Alimentation durable

« Eating to protect our health and our planet » : le symposium en synthèse

YINI Sympo Eating to protect our health and our planet - ICN 2022

Lors d’un symposium organisé dans le cadre du congrès international de nutrition de l’IUNS (International Union of Nutritional Sciences), à Tokyo, Japon, en décembre 2022, Yogurt in Nutrition a réuni des scientifiques internationaux dans le cadre d’une conférence sur le thème « Eating to protect our health and planet – Manger pour protéger notre santé et notre planète ».

YINI Symposium at ICN 2022 in Tokyo, Japan

L’objectif général de cette conférence était de mettre en évidence le rôle des systèmes et des diètes alimentaires, mais aussi des stratégies pouvant être mise en œuvre au sein des foyers pour construire des régimes alimentaires plus sains et plus durables. Dans cette session, présidée par Sharon Donovan et Olivier Goulet, trois experts ont partagé leurs connaissances et leurs stratégies sur les moyens d’adapter les systèmes alimentaires à des régimes plus durables : Janet Ranganathan, Frans Kok et Jess Haines.

Créer un avenir alimentaire durable

Janet Raganathan, directrice générale et vice-présidente exécutive chargée des stratégie, apprentissages et résultats au World Resources Institute (USA), a ouvert la conférence en mettant l’accent sur les principaux enjeux que les systèmes alimentaires doivent gérer.

Nourrir une population de près de 10 milliards d’habitants en 2050 nécessitera de combler trois lacunes :

  1. Combler un écart de 11 gigatonnes d’émissions de gaz à effet de serre (GES), entre les émissions agricoles prévues en 2050 et le niveau nécessaire pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C.
  2. Combler un déficit alimentaire de 56 % entre les calories produites par les cultures en 2010 et celles nécessaires en 2050.
  3. Combler un déficit foncier de 593 millions d’hectares pour éviter une nouvelle expansion de l’agriculture.

Selon Janet Raganathan, pour combler ces lacunes, il faudra adopter une stratégie de production, de protection, de réduction et de restauration, et donc

  • augmenter la production alimentaire sans étendre les terres agricoles
  • réduire les pertes et le gaspillage alimentaires
  • faire évoluer les régimes alimentaires
  • trouver des solutions pour réduire l’impact des ruminants sur l’environnement (par exemple, une production laitière plus efficace peut réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre)
  • relever les défis du rôle du carbone dans les sols agricoles.

Équilibrer l’adéquation nutritionnelle et la durabilité environnementale : que nous apprennent les études de modélisation ?

Après l’intervention de Janet Raganathan, Frans Kok, professeur émérite en nutrition et santé et ancien chef de la division de la nutrition humaine à l’université de Wageningen, aux Pays-Bas, s’est concentré sur les moyens de modifier les régimes alimentaires et de mettre en place une nutrition durable, en se basant sur plusieurs études de modélisation.

Chaque groupe d’aliments a sa propre empreinte environnementale et ses propres caractéristiques nutritionnelles, et doit donc être équilibré pour former, globalement, un régime alimentaire durable apportant à la fois une nutrition adéquate et une durabilité environnementale.

Cependant, il semble que la plupart des recommandations nutritionnelles actuelles soient incompatibles avec l’objectif de 1,5°C. Il est donc nécessaire de modifier nos habitudes alimentaires en tenant compte des quatre dimensions d’une alimentation durable : santé, économie, environnement et acceptabilité culturelle.

Pour évaluer dans quelle mesure les catégories d’aliments peuvent faire partie d’un régime alimentaire durable, des approches basées sur l’observation et des stratégies de modélisation ont été utilisées.

Les modèles montrent que le fait d’orienter le régime alimentaire vers des protéines d’origine végétale peut faciliter la transition tout en maintenant l’apport en nutriments, avec quelques points d’intérêts :

  • Les régimes végétariens et végétaliens peuvent avoir un impact positif en termes d’empreinte environnementale, mais peuvent entraîner certaines carences comme la vitamine B12, le zinc ou le fer.
  • Les produits laitiers ont un impact modéré sur la durabilité et la consommation quotidienne de 1 à 2 portions de produits laitiers peut s’inscrire dans le cadre de régimes durables et sains. Le yaourt et le lait présentent un intérêt particulier, en raison de leur richesse en nutriments et de leur faible teneur en matières grasses, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour quantifier leur impact.
  • Les régimes alimentaires durables peuvent être composés de différentes manières. Idéalement, les habitudes alimentaires et les cultures alimentaires locales actuelles devraient constituer la base du changement.

En pratique il serait pertinent d’opter pour un régime alimentaire varié, riche en végétaux, tel que le régime flexitarien, associé à une démarche de réduction du gaspillage alimentaire.

En adoptant de nouvelles habitudes de consommation alimentaire à l’échelle collective et individuelle, il devrait être possible de réduire les émissions de GES liées à l’alimentation et protéger les ressources naturelles de la planète. Il est probable que les recommandations allant dans une démarche de réduction et de substitution plutôt que d’élimination soient plus efficaces pour augmenter les chances de succès de transition alimentaire.

Promouvoir une alimentation saine et durable au sein des familles

Après la description par Frans Kok des régimes alimentaires modélisés qu’il conviendrait d’adopter, Jess Haines, professeur associé de nutrition appliquée à l’université de Guelph (Canada), s’est concentrée sur les approches pratiques et les changements de comportement.

Elle a présenté le développement, la mise en œuvre et l’évaluation d’interventions familiales destinées à promouvoir des régimes alimentaires sains et durables.

L’approche familiale vise à augmenter l’apport en protéines d’origine végétale, à développer la cuisine familiale et à réduire le gaspillage alimentaire des ménages, grâce à des interventions auprès des parents et des enfants.

La réduction des déchets alimentaires est un objectif de développement durable des Nations Unies. Environ un tiers de toute la nourriture produite est gaspillée, avec un fort taux de gaspillage alimentaire des ménages. 47 % de la nourriture gaspillée provient des consommateurs des pays développés.

La bonne nouvelle est que la préoccupation pour l’environnement est un facteur de motivation pour le changement de comportement et 41% des jeunes se déclarent concernés par le changement climatique.

Pour Jess Haines, nous devons mettre en œuvre des stratégies efficaces qui ont un impact sur les consommateurs.

Elle a donné un exemple concret d’une étude d’intervention en famille, « Weeknight Supper Savers ». Cette étude d’intervention comprenait un livre de cuisine dédié, avec des astuces et des recettes conçues pour réduire le gaspillage alimentaire, un cours de cuisine et d’éducation familiale, et un soutien comportemental. Les résultats ont montré que l’intervention pouvait réduire le gaspillage alimentaire des ménages.

Pour parvenir à une alimentation saine et durable, il faut des messages clairs, fondés sur la motivation des consommateurs, ainsi que des conseils pratiques convaincants qui permettront de lever les obstacles au changement.

Ces trois thèmes ont contribué à clarifier les principaux enjeux auxquels les systèmes alimentaires doivent faire face et ont ouvert des opportunités d’action à différents niveaux pour construire des régimes alimentaires plus durables et obtenir des changements de comportement chez les consommateurs…

Pour plus d’informations, nous vous invitons à retrouver la couverture complète du symposium en direct sur notre compte twitter @yaourtnutrition #sustainablediets2022

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