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07 Juin 2021
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Les bénéfices de la fermentation Santé intestinale

Les probiotiques et leurs bienfaits pour la santé : quel lien avec le système immunitaire ?

immunité L. paracasei Lactobacillus casei lait fermenté Microbiote intestinal probiotiques
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La communauté de microorganismes complexe peuplant notre intestin, et en particulier le gros intestin ou côlon (microbiote intestinal), joue un rôle fondamental dans le développement et le fonctionnement de notre système immunitaire. De plus en plus d’études laissent penser que l’axe microbiote intestinal-système immunitaire est influencé positivement et négativement par des facteurs environnementaux (1).

Notre tractus gastro-intestinal est colonisé par des milliards de micro-organismes (principalement des bactéries mais également des champignons ou encore des virus), collectivement connus sous le nom de microbiote intestinal. Nous avons chacun co-évolué avec notre microbiote respectif dans une relation symbiotique. Étudié de manière approfondie, d’abord pour son rôle dans les fonctions digestives, le microbiote intestinal est également essentiel pour remplir des fonctions favorisant l’homéostasie immunitaire, les réponses immunitaires et la protection contre la colonisation par des agents pathogènes (2).

Une homéostasie capitale au niveau du microbiote intestinal

L’homéostasie est l’état d’équilibre permettant un fonctionnement optimal de l’organisme. Compte tenu de la relation étendue (vasculaires et lymphatiques) entre les intestins et d’autres organes, de plus en plus de chercheurs tentent de savoir si des interventions nutritionnelles ciblant le microbiote intestinal pourraient aider à combattre et surtout prévenir certaines maladies ; telles que les maladies métaboliques (diabète de type 2, obésité) et les maladies cognitives (Alzheimer, dépression).  Encore faudrait-il qu’une telle intervention nutritionnelle puisse fournir une alimentation variée et équilibrée, pour nourrir tout le corps, incluant le microbiote et les cellules hôtes (3).

L’homéostasie est aussi capitale au niveau de notre microbiote. La dysbiose intestinale (c’est-à-dire une mauvaise adaptation microbienne ou un déséquilibre dans la composition du microbiote intestinal) peut affecter la santé globale. Les auteurs d’une revue de littérature pédiatrique mettent en avant un lien entre allergies, maladies auto-immunes et inflammatoires et une défaillance dans le lien microbiote intestinal-système immunitaire. Des interventions incluant des modifications au niveau de l’alimentation, de l’apport de probiotiques ou de postbiotiques sont proposées comme de potentielles solutions. Les probiotiques et les postbiotiques apparaissent comme étant des stratégies préventives et thérapeutiques particulièrement prometteuses grâce à leurs actions régulatrices bénéfiques sur le lien intestin-microbiote-système immunitaire(1).

Probiotiques : quels rôles sur la fonction immunitaire ?

Le rôle des probiotiques dans la fonction immunitaire suscite un intérêt considérable également chez les sujets bien-portants. Ce sont des microorganismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantités adéquates, produisent un bénéfice santé pour l’hôte. Ces effets bénéfiques sont souches-dépendantes, certaines sembleraient avoir un effet favorable sur le microbiote intestinal. Par exemple, les résultats d’une méta-analyse récente montrent qu’un lait fermenté avec Lacticaseibacillus paracasei et les ferments standards du yaourt (Lactobacillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus) pourraient réduire l’incidence des maladies infectieuses courantes (CID) dans la population générale(4).

L. paracasei est une souche probiotique bien caractérisée, avec une capacité élevée de survie dans le tractus gastro-intestinal. Des études in vitro et in vivo ont établi qu’elle module les molécules impliquées dans la régulation des réponses immunitaires. Les résultats d’autres études, sur les humains, ont démontré que le lait fermenté contenant les L. paracasei et les cultures de yaourt standard peut moduler les biomarqueurs de la fonction immunitaire ainsi que les réponses immunitaires(4) tandis que les résultats de la méta-analyse, bien qu’issus d’un nombre limité d’études, suggèrent que le lait fermenté contenant des bactéries probiotiques peut aider à réduire l’incidence des cas d’infections respiratoires et gastro-intestinales courantes chez les enfants et les adultes généralement en bonne santé. Si la consommation de lait fermenté contenant des probiotiques n’a montré aucun effet sur la durée ou la gravité des maladies infectieuses, elle présente néanmoins une approche préventive prometteuse(4), en particulier dans le cadre d’un régime alimentaire varié et équilibré(5).

Au-delà des infections des voies respiratoires et gastro-intestinales, les probiotiques émergent comme une stratégie prometteuse dans la prévention et dans le traitement des allergies(6). A ce sujet, une revue littéraire s’est intéressée aux effets des Lactobacillus et a montré un impact positif de ces bactéries dans le traitement de la rhinite allergique (allergie saisonnière impliquant une inflammation des muqueuses du nez, des sinus et des yeux)(7). A noter que cette étude ne permet pas de favoriser une espèce de Lactobacillus plus qu’une autre(7).

Malgré ce progrès, le rôle des probiotiques dans la prévention de diverses maladies reste encore largement inconnu étant donné que la majorité des études se concentrent sur des populations présentant des pathologies. Cependant, les auteurs d’une revue approfondie de la littérature couvrant des articles scientifiques publiés entre 1990 et août 2017 ont examiné les avantages potentiels des probiotiques pour la santé des adultes bien-portants. Cette étude relève un rôle positif de la consommation de probiotiques sur le système immunitaire mais également sur le système gastro-intestinal ou encore le système reproductif féminin(8).

Pour aller plus loin, voici quelques articles complémentaires:

Comment maintenir son système immunitaire en forme?

Quel rôle joue l’alimentation sur le microbiote intestinal ?

Références:
  1. Carucci L, Coppola S, Luzzetti A, et al. The role of probiotics and postbiotics in modulating the gut microbiome-immune system axis in the pediatric age. Minerva Pediatrics. 2021 Apr;73(2):115-127
  2. Pickard JM, Zeng MY, Caruso R, Núñez G. Gut microbiota: Role in pathogen colonization, immune responses, and inflammatory disease. Immunol Rev. 2017 Sep;279(1):70-89.
  3. Zaher S. Nutrition and the gut microbiome during critical illness: A new insight of nutritional therapy. Saudi J Gastroenterol. 2020 Nov 10;26(6):290–8
  4. Poon T, Juana J, Noori D, Jeansen S, Pierucci-Lagha A, Musa-Veloso K. Effects of a Fermented Dairy Drink Containing Lacticaseibacillus paracaseiparacasei CNCM I-1518 (Lactobacillus casei CNCM I-1518) and the Standard Yogurt Cultures on the Incidence, Duration, and Severity of Common Infectious Diseases: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Nutrients 2020, 12, 3443.
  5. The role of probiotics in respiratory and gastrointestinal tract infections in healthy people
  6. Maldonado Galdeano C, Cazorla SI, Lemme Dumit JM, Vélez E, Perdigón G. Beneficial Effects of Probiotic Consumption on the Immune System. Ann Nutr Metab. 2019;74(2):115-124.
  7. Steiner NC, Lorentz A. Probiotic Potential of Lactobacillus Species in Allergic Rhinitis. International Archives of Allergy and Immunology. 2021 Apr:1-12.
  8. Khalesi S, Bellissimo N, Vandelanotte C, Williams S, Stanley D, Irwin C. A review of probiotic supplementation in healthy adults: helpful or hype? Eur J Clin Nutr. 2019 Jan;73(1):24-37
24 Mai 2021
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Alimentation saine et équilibrée Enfant Infographies Le yaourt et la santé Santé intestinale

Le bien-être intestinal de l’enfant

Microbiote intestinal
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L’importance de l’équilibre intestinal pour la santé de l’enfant

La santé intestinale peut être définie comme un état de bien-être et d’absence de troubles gastro-intestinaux.
Elle est déterminée par de nombreux facteurs et en grande partie par le microbiote intestinal. Elle est essentielle dans l’enfance et influencée par de nombreux facteurs, du mode de naissance aux différents régimes alimentaires.

L’intestin et le microbiote intestinal jouent plusieurs rôles sur la santé, de l’absorption ou la production de nutriments aux rôles de défense, via une barrière intestinale forte.

À travers cette infographie, découvrez le rôle clé de la santé intestinale, du microbiote intestinal dans l’enfance, son état évolutif de la naissance à l’âge adulte et les moyens d’assurer une bonne santé intestinale chez les enfants.Santé intestinale de l'enfant - part 1Santé intestinale de l'enfant - part 2 - yaourt et nutritionSanté intestinale de l'enfant - part 3 - yaourt et nutritionSanté intestinale de l'enfant - part 4 - yaourt et nutrition

Dans quelques semaines, nous reviendrons vers vous avec une infographie complémentaire : Comment favoriser une bonne santé intestinale chez l’enfant ?

10 Mai 2021
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Les bénéfices de la fermentation Santé humaine

Les aliments fermentés contribuent à une alimentation saine et durable

aliments fermentés fermented foods Fermented milk laits fermentés probiotics probiotiques
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Selon les auteurs de cet article, les aliments fermentés, tels que le yaourt, présentent non seulement des avantages majeurs pour la santé, mais ils contribuent également à la réalisation d’un système alimentaire durable.

Les aliments et les boissons fermentés sont consommés dans le monde entier depuis des milliers d’années. Bien avant de comprendre les mécanismes microbiologiques de la fermentation, les hommes savaient qu’elle permettait de conserver les aliments et leurs nutriments et qu’elle pouvait également améliorer le goût et la texture.

Les aliments fermentés sont chargés d’histoire

Une grande variété d’aliments fermentés s’est développée au cours de l’histoire, notamment des légumes, des céréales et pains, des produits à base de soja, des produits laitiers, des produits à base de poisson et de viande. Les produits laitiers fermentés se sont développés au Moyen-Orient, en Europe et en Inde, où l’élevage était très répandu. Dans une grande partie de l’Asie, l’agriculture animale était plus limitée et les aliments fermentés étaient plus souvent à base de riz et de céréales, de soja, de légumes et de poissons.

Traditionnellement, la fermentation des aliments était un phénomène naturel dû à la présence de microorganismes dans l’aliment ou de la contamination par des microorganismes présents dans l’environnement. Aujourd’hui, en particulier dans les pays industrialisés, on utilise plus souvent des cultures de microorganismes définies, ce qui a permis d’améliorer la qualité des produits fermentés.

Aliments fermentés et culture alimentaire

Chaque communauté possède une culture alimentaire unique, influencée par son histoire ethnique, sociale, religieuse et culturelle. Bien que les aliments fermentés soient aujourd’hui plus variés et largement disponibles, beaucoup restent associés à des régions ou des pays particuliers où ils sont fabriqués. Citons par exemple le saké au Japon et le fromage de Roquefort en France.

Les produits laitiers fermentés favorisent l’absorption des nutriments

Les produits laitiers fermentés comprennent les laits fermentés, les fromages et les yaourts. Les bactéries lactiques, naturellement présentes dans le lait ou ajoutées en tant que ferments lactiques, transforment le sucre du lait (lactose) en acide lactique, empêchent le développement de bactéries nocives et aident l’organisme à mieux absorber les nutriments. Le yaourt est aujourd’hui le produit laitier fermenté le plus consommé dans le monde.

Les laits fermentés sont sources de probiotiques

D’autres souches de bactéries peuvent être ajoutées aux ferments lactiques pour améliorer le goût, la texture, la durée de conservation ou la qualité nutritionnelle du lait fermenté. L’ajout de souches vivantes ayant une activité probiotique est associé à des bénéfices sur la santé du consommateur.

En effet, les probiotiques peuvent contribuer à améliorer la santé intestinale et à réduire le risque d’infections. Par exemple, conformément aux directives publiées par la FAO et l’OMS, une culture de probiotiques spécifiques a été mise au point pour être utilisée par les petits producteurs de yaourt, dans les pays pauvres, où les diarrhées infectieuses provoquent des taux de mortalité élevés chez les jeunes enfants.

Aliments fermentés et durabilité

Selon les auteurs, la production et la consommation d’aliments fermentés prennent en compte les aspects sociétaux, environnementaux, culturels et économiques de l’alimentation durable. Dans les régions les plus pauvres, la production d’aliments fermentés, tels que le yaourt, permet d’accéder à une alimentation saine et sûre, crée de la demande pour les produits locaux et offre des possibilités d’emploi et de revenus.

Les aliments fermentés sont également avantageux pour l’environnement. En utilisant les produits locaux disponibles, un minimum d’intrants agricoles supplémentaires est nécessaire dans les régions pauvres en ressources. La fermentation consomme peu d’énergie par rapport aux méthodes de transformation des aliments, telles que la mise en conserve et la lyophilisation.

Selon les auteurs, la production de yaourts, de sauces de poisson et de céréales fermentées produit peu de déchets ou de sous-produits. La fermentation est également un bon moyen d’améliorer le rendement et de réduire le gaspillage alimentaire, par exemple en fabriquant des sauces de poisson à partir de poissons hautement périssables.

« En effet, les avantages potentiels des aliments fermentés pour la santé sont si importants, en Orient comme en Occident, que plusieurs chercheurs ont suggéré de les inclure dans les directives diététiques. » – Tamang, 2020.

Pour en savoir plus : lire l’article original
Tamang JP, Cotter PD, Endo A et al. Les aliments fermentés à l’ère de la mondialisation : L’Orient rencontre l’Occident. Compr Rev Food Sci Food Saf. 2020;19(1):184-217.
27 Avr 2021
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Publications Santé intestinale

Le microbiote intestinal et la santé digestive en vidéos

fermented foods ferments Microbiote intestinal prebiotics prebiotique probiotics probiotique
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La santé digestive est essentielle pour être et pour rester en bonne santé. Elle joue un rôle important sur la digestion, le métabolisme mais aussi sur les fonctions immunitaires et nerveuses. Le système digestif abrite une grande communauté de plusieurs milliards de microorganismes qu’on appelle le microbiote.

Le microbiote intestinal

Le système digestif est essentiel pour l’absorption et la digestion de ce que nous mangeons. De plus il abrite une communauté de plusieurs milliers de milliards de microorganismes vivants qui forment le microbiote intestinal. Le microbiote est unique à chacun et évolue tout au long de la vie. Il participe à la santé intestinale et il est important d’en prendre soin notamment au travers d’une alimentation équilibrée et diversifiée. L’introduction d’aliments fermentés avec des probiotiques est une manière naturelle et simple de prendre soin de son système digestif.

L’axe intestin-cerveau

Le système digestif est un organe complexe, qui, au-delà de ses fonctions d’absorption et de digestion, est fortement connecté au cerveau. On parle alors de l’axe intestin – cerveau. En effet, ces deux organes communiquent par des hormones et des neurones. Ils s’envoient mutuellement des informations, dont 80% viennent du système digestif. Le microbiote et notre alimentation pourraient alors avoir un impact sur le cerveau et ses fonctions.

Probiotiques, prébiotiques, ferments 

Une alimentation diversifiée et équilibrée apporte tous les nutriments dont le corps a besoin et qui seront ensuite absorbés et digérés par le système digestif. C’est également un moyen de prendre soin du microbiote intestinal.

Cependant, les microorganismes du microbiote intestinal ne se nourrissent que de composés non digestibles, les fibres alimentaires. Certaines fibres alimentaires peuvent être fermentées par les bactéries du microbiote intestinal et générer des effets physiologiques qui contribuent à la promotion et/ou au maintien des fonctions intestinales. On parle alors de prébiotiques. Les aliments fermentés peuvent également affecter favorablement la composition et la santé du microbiote intestinal. Une alimentation saine et équilibrée, qui inclus notamment des aliments fermentés, contenant des probiotiques / prébiotiques, contribue à prendre soin de son microbiote et de sa santé en général.

Ces vidéos sont développées par l’Institut Danone Belgique. Depuis sa création il y a 30 ans, l’Institut Danone est engagé dans le partage de la connaissance et de la recherche sur l’alimentation. L’objectif est d’informer un large public sur le contexte actuel et les enjeux futurs dans le domaine de la nutrition, de la santé et de l’environnement.
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05 Avr 2021
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Santé de la planète

Manger local pour une alimentation plus durable

Alimentation durable regime flexitarien régime méditerranéen régime nordique sustainable diet
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Selon un rapport publié en décembre 2020, un régime alimentaire basé sur des produits locaux pourrait être la clé d’une meilleure santé tout préservant la planète.

Cette analyse intervient dans un contexte où l’inquiétude concernant la santé de la planète augmente. La recherche de régimes alimentaires permettant de trouver un équilibre entre une alimentation saine pour notre population croissante et la durabilité environnementale, culturelle et économique est devenue clé. Deux régimes locaux, ou territoriaux, essentiellement à base de végétaux, ont suscité l’intérêt des chercheurs : le régime méditerranéen, établi de longue date, et le nouveau régime nordique.

Qu’est-ce que le régime méditerranéen ?

Le régime méditerranéen est un régime traditionnel basé sur les habitudes alimentaires équilibrées des populations vivant dans les pays méditerranéens. C’est un régime riche en céréales complètes, légumineuses, légumes, fruits, noix et huile d’olive, avec une quantité faible à modérée de produits laitiers, et peu de viande et de volaille.

Le régime méditerranéen a été associé à plusieurs bénéfices pour la santé, notamment une réduction des risques de maladies cardiovasculaires. Il a également été associé à une réduction des risques de cancer, d’obésité, de diabète de type 2 et de maladies neurodégénératives, ainsi qu’à une amélioration de la polyarthrite rhumatoïde.

Qu’est-ce que le nouveau régime nordique ?

Le nouveau régime nordique a été conçu et lancé dans les pays nordiques en 2004 pour avoir des effets positifs sur la santé et sur l’environnement. Il met l’accent sur les aliments d’origine locale et est riche en fruits et légumes (notamment baies, choux et légumes-racines), en légumineuses, herbes fraîches, pommes de terre, céréales complètes, noix et graines, poissons et crustacés, algues, viandes élevées en plein air (y compris le porc et la volaille) et en gibier.

Le nouveau régime nordique a été associé à une durée de vie plus longue et à une réduction des risques d’hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires, d’obésité, de diabète de type 2, d’inflammation, d’hyperlipidémie et de cancer colorectal.

Durabilité des régimes alimentaires

La durabilité des régimes alimentaires englobe les données nutritionnelles et environnementales, le caractère abordable et la disponibilité des aliments, ainsi que l’acceptabilité culturelle, la sécurité alimentaire pour l’avenir et la gestion des déchets.

Selon les auteurs, le régime méditerranéen et le nouveau régime nordique sont associés à des impacts environnementaux plus faibles que d’autres régimes sains contenant de la viande. Cela s’explique principalement par le fait que ces régimes, essentiellement à base de plantes, contiennent peu de viande et font largement appel à des produits locaux, évitant ainsi le transport des aliments sur de longues distances.

L’adoption d’une approche régionale en matière d’alimentation peut donc contribuer à lutter contre les problèmes de nutrition et d’environnement. Afin que ces régimes se démocratisent dans d’autres pays, il faudrait les adapter en tenant compte des circonstances locales, culturelles et économiques.

« En tirant les leçons d’un régime construit comme le NRN (Nouveau Régime Nordique) et d’un régime en évolution culturelle et environnementale comme le RM (Régime Méditerranéen), les régimes durables et sains doivent être définis dans leurs contextes locaux, culturels et économiques. » – Hachem, 2020.

Pour en savoir plus : lire l’article original
Hachem F, Vanham D, Moreno LA. Régimes alimentaires sains, territoriaux et durables. Food Nutr Bull. 2020;41(2S):S87-S103.

 

15 Mar 2021
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Les bénéfices de la fermentation Santé intestinale

Comment maintenir son système immunitaire en forme ?

covid19 fermentation immunité
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Quel est le meilleur moyen de maintenir le système immunitaire en forme, prêt à combattre les infections ? La réponse se trouverait en partie dans ce que l’on mange. Il est donc intéressant de regarder de près son régime alimentaire afin de s’assurer de ce qui est le plus adapté pour soutenir le système immunitaire.

Les aliments que nous consommons ont un impact à la fois direct sur le système immunitaire par l’apport en nutriments, et indirect par leur influence sur les bactéries du microbiote intestinal. Un régime alimentaire riche en aliments végétaux et comprenant des aliments fermentés serait nécessaire pour maintenir une composition du microbiote intestinal saine et un système immunitaire robuste.

Ainsi, selon l’auteur de cette publication, comprendre l’impact des nutriments et autres composants de notre alimentation sur le microbiote intestinal et sur l’immunité est particulièrement intéressant pour les scientifiques, notamment dans ce contexte de pandémie de la COVID-19.

Ces nutriments qui soutiennent le système immunitaire

Le système immunitaire nous protège contre les agents pathogènes, notamment les bactéries, les virus, les champignons et les parasites. En cas d’infection, il devient plus actif. Cela se traduit par une augmentation des besoins en certains nutriments -tels que glucose, acides aminés et acides gras – afin de fournir l’énergie et les éléments nécessaires à la synthèse de nouvelles cellules immunitaires et des molécules régulatrices.

Selon l’auteur, plusieurs vitamines (par exemple A, B6, B12, folate, C, D et E) et minéraux (zinc, cuivre, sélénium et fer) jouent un rôle clé dans le soutien de ce processus et la réduction des risques d’infection.

Aliments végétaux, fibres, probiotiques et immunité

Le choix d’un régime alimentaire approprié pour favoriser un microbiote intestinal en bonne santé peut également être bénéfique pour le système immunitaire. Les données récentes suggèrent que le microbiote intestinal contribue aux mécanismes de défense immunitaire en créant une barrière contre les agents pathogènes. Cependant, la composition de ce microbiote peut être affectée par le vieillissement, les antibiotiques et les maladies, et est également fortement influencée par notre régime alimentaire quotidien.

Favoriser la consommation de fibres, d’aliments végétaux ou fermentés, comme les laits fermentés qui contiennent des bactéries vivantes bénéfiques pour la santé (probiotiques), peut contribuer à maintenir un microbiote intestinal sain. Les bactéries probiotiques peuvent entrer en compétition avec les bactéries pathogènes pour les nutriments, interagir avec la paroi intestinale et les tissus immunitaires associés à l’intestin, et il est possible qu’elles puissent influencer le système immunitaire à d’autres endroits du corps.

Un régime alimentaire varié pour soutenir le système immunitaire

Le meilleur régime alimentaire pour soutenir le système immunitaire comprend une grande variété de légumes, fruits, baies, noix et graines, céréales et légumineuses ainsi que quelques viandes, œufs, produits laitiers et poissons gras. Il est recommandé de favoriser la consommation de légumes et de fruits, et de réduire celle des aliments transformés, des graisses saturées et du sucre.

« En résumé, une bonne nutrition crée un environnement dans lequel le système immunitaire est capable de répondre de manière appropriée à un défi, quelle que soit la nature de ce défi. – Calder, 2020. »

Pour en savoir plus : lire l’article original
Calder PC. Nutrition, immunité et COVID-19. BMJ Nutr Prev Health. 2020;3(1):74-92.

Note : Le professeur Philip Calder a été le lauréat du Prix Danone International de Nutrition 2016, décerné par l’Institut Danone International en collaboration avec la Fondation pour la Recherche Médicale, pour ses travaux sur « Nutrition et immunité ».

08 Mar 2021
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Interviews d'experts Santé intestinale

Microbiote intestinal et alimentation de demain

ferments Microbiote intestinal Olivier Goulet Sophie Yvon
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Le microbiote intestinal est l’un des sujets les plus étudiés par les chercheurs de nos jours:  axe intestin-cerveau, diversification du microbiote au cours de la vie et impact de l’alimentation sont des questions variées, auxquelles la science commence à apporter des réponses.  Sophie Yvon (Ecole d’ingénieurs de Purpan, Toulouse) et Olivier Goulet (Hopital Necker, Paris) échangent et nous donnent quelques éléments de réponses.

La question de cette semaine : Où en sont les connaissances sur notre microbiote intestinal ? Réponses croisées par Sophie Yvon et Olivier Goulet.

Où en est la recherche sur le microbiote intestinal ?

Sophie Yvon : La recherche sur le microbiote intestinal est l’un des domaines de recherche médicale les plus prometteurs pour la mise au point de nouveaux traitements pour de nombreuses maladies.

Les découvertes récentes sur le microbiote permettent de repenser beaucoup de concepts, notamment des concepts physiopathologiques. Cela permet aussi de revoir des concepts encore plus larges, notamment dans certaines maladies qui n’ont au départ aucun lien digestif, telle que la maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou la sclérose en plaque dont le mécanisme pathogénique pourrait être lié au microbiote. C’est en tout cas ce que les premières études suggèrent. De nombreuses équipes travaillent à travers le monde pour affiner la compréhension des mécanismes pathologiques (intestinaux, métaboliques et neurologique) et développer des traitements préventifs ou curatifs.

En quoi la question des probiotiques et produits fermentés tient-elle une place importante dans les enjeux de l’alimentation de demain ?

Olivier Goulet : J’estime personnellement que tout ce qui peut favoriser la diversité du microbiote intestinal est bienvenu. La réduction du répertoire alimentaire, je pense, en particulier, à celui des jeunes enfants constitue un risque d’appauvrissement du microbiote intestinal et, par conséquent, d’augmentation de l’incidence de maladies non transmissibles. À ce jour, il existe des études démontrant les effets bénéfiques de la consommation de yaourts avec ou sans l’addition de probiotiques, sur l’incidence de l’obésité, du diabète de type 2 et du syndrome métabolique ainsi que des maladies cardio-vasculaires. Les mécanismes précis de ces effets bénéfiques ne sont pas encore bien connus mais nous sommes encore loin de connaître tous les secrets du microbiote intestinal. C’est pourquoi, il faut poursuivre la recherche sur les effets de la consommation de produits fermentés sur le microbiote intestinal.


Le microbiote intestinal expliqué par Sophie Yvon - YINI

Sophie Yvon est enseignant-chercheur à l’Ecole d’ingénieurs de Purpan. Elle travaille sur l’axe intestin-cerveau et sur la nutrition, et donne également de son temps à la communication et vulgarisation scientifique, qu’elle partage sur ses réseaux, au théâtre, à la radio, en vidéo ou en conférence. Elle a par exemple évoqué le lien entre cerveau et intestin lors d’une conférence TEDx® à Lille ou dans une vidéo avec le média Brut®, « le ventre ce deuxième cerveau ». Vous pouvez la suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram.

 

Olivier GouletLe microbiote intestinal expliqué par Olivier Goulet - YINI est professeur de pédiatrie à l’université de Paris-Cité-Sorbonne et à la faculté de médecine de Paris Descartes. Il est actuellement chef du service de gastro-entérologie-hépatologie-nutrition pédiatrique au CHU Necker-Enfants Malades à Paris. Il est impliqué depuis plus de trois décennies dans le domaine de la nutrition infantile et de la nutrition clinique, avec un intérêt particulier pour la gestion de l’insuffisance intestinale. Il s’intéresse également à l’immunologie intestinale et au microbiote intestinal. Olivier Goulet est également le co-président de l’initiative Yogurt In Nutrition.


Vous pouvez aussi retrouver les autres questions abordées par Sophie Yvon et Olivier Goulet :

01 Mar 2021
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Interviews d'experts Les bénéfices de la fermentation Santé intestinale

Quel est le rôle de l’alimentation sur notre microbiote intestinal?

Microbiote intestinal Olivier Goulet produits fermentés Sophie Yvon
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Le microbiote intestinal est l’un des sujets les plus étudiés par les chercheurs de nos jours:  axe intestin-cerveau, diversification du microbiote au cours de la vie et impact de l’alimentation sont des questions variées, auxquelles la science commence à apporter des réponses.  Sophie Yvon (Ecole d’ingénieurs de Purpan, Toulouse) et Olivier Goulet (Hôpital Necker, Paris) échangent et nous donnent quelques éléments de réponses.

La question de cette semaine : Quel rôle peut jouer notre alimentation sur notre microbiote ? Olivier Goulet nous répond.

L’alimentation joue un rôle clé dans la composition du microbiote intestinal. Quels sont les aliments à privilégier pour le maintenir en forme ?

Olivier Goulet : Oui, bien entendu, l’alimentation influence le microbiote intestinal. Dès la naissance, il existe des différences notables, démontrées par de nombreuses études, suivant que le nouveau-né est allaité ou alimenté par une formule. Le lait de mère oriente vers l’implantation d’un microbiote intestinal riche en bifidobactéries qui, elles-même, favorisent le développement du système immunitaire intestinal (SII). Ultérieurement, la diversification de l’alimentation majore la diversité du microbiote intestinal. A ce stade, la consommation de fibres alimentaires versus celle d’aliments ultra-processés est favorable à la diversité du microbiote intestinal. A cet égard, il est maintenant bien établi que les populations proches de la nature, consommatrices de végétaux, ont une diversité supérieure à celle des populations urbaines des pays industrialisés. Notons que la diversité du microbiote intestinal est un facteur protecteur contre un certain nombre d’états pathologiques : obésité et syndrome métabolique, colites inflammatoires….

Quels sont les effets des produits fermentés et plus particulièrement des produits laitiers fermentés?

Olivier Goulet : En réalité, les effets des produits fermentés et plus particulièrement les produits laitiers fermentés ne sont pas connus de façon tout à fait approfondie. Le concept et le processus de fermentation impliquent des microorganismes, essentiellement des bactéries. Intuitivement, donc, on peut considérer qu’ils influencent le microbiote intestinal. A cet égard, le produit fermenté le plus emblématique, le yaourt, l’est, par définition, par deux bactéries parfaitement identifiées. En effet, c’est un lait fermenté par le développement de bactéries lactiques thermophiles Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus. Il est hautement probable que la consommation de produits fermentés majore la diversité du microbiote intestinal.


Olivier GouletLe microbiote intestinal expliqué par Olivier Goulet - YINI est professeur de pédiatrie à l’université de Paris-Cité-Sorbonne et à la faculté de médecine de Paris Descartes. Il est actuellement chef du service de gastro-entérologie-hépatologie-nutrition pédiatrique au CHU Necker-Enfants Malades à Paris. Il est impliqué depuis plus de trois décennies dans le domaine de la nutrition infantile et de la nutrition clinique, avec un intérêt particulier pour la gestion de l’insuffisance intestinale. Il s’intéresse également à l’immunologie intestinale et au microbiote intestinal. Olivier Goulet est également le co-président de l’initiative Yogurt In Nutrition.


Vous pouvez aussi retrouver les autres questions abordées par Sophie Yvon (Ecole d’ingénieurs de Purpan, INP) et Olivier Goulet (Hôpital Necker, Paris) :

22 Fév 2021
Lecture 5 min
Interviews d'experts Santé intestinale

L’intestin, notre 2eme cerveau?

axe cerveau microbiote intestin Microbiote intestinal neurones Olivier Goulet Sophie Yvon
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Le microbiote intestinal est l’un des sujets les plus étudiés par les chercheurs de nos jours:  axe intestin-cerveau, diversification du microbiote au cours de la vie et impact de l’alimentation sont des questions variées, auxquelles la science commence à apporter des réponses.  Sophie Yvon (Ecole d’ingénieurs de Purpan, Toulouse) et Olivier Goulet (Hôpital Necker, Paris) échangent et nous donnent quelques éléments de réponses.

La question de cette semaine : Pourquoi peut-on dire que l’intestin serait notre 2eme cerveau ? Sophie Yvon nous répond.

200 millions de neurones sont présents dans l’intestin, si bien qu’on le considère comme « notre deuxième cerveau ». Le microbiote intestinal a-t-il une influence sur cette population de neurones ?

Sophie Yvon : L’intestin et le cerveau sont étroitement connectés. Le cerveau est en contact permanent avec le tube digestif. Qui lui-même est en contact permanent avec le microbiote intestinal.  On parle alors de l’axe microbiote-intestin-cerveau. Même si les mécanismes ne sont pas encore clairement élucidés, on sait que le microbiote intestinal agit sur le cerveau, par les voies sanguines et/ou nerveuses via la sécrétion et libération de certaines molécules.

On a tendance à oublier que notre microbiote est en réalité composé d’êtres-vivants. Et comme tout être-vivant, les bactéries consomment et produisent en réponse à un environnement ou un événement. Elles vont consommer par exemple des nutriments que nous on ne peut pas digérer nous-même, et elles vont produire des vitamines ou des métabolites. Et ces métabolites peuvent stimuler les cellules du système nerveux entérique (2ème cerveau) ou passer dans la circulation sanguine et faire leur chemin jusqu’au cerveau.

La première démonstration remonte à 2004 quand une équipe japonaise montre que des animaux dépourvus de microbiote (animaux axéniques) développe une hypersensibilité au stress et à l’anxiété (1) . De plus, des études réalisées sur des souris ont montré que le transfert du microbiote de souris anxieuses vers des souris aventureuses rendent celles-ci plus craintives, et inversement. Depuis, de nombreuses études chez l’animal puis l’Homme ont confirmé et démontrer l’influence du stress sur le microbiote intestinal et inversement (2).

L’autisme a aussi fait l’objet de recherches et de nombreuses études sont actuellement en cours. Des études ont comparé les microbiotes d’enfants autistes à ceux d’enfants témoins et ont rapporté des différences significatives(3,4). La flore des enfants atteints d’autisme est moins variée et assez comparable d’un patient à l’autre. La dysbiose d’enfants autistes peut se traduire par Augmentation des Bacteroidetes et Desulfovibrio, et une diminution des Firmicutes et Bifidobacterium). Cela démontre encore une fois un lien entre le microbiote intestinal et le cerveau, ce qui permet d’en savoir plus sur ce trouble et de l’approcher d’une façon différente. Et si la clé était dans l’intestin ?

Plus récemment des études ont mis en évidence des différences notables entre la composition et la diversité du microbiote intestinal des personnes atteintes de la maladie de Parkinson et un groupe témoin. Plus récemment encore (2020), des scientifiques genevois et italiens ont apporté la preuve d’une corrélation entre le microbiote intestinal et l’apparition de plaques amyloïdes dans le cerveau, annonciatrice de la maladie d’Alzheimer dans une étude préliminaire qui ouvre la porte à un boulevard d’études complémentaires(5).


Le microbiote intestinal expliqué par Sophie Yvon - YINI

Sophie Yvon est enseignant-chercheur à l’Ecole d’ingénieurs de Purpan. Elle travaille sur l’axe intestin-cerveau et sur la nutrition, et donne également de son temps à la communication et vulgarisation scientifique, qu’elle partage sur ses réseaux, au théâtre, à la radio, en vidéo ou en conférence. Elle a par exemple évoqué le lien entre cerveau et intestin lors d’une conférence TEDx® à Lille ou dans une vidéo avec le média Brut®, « le ventre ce deuxième cerveau ». Vous pouvez la suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram.

Références :
  1. Sudo N. et al. Postnatal microbial colonization programs the hypothalamic–pituitary–adrenal system for stress response in mice. 2004. J. Physiol. 558:263–275
  2. Moloney R. D. et al. Stress and the Microbiota-Gut-Brain Axis in Visceral Pain: Relevance to Irritable Bowel Syndrome. 2016; CNS Neurosci. Ther. 22:102–117
  3. Williams B. L., Hornig M., Parekh T. & Lipkin W. I. Application of Novel PCR-Based Methods for Detection, Quantitation, and Phylogenetic Characterization of Sutterella Species in Intestinal Biopsy Samples from Children with Autism and Gastrointestinal Disturbances. 2012; mBio 3
  4. Finegold S. M. et al. Pyrosequencing study of fecal microflora of autistic and control children. 2010; Anaerobe ; 16 :444–453
  5. Marizzoni M et al. Short-Chain Fatty Acids and Lipopolysaccharide as Mediators Between Gut Dysbiosis and Amyloid Pathology in Alzheimer’s Disease. 2020; J. Alzheimers Dis; 78:683–697
15 Fév 2021
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Qu’est-ce que le microbiote intestinal?

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Le microbiote intestinal est l’un des sujets les plus étudiés par les chercheurs de nos jours:  axe intestin-cerveau, diversification du microbiote au cours de la vie et impact de l’alimentation sont des questions variées, auxquelles la science commence à apporter des réponses.  Sophie Yvon (Ecole d’ingénieurs de Purpan, Toulouse) et Olivier Goulet (Hopital Necker, Paris) échangent et nous donnent quelques éléments de réponses.

La question de cette semaine : Qu’est-ce que le microbiote intestinal ? Sophie Yvon nous répond.

Qu’est-ce qu’un microbiote ?

Sophie Yvon : Grande question ! Le microbiote correspond à l’ensemble des micro-organismes avec lesquels nous cohabitons. Des milliards et des milliards de bactéries pour l’essentiel, mais également des virus, des champignons, des protozoaires et des levures. Il y a différents microbiotes chez l’Homme selon la surface colonisée : le microbiote cutané, le microbiote vaginal, le microbiote buccal, le microbiote respiratoire…

Mais le microbiote intestinal, autrefois appelé flore intestinale, est le plus connu car aussi le plus important avec ses 1012 à 1014 micro-organismes. Il est principalement localisé dans l’intestin grêle et le colon. Ce microbiote intestinal nous accompagne dès nos premiers instants de vie, au moins dès la naissance (des études suggèrent que le fœtus pourrait rencontrer des bactéries in utero via le placenta, le liquide amniotique ou encore l’utérus(1-3) . Ces études sont cependant controversées – Affaire à suivre).

Dès la naissance, la composition du microbiote intestinal du nouveau-né va très vite être influencée selon la voie d’accouchement(4) : des bactéries vaginales de la mère comme Lactobacillus et Prevotella chez les nourrissons nés par voie basse et des bactéries de la salle d’accouchement et du personnel comme Enterococcus, Enterobacter ou Staphylococcus. L’alimentation du bébé (lait maternel ou infantile puis diversification), la prise de médicament et son environnement auront un impact sur la composition de son microbiote intestinal qui se stabilisera vers la fin de la petite enfance. Ensuite il deviendra unique. Chaque être humain sur notre planète possède un microbiote intestinal unique, un peu comme les empreintes digitales. Je me permets toutefois une nuance : unique ne veut pas dire figé. Tout au long de notre vie, notre alimentation, nos conditions de vie, notre environnement, nos changements hormonaux (puberté, cycle menstruel, grossesse,…), notre vieillissement vont avoir un impact sur l’état d’équilibre de notre microbiote intestinal. Les êtres humains se transforment tout au long de leur vie et il en va de même pour leur microbiote intestinal!

Quels sont les rôles du microbiote intestinal ?

Sophie Yvon : C’est simple : Notre microbiote intestinal est essentiel tout au long de notre vie. Plus les espèces de micro-organismes sont nombreuses et variées, mieux c’est pour notre microbiote et notre santé.

Les bactéries vont avoir différentes fonctions selon leur espèce. Certaines jouent un rôle dans la dégradation des aliments (en effet, nos propres enzymes ne permettent pas de digérer l’intégralité des nutriments que nous ingérons : les bactéries prennent alors le relais) tandis que d’autres produisent des neurotransmetteurs impliqués dans la communication intestin-cerveau. Certaines vont synthétiser des vitamines (vitamines K, B12 et B8), tandis que d’autres vont intervenir dans la production d’anticorps, ou encore vont jouer un rôle de barrière contre les microorganismes pathogènes. Par conséquent, ils luttent contre la colonisation des « mauvaises bactéries » (5).

Quand le microbiote est en bonne santé, équilibré, et varié, on parle d’eubiose.

En opposition, un microbiote fortement déséquilibré et appauvri (on parle alors de dysbiose) est associé à une multitude de troubles dans notre corps. Une multitude d’études scientifiques rigoureuses démontrent fortement et significativement le lien entre dysbiose intestinale et troubles inflammatoires intestinaux (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, cancer colorectal(6-8)…), métaboliques (diabète, obésité(9)…), et neurologiques (stress, autisme et plus récemment maladie de Parkinson et Alzheimer(10-13)).

Avec le microbiote intestinal, c’est donnant-donnant. Si on prend soin de lui, il nous le rend bien en exerçant plusieurs fonctions vitales de notre organisme entier (immunitaire, neurologique, métabolique…).  


Le microbiote intestinal expliqué par Sophie Yvon - YINISophie Yvon est enseignant-chercheur à l’Ecole d’ingénieurs de Purpan. Elle travaille sur l’axe intestin-cerveau et sur la nutrition, et donne également de son temps à la communication et vulgarisation scientifique, qu’elle partage sur ses réseaux, au théâtre, à la radio, en vidéo ou en conférence. Elle a par exemple évoqué le lien entre cerveau et intestin lors d’une conférence TEDx® à Lille ou dans une vidéo avec le média Brut®, « le ventre ce deuxième cerveau ». Vous pouvez la suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram.


Références:
  1. Collado MC et al. Human gut colonization may be initiated in utero by distinct microbial communities in the placenta and amniotic fluid; 2016; Sci. Rep.; 6; 23129
  2. Francisse E. Etablissement du microbiote intestinal: hypotheses et mécanismes d’une colonization in utero en période prénatale ; 2020.
  3. Gschwind R et al. Etablissement du microbiote : une colonisation in utero déterminante pour la santé future ?; 2018 ; Medecine Science ; 34 : 331-337
  4. Shao Y et al. Stunted microbiota and opportunistic pathogen colonization in caesarean-section birth; 2019; Nature; 574:117-121
  5. Jandhyala SM et al. Role of the normal gut microbiota; 2015; World J. Gastroenterol; 21:8787-8803
  6. Collins SM. A role for the gut microbiota in IBS; 2014; Nat. Rev. Gastroenterol. Hepatol; 11:497-505
  7. Schaubeck, M. et al. Dysbiotic gut microbiota causes transmissible Crohn’s disease-like ileitis independent of failure in antimicrobial defence; 2016; Gut; 65:225–237
  8. Louis P. et al. The gut microbiota, bacterial metabolites and colorectal cancer; 2014; Nat. Rev. Microbiol. 12:661–672
  9. Baothman O. A et al. The role of Gut Microbiota in the development of obesity and Diabetes.2016; Lipids Health Dis. 15:108
  10. Moloney R. D. et al. Stress and the Microbiota-Gut-Brain Axis in Visceral Pain: Relevance to Irritable Bowel Syndrome. 2016; CNS Neurosci. Ther; 22:102–117
  11. Li Q. et al. The Gut Microbiota and Autism Spectrum Disorders. 2017; Front. Cell. Neurosci.
  12. Parashar A. & Udayabanu M. Gut microbiota: Implications in Parkinson’s disease. 2017; Parkinsonism Relat. Disord; 38: 1–7
  13. Marizzoni M et al. Short-Chain Fatty Acids and Lipopolysaccharide as Mediators Between Gut Dysbiosis and Amyloid Pathology in Alzheimer’s Disease. 2020; J. Alzheimers Dis; 78:683–697