence qui contribuent à indiquer les voies vers un avenir durable se sont intéressées à une production alimentaire plus respectueuse de l’environnement9,10 et aux différents types d’alimentation qui pourraient prévaloir de manière durable au niveau local et régional7,8.

En résumé: Peut-on inverser la tendance ?

L’un des défis majeurs auxquels le monde d’aujourd’hui est confronté est le suivant : Comment nourrir la population mondiale toujours plus nombreuse et toujours plus aisée avec une alimentation qui non seulement soit bénéfique pour la santé mais qui limite la pression sur notre environnement.
Le problème a été reconnu par tous les pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat et, en réponse, des études novatrices apportent des éclairages importants sur la façon dont nous pouvons façonner un avenir meilleur, plus lumineux et plus sain, pour nos enfants et pour les générations à venir.

Pour en savoir plus

Sources :
    1. United Nations Treaty Collection. The Paris Agreement 2016.
    2. United Nations Sustainable Development Goals. 2015.
    3. Burlingame B, Dernini S. Sustainable diets and biodiversity: Directions and solutions for policy, research and action. Food and Agriculture Organization. 2010.
    4. United Nations: Department of Social and Economic Affairs. World population prospects. 2017.
    5. Global Nutrition report. 2018.
    6. Willett W, Rockström J, Loken B, et al. Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019;393(10170):447-492.
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    8. WWF (UK). Eating for two degrees. 2017.
    9. Poux X, Aubert PM: IDDRI. An agroecological Europe: a desirable, credible option to address food and environmental challenges. 2018.
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09 Mar 2020
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Alimentation saine et équilibrée Santé de la planète

Les aliments et boissons d’origine végétale en hausse

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Si vous trouvez que vous développez un attrait particulier pour les aliments et les boissons d’origine végétale, vous n’êtes certainement pas seul. Leur popularité est en hausse, avec un large choix envahissant les rayons de nos supermarchés. 

Généralement, les boissons végétales ont des valeurs nutritionnelles différentes de celles des produits laitiers. Selon les auteurs de cet article, de nombreux aliments végétaux fourniraient des nutriments importants et, d’une certaine façon, représenteraient une option environnementalement intéressante.

Les aliments et boissons d’origine végétale, qu’est-ce que c’est ?

Comme leur nom l’indique, ils sont fabriqués à partir d’éléments végétaux. Les produits au soja, faits à partir de graines de soja, sont les plus répandus, mais plus récemment les produits à base de graines (i.e. chanvre), de fruits secs (i.e. amande) ou de céréales (i.e. avoine, riz) ont fait leur apparition dans les rayonnages des supermarchés.

Pourquoi achète-t-on ce type de produits ?

Le lait de vache est un aliment de base, riche en protéines, en glucides, en divers minéraux et vitamines et avec une quantité de matière grasse variable selon qu’il est entier ou écrémé. Ces dernières années, l’essor de régimes végétariens et végétaliens, la sensibilisation croissante autour des intolérances au lactose et des allergies au lait, et les préoccupations autour de la durabilité et l’environnement ont incité davantage de personnes à adopter une alimentation plus végétale.

Certaines données suggèrent que ces boissons végétales sont associées à des émissions de gaz à effet de serre plus faibles que le lait de vache et peuvent ainsi contribuer à lutter contre le changement climatique. Cependant, des preuves attestent également du rôle important des produits laitiers dans les régimes alimentaires durables. (Pour en savoir plus : Que signifierait pour vous un régime alimentaire plus durable ?)

Le débat sur leurs effets globaux sur l’environnement se poursuit. Il ne fait aucun doute que les produits végétaux ont toute leur utilité dans les régions du monde où l’accès au lait de vache n’est pas facile.

Quelle est la valeur nutritive de ces produits “végétaux” ?

La diversité des produits d’origine végétale diffère dans sa composition nutritionnelle. Les boissons à base de soja ont une teneur en protéines similaire à celle du lait de vache et contiennent plus d’acides gras mono/polyinsaturés, associés à la santé cardiovasculaire. Les boissons à base d’amande sont, quant à elles, riches en vitamines, notamment E et B, en minéraux et en acides gras mono-insaturés. Cependant, à moins d’être enrichis en nutriments supplémentaires, ces boissons végétales ne fournissent pas les bénéfices nutritionnels complets des produits laitiers.

D’après les auteurs, pour répondre à la demande croissante en produits et boissons d’origine végétale, de nombreuses recherches actives sont menées pour augmenter leur composition nutritionnelle, améliorer leur goût, leur texture et leur durée de conservation.

« Le lait est très présent et constitue un aliment à part entière qui ne peut être remplacé, même si nous avons constaté certains avantages des substituts végétaux par rapport à l’industrie laitière » – Paul AA, et al, 2019.

Pour en savoir plus : Paul AA, Kumar S, Kumar V et al. Milk Analog: Plant based alternatives to conventional milk, production, potential and health concerns. Crit Rev Food Sci Nutr. 2019. Oct 16:1-19. doi: 10.1080/10408398.2019.1674243.
24 Fév 2020
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Infographies Le yaourt à travers le monde Qu'est-ce que le yaourt ? Questions Réponses

Qu’est-ce-que le Kéfir de lait ?

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Depuis des siècles, les laits fermentés sont riches en nutriments essentiels bénéfiques pour la santé. La fermentation du lait est l’ajout de ferments vivants au lait, offrant une douzaine de recettes du monde dont : Yaourt grec, Lassi, Skyr, Laban, Ayran, Kéfir…

Laits fermentés du monde: qu’est-ce que le Kéfir de lait ?

Kéfir de lait ou d’eau ? Les kéfirs peuvent aussi être préparés par fermentation de jus de fruits, d’eau de coco ou de mélasse. Cette fiche s’intéresse au kéfir à base de lait.

Le kéfir est une boisson unique, grâce à l’interaction entre le lait et les grains de kéfir. Les nombreuses bactéries et levures (contre 2 bactéries pour le yaourt) permettent une double fermentation (lactique + alcoolique) et le développement des propriétés acidulées et pétillantes du kéfir.

Les origines culturelles

Le nom Kefir vient du turc «Keyif», synonyme de plaisir.
Le produit est originaire des montagnes de Russie et d’Asie centrale. Il est très populaire au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et en Suède et commence à émerger en Amérique du Nord (USA) et au Japon pour ses qualités nutritionnelles.

Les bienfaits nutrition – santé

Comme tout lait fermenté

  • Plus facile à digérer que le lait (lactose, protéines)
  • Meilleure assimilation du calcium par rapport au lait

Autres bienfaits à l’étude :

  • Améliorations du bilan lipidique, propriétés anti-inflammatoires
  • Augmentation de la densité micro-nutritionnelle, après fermentation par les levures (vit B1, B2, B6, A, niacine, folates)

 

Qu'est-ce-que le kéfir de lait - partie 1

Qu'est-ce-que le kéfir de lait - partie2

10 Fév 2020
Lecture 3 min
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Enfant Les bénéfices de la fermentation

La consommation de yaourt, associée à une diminution du risque d’eczema et d’allergie chez le nourrisson

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L’eczéma et les allergies sont une source de gêne quotidienne pour les personnes qui en sont atteintes. Mais saviez-vous qu’il est possible d’aider à protéger vos enfants contre ces difficultés simplement en apportant quelques petits changements dans leur alimentation ? Selon les auteurs de cette publication, la consommation de yaourt peut être utile dans ce sens, surtout si vous ou votre conjoint souffrez d’eczéma ou d’allergies.

On considère souvent l’alimentation comme un carburant, qui nous fournit de l’énergie et les éléments de bases pour notre croissance et l’entretien de notre corps. Pourtant quelques aliments semblent aussi pour prévenir certaines maladies. Par exemple, l’introduction du yaourt dans l’alimentation dès la première année de vie serait liée à une diminution du risque de développer de l’eczéma ou des allergies.

Une étude néo-zélandaise confirme cette conclusion

Lors d’une étude sur la santé maternelle et infantile, plusieurs mères ont reçu des probiotiques ou un placebo durant toute leur grossesse et la période d’allaitement. Chaque enfant avait au moins un parent avec des antécédents d’asthme, de rhume des foins ou d’eczéma.

Bien que les nourrissons n’aient pas reçu directement de traitement dans cette étude, les mamans ont dû répondre à certaines questions notamment sur la consommation de yaourt de leur enfant.

Les bébés ont été suivis à 6 mois et à 12 mois pour l’eczéma et ont subi des tests cutanés pour détecter d’éventuelles allergies à 12 mois.

Tous les yaourts vendus en Nouvelle-Zélande (où l’étude s’est déroulée) contiennent des micro-organismes actifs, et le yaourt fait maison est généralement fabriqué à partir de kit de démarrage pré-ensemencés utilisant les mêmes types de micro-organismes. Les résultats de l’étude ont montré que les nourrissons qui consommaient des yaourts étaient beaucoup moins susceptibles de développer de l’eczéma et des allergies que ceux qui n’en mangeaient pas. De plus, les nourrissons de 6 à 12 mois en consommant au moins 2 à 6 fois par semaine sont significativement moins susceptibles de développer de l’eczéma et des allergies que ceux qui en mangent moins d’une fois par mois selon les auteurs.

Ce que montrent les résultats

Cette étude n’est pas la première à montrer cette association. Dans l’ensemble, les études ont montré que la consommation de yaourt dans la petite enfance est associée à une réduction de 50 à 80 % du nombre de cas d’eczéma et d’allergies infantiles. Les micro-organismes présents dans le yaourt pourraient jouer un rôle dans cette association d’après les auteurs.

« Une consommation précoce de yaourt semble réduire l’eczéma et la sensibilité atopique notamment dans les allergies alimentaires” – Crane J, et al, 2018.

Pour en savoir plus : retrouvez l’article original.
Source: Crane J, Barthow C, Mitchell EA et al. Is yoghurt an acceptable alternative to raw milk for reducing eczema and allergy in infancy? Clin Exp Allergy. 2018;48(5):604-606.

 

27 Jan 2020
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Santé de la planète

« Laits » végétaux versus laits animaux : Ont-ils chacun leur place dans une alimentation durable ?

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Il vous suffit de vous diriger vers les rayons réfrigérés des supermarchés pour vous rendre compte de la popularité croissante des alternatives végétales aux produits laitiers. De nombreux acheteurs les choisissent de préférence aux produits laitiers d’origine animale parce qu’ils se sentent concernés par l’environnement et par le bien-être animal ou parce qu’ils pensent que ces produits peuvent être plus sains. Alors, quels sont les faits ?

Selon les auteurs de cet article, dès lors qu’il est question d’impact des produits laitiers animaux versus les alternatives végétales sur la santé et sur l’environnement, il semblerait que l’on perde d’un côté ce que l’on gagne de l’autre. D’un côté, les alternatives végétales pourraient potentiellement contribuer à réduire notre impact sur l’environnement ; de l’autre, les auteurs précisent qu’il est important de prendre en considération les implications pour notre nutrition ainsi que notre santé.

Selon la FAO: « les régimes alimentaires durables sont des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures.  Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines. »

La meilleure alternative pour l’environnement – végétale ou animale?

Selon les auteurs de cet article, la production alimentaire est responsable de près de 25 % de nos émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane) qui jouent un rôle dans le changement climatique. Les produits d’origine animale sont les principaux contributeurs et ils sont également associés à la surexploitation des terres, l’utilisation d’eau douce et la pollution de l’eau. Cependant, l’élevage a également des impacts positifs. Faire paître des animaux tels que des vaches peut contribuer à préserver les pâturages, conserver la vie sauvage et convertir la végétation non adaptée à la consommation humaine en aliments nutritifs.

Les produits laitiers végétaux sont fabriqués à partir de soja, légumineuses, graines, fruits à coque ou céréales. Selon certains scientifiques, leur production pourrait avoir moins d’effets négatifs sur l’environnement. Par exemple, la quantité de dioxyde de carbone émis pour produire du lait serait estimée comme étant 2 à 3 fois supérieure à celle générée par la production de boissons végétales. La production de boissons à base d’amande utilise pourtant davantage d’eau que la production de lait.

De nombreuses autres études devront être conduites avant de pouvoir tirer des conclusions définitives sur les avantages et inconvénients au niveau environnemental.

Qualité nutritionnelle des boissons laitières végétales versus animales

« Les produits laitiers délivrent de nombreux nutriments importants à de larges groupes de la population et sont très appréciés. » – Röös et al., 2018.

Les boissons végétales étant souvent qualifiées de « lait », il paraîtrait évident que ces produits soient nutritionnellement identiques au lait animal. Or les différences sont importantes.

La majorité des boissons végétales contiennent moins de protéines et de matières grasses que le lait mais aussi moins de glucides. On retrouve deux exceptions : Les boissons à l’avoine, qui contiennent davantage de glucides que le lait, et les boissons au soja, dont la teneur protéique est similaire à celle du lait (même si des différences persistent en terme de qualité protéique : les boissons au soja étant déficientes en méthionine).

Les produits laitiers sont riches en nutriments et ils sont une bonne source de nombreuses vitamines et de nombreux minéraux importants, notamment la vitamine B12 et le calcium. La majorité des alternatives végétales sont supplémentées en vitamines et en minéraux. Les boissons au soja sont particulières pour leur teneur plus élevée en riboflavine, folates, vitamine E et vitamine K par rapport au lait, même supplémenté.

« Si les alternatives végétales sont supplémentées afin de ressembler au lait animal, elles obtiennent des scores très proches de ceux du lait animal en termes de densité nutritionnelle, tout en maintenant l’avantage environnemental des alternatives végétales. On ne sait en revanche pas si la teneur nutritionnelle atteinte par la supplémentation est « la même » que celle liée à la présence naturelle des nutriments dans l’alimentation. » – Röös et al., 2018.

Les effets sur la santé des produits laitiers versus leurs alternatives végétales

La consommation de produits laitiers est associée à plusieurs bienfaits pour la santé, notamment une réduction du risque de développer un diabète de type 2, l’amélioration du contrôle du poids, un développement sain des os et une réduction potentielle du risque de développer plusieurs types de cancer (colorectal, vessie, estomac et sein).

La consommation de soja est associée à une réduction du cholestérol sanguin et à d’autres améliorations (comme une diminution de la pression artérielle) qui pourraient être bénéfiques pour la santé cardiaque. Les produits à base de soja pourraient également être associés à une réduction du risque de survenue de certains cancers. Toutefois, les alternatives végétales aux produits laitiers existent depuis trop peu de temps pour nous permettre de bien connaître leurs effets à long terme sur la santé.

En conclusion, selon les auteurs, si l’inclusion d’alternatives végétales dans notre alimentation en complément ou bien en substitution de produits laitiers pourrait avoir certains avantages pour l’environnement, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les implications possibles sur notre nutrition et notre santé.

[Les alternatives végétales] « pourraient remplacer et compléter les produits laitiers dans l’alimentation humaine, réduisant ainsi potentiellement l’impact environnemental de la consommation alimentaire. Toutefois, […] les aspects nutritionnels d’une telle évolution doivent être pris en compte. » – Röös et al., 2018.

Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Röös E, Garnett T, Watz V et al. The role of dairy and plant based dairy alternatives in sustainable diets. SLU Future Food Reports 3. Swedish University of Agricultural Sciences 2018
20 Jan 2020
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Santé de la planète

12 résolutions pour une alimentation plus durable

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Yogurt In Nutrition Initiative souhaite une année 2020 plus durable. En nous basant sur les récentes études publiées sur le sujet, nous vous proposons 12 résolutions à mettre en place pour protéger notre santé et notre planète !

Voici nos 12 résolutions pour une alimentation plus durable, pour protéger notre santé et notre planète :

  • Manger plus local et de saison ! Si cela n’est pas possible, privilégiez les produits surgelés ou appertisés.
  • Limiter la consommation de produits sucrés et de “calories vides” (bonbons, sodas…)
  • Consommer plus de céréales complètes, pains complets et graines
  • Essayer de varier son alimentation et introduire de “nouveaux” groupes d’aliments peu ou pas consommés comme les légumineuses (lentilles, pois) et les graines
  • Limiter ses prises alimentaires et ajuster ses apports en aliments et en énergie aux niveaux recommandés (2000 à 2500 kcal/jour)
  • Réduire le gaspillage en planifiant les repas à l’avance et en n’achetant que les produits nécessaires
  • Optez pour une alimentation flexitarienne en accordant une place importante aux fruits et légumes, céréales et légumineuses.
  • Réduire les emballages en s’appuyant sur la règle des 3 R : réduire, réutiliser et recycler
  • Favoriser des aliments issus de pratiques environnementales et de production éthiques, respectant l’environnement, les travailleurs et les communautés locales
  • Trier ses déchets alimentaires : Utiliser les restes en compost et respecter les règles de tri mises en place au niveau de chaque commune
  • Limiter sa consommation de viande rouge et de viande transformée, en considérant la viande comme un ingrédient et non comme un plat principal
  • Limiter la consommation de produits ultra-transformés en cuisinant un peu plus soi-même.