Le microbiote intestinal est l’un des sujets les plus étudiés par les chercheurs de nos jours: axe intestin-cerveau, diversification du microbiote au cours de la vie et impact de l’alimentation sont des questions variées, auxquelles la science commence à apporter des réponses. Sophie Yvon (Ecole d’ingénieurs de Purpan, Toulouse) et Olivier Goulet (Hopital Necker, Paris) échangent et nous donnent quelques éléments de réponses.
La question de cette semaine : Où en sont les connaissances sur notre microbiote intestinal ? Réponses croisées par Sophie Yvon et Olivier Goulet.
Où en est la recherche sur le microbiote intestinal ?
Sophie Yvon : La recherche sur le microbiote intestinal est l’un des domaines de recherche médicale les plus prometteurs pour la mise au point de nouveaux traitements pour de nombreuses maladies.
Les découvertes récentes sur le microbiote permettent de repenser beaucoup de concepts, notamment des concepts physiopathologiques. Cela permet aussi de revoir des concepts encore plus larges, notamment dans certaines maladies qui n’ont au départ aucun lien digestif, telle que la maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou la sclérose en plaque dont le mécanisme pathogénique pourrait être lié au microbiote. C’est en tout cas ce que les premières études suggèrent. De nombreuses équipes travaillent à travers le monde pour affiner la compréhension des mécanismes pathologiques (intestinaux, métaboliques et neurologique) et développer des traitements préventifs ou curatifs.
En quoi la question des probiotiques et produits fermentés tient-elle une place importante dans les enjeux de l’alimentation de demain ?
Olivier Goulet : J’estime personnellement que tout ce qui peut favoriser la diversité du microbiote intestinal est bienvenu. La réduction du répertoire alimentaire, je pense, en particulier, à celui des jeunes enfants constitue un risque d’appauvrissement du microbiote intestinal et, par conséquent, d’augmentation de l’incidence de maladies non transmissibles. À ce jour, il existe des études démontrant les effets bénéfiques de la consommation de yaourts avec ou sans l’addition de probiotiques, sur l’incidence de l’obésité, du diabète de type 2 et du syndrome métabolique ainsi que des maladies cardio-vasculaires. Les mécanismes précis de ces effets bénéfiques ne sont pas encore bien connus mais nous sommes encore loin de connaître tous les secrets du microbiote intestinal. C’est pourquoi, il faut poursuivre la recherche sur les effets de la consommation de produits fermentés sur le microbiote intestinal.
Sophie Yvon est enseignant-chercheur à l’Ecole d’ingénieurs de Purpan. Elle travaille sur l’axe intestin-cerveau et sur la nutrition, et donne également de son temps à la communication et vulgarisation scientifique, qu’elle partage sur ses réseaux, au théâtre, à la radio, en vidéo ou en conférence. Elle a par exemple évoqué le lien entre cerveau et intestin lors d’une conférence TEDx® à Lille ou dans une vidéo avec le média Brut®, « le ventre ce deuxième cerveau ». Vous pouvez la suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram.