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28 Jan 2019
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Le yaourt et la santé Santé humaine

Importance du petit déjeuner chez l’enfant : quel rôle le yaourt pourrait-il jouer ?

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Le symposium YINI s’est tenu à Madrid le 25 octobre 2018 dans le cadre du IVe Congrès Mondial de Santé Publique et Nutrition (Nutrimad 2018). Ce symposium scientifique a réuni des nutritionnistes renommés pour discuter du rôle du yaourt dans le cadre d’une alimentation saine chez l’enfant.

Ana María López-Sobalern, du Département de Nutrition et Science de l’Alimentation de la Faculté de Pharmacie (Université Complutense de Madrid, Espagne), a insisté sur l’importance du petit déjeuner.

Importance du petit déjeuner

La majorité des enfants sont loin du compte lorsqu’il s’agit de consommer suffisamment de fruits entiers, de légumes et de céréales complètes. Le petit déjeuner est une bonne occasion d’introduire plus d’aliments sains et de stimuler les apports nutritionnels en général. Le Pr López-Sobaler a présenté des études qui montrent que le petit déjeuner est un facteur essentiel à la fois pour le contrôle du poids et pour l’amélioration de la qualité de l’alimentation chez les enfants.

Par exemple, le Pr López-Sobaler a

l’étude ALADINO, qui a recruté 10 899 enfants espagnols âgés de 6 à 9 ans. Les résultats de l’étude ALADINO ont montré que l’omission régulière du petit déjeuner était liée à un indice de masse corporelle plus élevé et un pourcentage plus élevé d’enfants obèses.

En ce qui concerne la qualité alimentaire, les données de l’enquête NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey, enquête nationale sur la santé et la nutrition) aux États-Unis a trouvé que sur 3443 enfants âgés de 2 à 5 ans et 5447 enfants âgés de 6 à 12 ans, les non-consommateurs de petit déjeuner avaient des apports significativement plus faibles de fibres, de folates, de fer et de calcium. Cette étude, conduite par Ramsay, et al., a trouvé que les enfants qui omettaient le petit déjeuner absorbaient près de 40 % de leurs calories quotidiennes à partir d’en-cas (557 kcal sur 1412), dont 140 kilocalories provenant de sucres ajoutés. Les chercheurs ont conclu que « Les scores totaux de qualité alimentaire, ainsi que les scores aux sous-échelles fruits, fruits entiers, céréales complètes, calories laitières et calories vides, étaient significativement plus élevés chez les enfants consommateurs de petit déjeuner. »

Qualité du petit déjeuner : meilleure avec du yaourt ?

L’inclusion de yaourt dans le petit déjeuner apporte un certain nombre d’avantages, selon le Pr López-Sobaler. Un petit déjeuner complet devrait idéalement apporter entre 20 et 25 % des besoins énergétiques quotidiens et mettre au menu des produits laitiers, des céréales complètes et des fruits.

Étude ENALIA

Le Pr López-Sobaler a étudié des enfants espagnols âgés de 6 mois à 17 ans dans le cadre de l’étude ENALIA (National Dietary Survey on the Child and Adolescent Population, enquête nationale alimentaire chez l’enfant et l’adolescent). Elle a trouvé qu’1 petit déjeuner sur 4 avait une qualité alimentaire faible et que 4,6 % seulement associaient des produits laitiers, des fruits et des céréales. Un pourcentage élevé d’enfants d’âge scolaire et d’adolescents avait un apport insuffisant de nutriments essentiels tels que le calcium, les folates ou la vitamine D. Elle a suggéré que l’inclusion du yaourt pourrait faire la différence en termes d’amélioration de l’alimentation des enfants espagnols.

Densité nutritionnelle

Le yaourt apporte un certain nombre de nutriments importants, dont les protéines, le calcium, le phosphore, le magnésium, le zinc, le sélénium, le potassium et plusieurs vitamines B. La consommation fréquente de yaourt est également associées à une consommation plus importante de fruits et de céréales complètes. Lorsque le yaourt est associé à des céréales complètes et des fruits, les enfants vont également consommer plus de fibres, de vitamine C, de vitamine A, de potassium et d’autres nutriments essentiels.

Probiotiques, prébiotiques, symbiotiques

En plus du riche éventail de nutriments contenus dans le yaourt, les bactéries vivantes présentes dans le yaourt procurent des bienfaits qui vont au-delà de la nutrition. Les souches vivantes de Lactobacillus et les bifidobactéries contenues dans le yaourt sont une riche source de probiotiques. De nombreuses études récentes ont souligné l’association entre une diversité microbienne plus importante et de meilleures conditions de santé (moins d’inflammation, risque plus faible de diabète de type 2 et d’obésité).

Lorsque des fruits sont ajoutés au yaourt, il existe un effet symbiotique provenant des fibres (notamment les fructo-oligosaccharides), des composés phénoliques, de la vitamine C, des antioxydants et des caroténoïdes contenus dans les fruits. L’association du yaourt et des fruits prolonge la survie des probiotiques à l’intérieur du tractus gastro-intestinal. Les nutriments prébiotiques présents dans les fruits associés aux cultures vivantes probiotiques contenues dans le yaourt créent un effet symbiotique qui renforce le microbiome de l’organisme, procurant des bienfaits importants pour le système digestif, le système immunitaire et la santé générale.

Messages à retenir de la présentation du Pr Ana María López-Sobaler

  • Le yaourt est un aliment avec une densité nutritionnelle élevée.
  • Les enfants qui prennent un petit déjeuner ont une alimentation contenant plus de nutriments et ils ont également une composition corporelle plus favorable que les enfants qui omettent le repas du matin.
  • Les études conduites aussi bien en Europe qu’aux États-Unis montrent que nombre des petits déjeuners consommés par les enfants ont une qualité alimentaire faible.
  • La consommation de yaourt étant associée à une consommation plus importante de fruits et de céréales complètes, le yaourt est un véhicule logique pour améliorer la qualité nutritionnelle aussi bien du petit déjeuner que de l’alimentation générale des enfants.

Sources :

  • AECOSAN (Spanish Agency for Consumer Affairs, Food Safety and Nutrition). Ministry of Health, Social Services and Equality. Estudio ALADINO 2015: Estudio de vigilancia del crecimiento, alimentación, actividad física, desarrollo infantil y obesidad en España 2015. Madrid, 2016.
  • López-Sobaler AM, Aparicio A, González-Rodríguez LG, Cuadrado-Soto E, Rubio J, et al. Adequacy of Usual Vitamin and Mineral Intake in Spanish Children and Adolescents: ENALIA Study. Nutrients. 2017 Feb 13;9(2). pii:E131.
  • Ramsay SA, Bloch TD, Marriage B, Shriver LH, Spees CK, Taylor CA. Skipping breakfast is associated with lower diet quality in young US children. Eur J Clin 2018 Apr;72(4):548-556. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29367733

Résumé rédigé par Connie Liakos, MS, RDN, CSSD, LD (twitter: @nutritionkids) – traduit en français.

21 Jan 2019
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Le yaourt et la santé Santé humaine

Pourquoi le yaourt avec des fruits est-il l’association parfaite ?

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Le symposium YINI s’est tenu à Madrid le 25 octobre 2018 dans le cadre du IVe congrès mondial de santé publique et nutrition (Nutrimad 2018). Ce symposium scientifique a réuni des nutritionnistes renommés pour discuter du rôle du yaourt dans le cadre d’une alimentation équilibrée chez l’enfant.

Nous vivons dans un environnement obésogène et les régimes alimentaires riches en énergie et pauvres en nutriments aggravent les risques de maladies cardio-métaboliques telles que le diabète de type 2, les dyslipidémies, les maladies cardiovasculaires et le syndrome métabolique. De fait, une mauvaise alimentation a aujourd’hui dépassé le tabagisme comme principal facteur de risque de maladies cardiovasculaires dans de nombreux pays. Les maladies liées à l’alimentation sont en grande partie évitables et traitables et de nombreuses habitudes hygiéno-diététiques sont apprises dans l’enfance.

Dans cette présentation stimulante, le Dr André Marette, professeur de médecine, Université de Laval, introduit la nécessité d’interventions efficaces pour contribuer à modifier les régimes et comportements alimentaires néfastes pour la santé dans l’enfance. Il insiste sur le fait que les gouvernements doivent veiller à ce que les enfants aient accès à des aliments sûrs et nutritifs.

Il a ensuite expliqué que la consommation prolongée de produits laitiers procure des nutriments essentiels pour une croissance adéquate, le développement, et le maintien de modes alimentaires sains, ainsi que pour la prévention des maladies cardiométaboliques.

Pourquoi le yaourt ?

Le Dr Marette a indiqué les raisons essentielles qui expliquent l’importance du yaourt pour la nutrition des enfants :

  • Le yaourt est un aliment riche en nutriments, contenant une association de nutriments qui sont importants pour la croissance et le développement pendant l’enfance et l’adolescence
    • Excellente source d’iode, de vitamine B12, de phosphore, de calcium, de riboflavine et de thiamine pour les enfants et les adolescents
    • Source de folates, de magnésium, de potassium et de sélénium
    • Excellent véhicule pour la fortification en vitamine D
  • Une bonne nutrition à ces étapes essentielles de la vie contribue à une bonne santé à l’âge adulte.
  • De plus en plus d’éléments suggèrent que la consommation de yaourt est associée à une moindre prise de poids et un risque réduit de diabète de type 2 chez l’adulte.
  • En tant que produit laitier fermenté riche en nutriments, le yaourt contient des bactéries vivantes et on pense que les sous-produits bioactifs de la fermentation procurent des bienfaits supplémentaires pour la santé, comme de favoriser un microbiote intestinal sain.

Le Dr Marette a tenu à souligner que les études épidémiologiques ne font pas de distinction entre le yaourt sucré, sucré artificiellement et non sucré, mais qu’elles montrent systématiquement des associations favorables, malgré la présence de sucres ajoutés.

En plus de sa densité nutritionnelle et de sa composition bioactive, le yaourt a l’avantage de pouvoir être le véhicule d’une alimentation équilibrée; les données de l’étude Framingham Heart Study Offspring ont indiqué que la qualité de l’alimentation pourrait être plus élevée chez les consommateurs de yaourt. De même que les données montrant que le score DGAI avait tendance à être plus élevé chez les consommateurs de yaourt que chez les non-consommateurs, la consommation de fibres a été significativement plus importante chez les consommateurs de yaourt dont la consommation de yaourt représentait 2 % de l’apport énergétique total.

Le yaourt peut augmenter la consommation de fruits.

Le Dr Marette a affirmé que, sur cette base, le yaourt peut augmenter la consommation de fruits. La consommation de yaourt a été associée à une moindre prise de poids et une incidence plus faible de diabète de type 2, tandis que les fruits ont des effets établis sur la réduction du risque de maladie cardiovasculaire. Donc, consommés ensemble, ils peuvent exercer des bénéfices combinés grâce à des effets prébiotiques et probiotiques potentiels.

Le Dr Marette conclut qu’à la lumière des impacts cardiométaboliques positifs des fruits et du yaourt et de leur association avec des modes alimentaires sains, il y a suffisamment de preuves pour justifier l’exploration ultérieure des bienfaits synergiques potentiels sur la santé de la consommation combinée de fruits et de yaourt.

3 messages à retenir

  1. Le yaourt est riche en nutriments et il est associé à des modes de vie et des modes alimentaires sains chez les adultes et les adolescents
  2. Le yaourt et les fruits consommés ensemble pourraient contribuer au contrôle du poids et à la réduction du risque de syndrome métabolique
  3. Les produits laitiers fermentés et les aliments riches en polyphénols (par exemple, les fruits) sont les uns et les autres associés à une diversité accrue du microbiote intestinal, un marqueur de la santé intestinale et métabolique

Application dans la pratique diététique

Trouver des façons appropriées et durables d’aider les gens à améliorer leurs comportements alimentaires fait partie intégrante des conseils diététiques. La boîte à outils du diététicien inclura systématiquement l’encouragement à la consommation de yaourt ainsi que de fruits. L’essentiel est de s’assurer que les besoins nutritionnels sont satisfaits et aussi de proposer des repas et en-cas savoureux conformes aux besoins alimentaires individuels de la personne.

Le traitement et la prise en charge de l’obésité, du diabète ou des maladies cardiovasculaires nécessite généralement une réduction de l’apport calorique tout en intégrant des aliments denses en nutriments qui satisfassent aux recommandations alimentaires pour une bonne santé. La substitution d’en-cas riches en énergie et pauvres en nutriments par des fruits et des yaourts pourrait réduire la consommation d’aliments obésogènes riches en calories. L’association yaourt / fruits se prête bien à cela et elle peut être utilisée de bien des façons savoureuses.

 

Synthèse rédigée par Azmina Govindji, RD MBDA, consultante nutritionniste & diététicienne agréée

Pour plus d’informations :

  • L’ouvrage récent du Dr Marette est le premier ouvrage scientifique qui résume la littérature sur yaourt et santé et il est un ouvrage de référence sur les études importantes portant sur le yaourt, mettant en perspective les preuves sur yaourt et santé

  • Le yaourt pour la santé : 10 conclusions basées sur des preuves

17 Jan 2019
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Les bénéfices de la fermentation

Découvrez l’exposition Microbiote à la Cité des Sciences

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Si vous passez par Paris d’ici le 4 août 2019, YINI vous invite à découvrir l’exposition « Microbiote » à la Cité des Sciences et de l’Industrie.

« Microbiote » à la Cité des Sciences et de l’Industrie

Réalisée d’après le best-seller, le « Charme discret de l’Intestin » de Giulia et Jill Enders, et conçue en partenariat avec l’INRA l’exposition « Microbiote » aborde de façon décomplexée tout ce que vous pourriez vouloir savoir sur vos intestins sans jamais oser le demander.

L’exposition est coupée en 3 parties :

Avec une visite complète et détaillée du système digestif, le visiteur pourra observer la digestion en images réelles, découvrir le rôle des différents organes dans ce processus, et comprendre les mécanismes qui sous-tendent les phénomènes d’allergie ou d’intolérance alimentaires…

Dans la deuxième partie, on passe à l’échelle microscopique pour découvrir la composition du microbiote, son fonctionnement et son rôle essentiel pour la santé. Le visiteur pourra ainsi partir à la rencontre des bactéries intestinales à travers une maquette tactile, nourrir un microbiote en choisissant des bactéries qui pourront digérer les molécules du bol alimentaire avant de visiter le « laboratoire » de l’exposition pour mieux comprendre le travail des chercheurs sur le microbiote.

Enfin, place aux précieux conseils pour maintenir en forme cette flore intestinale si précieuse.

Pour plus d’informations et billets : rendez-vous sur le site de la cité des sciences 

14 Jan 2019
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Le yaourt et la santé Santé humaine

Aliments, modes alimentaires et développement de l’obésité chez l’enfant

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Le symposium YINI s’est tenu à Madrid le 25 octobre 2018 dans le cadre du IVe congrès mondial de santé publique et nutrition (Nutrimad 2018). Ce symposium scientifique a réuni des nutritionnistes renommés pour discuter du rôle du yaourt dans le cadre d’une alimentation saine chez l’enfant.

Le Pr Luis A. Moreno est professeur de santé publique et coordinateur du groupe de recherche GENUD (Growth, Exercise, Nutrition and Development, croissance, exercice, nutrition et développement) à l’Université de Saragosse (Espagne). Dans sa présentation d’ouverture, il a passé en revue les données sur les habitudes alimentaires et les modes alimentaires chez l’enfant, en insistant sur l’association entre la consommation de yaourt et l’état de santé.

Obésité chez l’enfant

Les taux d’obésité chez l’enfant restent une préoccupation aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. On sait que la surcharge pondérale et l’obésité chez l’enfant augmentent le risque de développer des maladies non transmissibles à un âge plus jeune. Les données actuelles indiquent que les taux les plus élevés d’obésité infantile en Europe sont retrouvés dans les pays d’Europe du Sud, Chypre, la Grèce, l’Italie et l’Espagne ayant des taux d’obésité compris entre 14 et 21 % alors qu’ils sont compris entre 5 et 12 % dans les pays d’Europe du Nord.

Les causes de l’obésité sont complexes et multifactorielles, les facteurs environnementaux, génétiques et hygiéno-diététiques jouant des rôles essentiels. Aucun nutriment n’a à lui seul été catégoriquement associé au développement d’une surcharge pondérale et d’une obésité chez l’enfant, les études indiquant que les facteurs qui contribuent à l’obésité sont interdépendants, les aliments, les modes alimentaires et les habitudes alimentaires jouant tous un rôle essentiel. Des études observationnelles récentes se sont intéressées à ces relations afin d’établir des recommandations de santé publique claires pour réduire le risque d’obésité infantile.

Aliments

Produits laitiers

Les études observationnelles examinant le rôle de groupes d’aliments au regard du risque d’obésité infantile ont trouvé une association positive entre la consommation de produits laitiers et un risque d’obésité plus faible. Les enfants qui consomment des produits laitiers ont tendance à avoir un IMC, des mesures des plis cutanés et une circonférence de la taille plus faibles. L’étude de Zhu et al. (2015), qui a utilisé les données NHANES pour analyser les produits laitiers de manière plus détaillée, a identifié que la consommation de yaourt était significativement associée à une diminution du risque d’obésité ainsi qu’à une amélioration des marqueurs métaboliques (diapo 15).

Le yaourt est un aliment riche en nutriments et il est également souvent consommé avec d’autres aliments tels que des fruits, ayant ainsi un impact positif sur la qualité nutritionnelle des repas des enfants.

Sucres ajoutés

Les sucres libres ou ajoutés, en particulier sous forme de boissons sucrées dont les boissons gazeuses et les jus de fruits, ont été identifiés comme un facteur de risque potentiel d’obésité infantile, avec un impact négatif sur la qualité de l’alimentation. Les explications possibles à cela sont que les boissons riches en sucres ajoutés sont consommées à la place de boissons plus nutritives, telles que le lait, tout en contribuant de manière essentielle à l’apport énergétique total dans l’alimentation des enfants.

Modes alimentaires

L’étude IDEFICS, une étude observationnelle examinant l’adhésion à un régime alimentaire de type méditerranéen chez des enfants de 8 pays européens, a trouvé qu’un régime méditerranéen était protecteur en termes de réduction du risque d’obésité chez l’enfant (diapos 19, 20). Cette étude a également trouvé que l’adhésion n’était pas nécessairement liée à la vie dans un pays méditerranéen puisque la Suède avait le taux d’adhésion le plus élevé, suivie de l’Italie et de l’Allemagne.

Une étude de Pala V et al (2013) a examiné l’association entre le mode alimentaire et le risque de développer une surcharge pondérale / une obésité chez l’enfant (diapo 18). Cette étude a trouvé qu’une alimentation riche en légumes et en céréales complètes (qui est également caractéristique du régime méditerranéen) était protectrice vis-à-vis du risque d’obésité.

Habitudes alimentaires

Des études aussi bien longitudinales que transversales ont trouvé que l’omission du petit déjeuner est un facteur de risque pour le développement d’une obésité chez l’enfant. L’étude AVENA (2011), qui a examiné quatre facteurs de risque hygiéno-diététiques sur les graisses corporelles chez des adolescents espagnols, a trouvé que la consommation de repas plus fréquents était négativement associée au risque d’obésité et de surcharge pondérale (diapo 24).

L’étude HELENA (Healthy Lifestyle in Europe by Nutrition in Adolescence, étude transversale sur des adolescents européens) a montré que le dîner en famille était protecteur vis-à-vis du risque d’obésité chez l’adolescent car il était associé à un IMC plus faible et une meilleure qualité alimentaire (diapos 29, 30, 31). D’autres études confirment également le rôle des repas en famille pour accroître la consommation d’aliments tels que les fruits et les légumes tout en réduisant la consommation de sucreries et de boissons sucrées.

Discussion

La prévention de l’obésité chez l’enfant nécessite des interventions hygiéno-diététiques. En ce qui concerne l’alimentation, les revues systématiques ont identifié qu’il est plus efficace de se concentrer sur les aliments et les modes alimentaires pour formuler des recommandations de santé publique car cela contribue à réduire le risque d’obésité par l’amélioration de la qualité de l’alimentation des enfants et la promotion de comportements alimentaires sains.

La consommation de yaourt est associée à des habitudes alimentaires plus saines et à une amélioration des mesures de la santé telles que l’IMC et les marqueurs métaboliques, en raison peut-être de sa matrice alimentaire et du fait que les consommateurs de yaourt ont tendance à avoir une alimentation plus riche en nutriments. Ces associations positives soulignent le fait que la consommation régulière de yaourt, associée à des repas réguliers dans l’environnement familial, pourrait jouer un rôle pour améliorer la qualité de l’alimentation des enfants et réduire le risque d’obésité et de maladie chronique.

Synthèse rédigée par Charlotte Debeugny (@debeugny)

Références/liens supplémentaires :
20 Déc 2018
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Interviews d'experts Santé humaine

Calcium, aliments fermentés & bienfaits du yaourt : 3 questions à Fanny Paris, diététicienne

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Fanny Paris est attachée de recherche clinique et travaille à développer les connaissances sur l’estimation du risque individuel de complications cardiaques. Précédemment, elle a exercé en tant que diététicienne, dans des contextes variés, depuis le service de diabétologie et d’endocrinologie d’un hôpital, jusqu’au centre de rééducation pour les patients en soins de suite.

Elle s’intéresse de près à l’actualité scientifique, plus spécifiquement l’épidémiologie, l’environnement, l’épigénétique et le microbiote intestinal. Forte de sa riche expérience, nous lui avons demandé de partager son avis sur le yaourt.

Que recommandez-vous à vos patients pour la couverture de leurs besoins en calcium ?

« Chez l’adulte et l’enfant de 7 à 9 ans les besoins sont de 900 mg /jour. Ils sont de 1200 mg pour les enfants et adolescents de 10 à 19 ans, les femmes enceintes et les personnes âgées. Ils sont également revus à la hausse chez la femme ménopausée. C’est donc un élément important à apporter suffisamment par son alimentation.

Dans les habitudes alimentaires françaises, les premières sources de calcium sont les produits laitiers. Ce qui est intéressant avec ces exemples, c’est de prendre l’aliment dans son intégralité, de tenir compte de ce que l’on appelle la matrice des aliments. Ensuite, il faut aussi le prendre dans le bol alimentaire.

Classiquement, on peut les répartir dans la journée avec un bol de lait demi-écrémé (250mL) le matin, une portion de 30 à 40g de fromage le midi et deux yaourts (déjeuner, dîner, collation).Le calcium du lait et des produits laitiers est celui qui est le mieux absorbé de tous les aliments. Le reste de l’alimentation complétera les apports, notamment l’eau. Si vous choisissez une eau magnésienne et calcique, comme je le recommande notamment aux femmes ménopausées, vous êtes sûrs d’avoir le compte en fin de journée !

Des repas complets avec des produits laitiers sont ainsi l’assurance de couvrir ses besoins mais la collation est également un moment opportun. Il y a un double intérêt de la collation avec les produits laitiers : l’apport en calcium et protéines d’une part, l’hydratation d’autre part. Je pense ici aux personnes qui travaillent par quart ou prennent leur poste très tôt le matin. J’ai travaillé par exemple avec beaucoup de chauffeurs de bus. Ils travaillent soit jusque tard le soir, soit très tôt le matin. Leur alimentation est souvent désynchronisée. En plus de couvrir leur besoin en calcium, un ou deux yaourts apporteront des protéines d’excellentes qualités. Celles-ci vont permettre, dans les heures qui suivent l’ingestion, une meilleure concentration et une satiété prolongée, deux éléments très importants quand on travaille de nuit.  »

On voit en ce moment de plus en plus d’articles remettre en cause les bienfaits du yaourt. Pourtant on constate que nutritionnistes et diététiciens encouragent sa consommation. Pourquoi le yaourt devient-il un produit décrié alors que la littérature scientifique a prouvé ses bienfaits ?

« Nous sommes passés d’une ère où la parole scientifique était respectée, incontestable (à plus ou moins juste titre) à une ère où une boîte numérique va répondre à toutes vos questions via un moteur de recherche, laissant la porte grande ouverte à toutes les inepties concevables et même inconcevables. Les réseaux sociaux sont les nouveaux outils de (dés)information de masse de jeunes qui ne vont plus questionner des personnes repères ou des dictionnaires. Et c’est par ce biais que s’est répandue cette vague végétale, allant du végétarisme presque traditionnel au veganisme le plus extrémiste. Sans être anti-végétal (loin de là), il faut noter que cela influence les consommateurs.

Dans cette course à l’info permanente, c’est au journal qui fera le buzz du jour, quitte à relater une nouvelle découverte pseudo-scientifique dont le journaliste aura tôt fait de sortir une phrase de la conclusion de l’étude. Nous sommes dans un système où l’on entend en premier lieu ceux qui parlent fort. Mais souvent ce sont les dérives extrêmes que l’on entend et que l’on retient. En ce qui me concerne, je trouve qu’il est important d’être raisonnable et mesuré. Aujourd’hui, on n’entend plus la notion d’équilibre qui est absolument nécessaire dès lors qu’on parle d’alimentation.

Il faut ajouter à cela le dérèglement climatique qui est un problème majeur. Une prise de conscience collective et citoyenne en est née.

Et l’on a entendu les pouvoirs publics nous recommander de diminuer notre consommation de viande rouge au profit du végétal, tant pour les risques de cancer que pour l’environnement. Certes. L’impact s’est traduit sur les produits laitiers par voie de conséquence car issus de l’élevage.

Parallèlement, les détracteurs du lait ont augmenté le son de leur diffusion. Ce sont des pionniers de la désinformation et des lectures à libre interprétation des articles scientifiques.

Mes propos sont appuyés par les divers rapports de consommation des français par tranches d’âges mais aussi par des lectures d’articles de blog ou autres écrits par les détracteurs du lait et sympathisants. En ressort une méconnaissance de l’anthropologie, des études scientifiques rigoureuses et solides, de l’épidémiologie française et étrangère (notamment chinoise), des connaissances nutritionnelles, techniques telles qu’abordées par l’INRA, l’Inserm, le réseau Nacre etc…

Voilà pourquoi, selon moi, le yaourt est décrié et connaît une baisse de popularité. »

En tant que diététicienne, quels avantages associez-vous à la consommation d’aliments fermentés ? Est-ce que vous encouragez leur consommation ?

« L’un des premiers bienfaits de la fermentation est d’augmenter la digestibilité des aliments. Ainsi, elle augmente la biodisponibilité des vitamines, minéraux et oligo-éléments.

En fait, les produits transformés par la fermentation bénéficient, à la base, d’un ensemencement en micro-organismes. A l’issue de cette fermentation et transformations, certains de ces aliments ne comportent plus de micro-organismes vivants. C’est le cas du pain, du cidre, de la bière ou encore du vin*. D’autres, à l’inverse, en ont. C’est notamment le cas des légumes fermentés en bocaux, du kéfir, des fromages à pâtes bleus, des fromages types camembert et aussi du yaourt. Et cette flore probiotique n’est pas inactive, loin de là ! Ce sont par exemple les penicilliums des fromages bleus qui apportent de la vitamine K au produit. J’ai eu l’occasion, dans mon expérience, de me rendre compte que cet exemple des fromages bleus est une image que les gens comprennent bien. Il est possible sur cette base d’expliquer les bienfaits de la fermentation et de donner d’autres exemples. En matière d’appropriation par les gens, je trouve très intéressant le fait que beaucoup se lancent dans la production maison de produits fermentés, dès lors que les conditions de sécurité sanitaires sont respectées. On trouve par exemple beaucoup de tutoriels pour faire son yaourt ou son kéfir sur youtube(r). Néanmoins cela ne dispense pas de faire attention au taux de sucre ajouté ! Je me souviens d’une patiente qui était très heureuse de me dire qu’elle faisait ses yaourts mais en écoutant sa recette, j’ai été surprise. Un de ses yaourts apportait 30 grammes de sucres !

Pour les yaourts, les bénéfices de la fermentation sont fonction de l’augmentation de la diversité du microbiote intestinal. Ces effets ont été démontrés dans de nombreuses études sérieuses, surtout le rôle anti-inflammatoire (syndrome métabolique, obésité…). Les probiotiques agissent sur le microbiote mais sans s’y implanter. L’apport doit donc être renouvelé et quotidien. Les produits laitiers fermentés via le microbiote permettent ainsi une meilleure digestion du lactose, une gestion du poids plus efficiente, la diminution du risque de développer un diabète de type 2, l’abaissement du risque de pathologies cardio-vasculaires.

Et il y a encore un autre atout à la fermentation du yaourt : la teneur en antioxydants. De ce point de vue, il est intéressant de noter qu’on a souvent tendance à vouloir aller chercher des ressources antioxydantes dans des produits exotiques. Or notre terroir regorge de ressources riches. L’INRA avait ainsi publié un dossier extrêmement intéressant sur le triptyque français pain, fromage, vin, en démontrant l’intérêt scientifique de cette habitude alimentaire. La teneur en antioxydants est variable selon la matrice et les procédés techniques utilisés. Dans le lait, les antioxydants sont ceux de la fraction protéique, les enzymes (dont la fameuse superoxyde dismutase), la lactoferrine, les vitamines, certains acides gras et caroténoïdes…

Dans le yaourt, l’ajout de probiotiques augmente cette capacité antioxydante par l’activité protéolytique des bacilles qui libèrent les peptides bioactifs, enzymes et autres composés. Lactobacillus casei et L. acidophilus sont ceux qui ont le potentiel antioxydant le plus élevé. L’effet synergique de plusieurs probiotiques a donc un effet fantastique sur le microbiote et sur la santé générale.

Ces produits sont donc plus qu’à encourager ! Et surtout, je précise bien aux patients de ne pas jeter le liquide qui est sur le dessus du yaourt : c’est une mine d’or lactée »

Pour suivre Fanny Paris – rendez-vous sur Twitter @actunutrition et sur Linkedin

* l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération

20 Déc 2018
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Alimentation saine et équilibrée Infographies Santé humaine

Le yaourt: un produit précieux pour améliorer la santé des enfants

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Si les parents ont le pouvoir d’influencer durablement les choix alimentaires de vos enfants et ils savent aussi à quel point un aliment « sain » peut apparaître comme peu attractif aux enfants. Et pourtant, le yaourt, à la texture crémeuse et aux goûts doux, plait aux enfants et a beaucoup d’atouts. Nous avons regroupé dans une infographie, les grandes raisons qui démontrent que le yaourt est l’un des aliments de choix pour vos enfants.

Le yaourt fait partie d’une alimentation équilibrée

La part des enfants dont les apports en calcium sont insuffisant augmente significativement aprés 2 ans.  Il en est de meme pour les apports en vitamine D et en potassium. Et pourtant, ces 3 micronutriments sont apportés par le yaourt, qui est en effet une source importante de vitamine B12, riboflavine, calcium, iode, phosphore potassium et vitamine D3 (2).

De façon générale, l’étude NHANES a montré que le yaourt peut contribuer à une amélioration de la qualité du régime alimentaire durant l’enfance (1). Pour aller plus loin, les enfants qui consomment fréquemment du yaourt ont généralement un régime alimentaire plus sain, incluant plus de fruits et de céréales complètes, que ceux qui en consomment rarement.

Ces données Américaines sont confirmées en France par des données publiées récemment dans les Cahiers de Nutrition et Diététique.

Le yaourt est un faible contributeur des apports en sucres

Les produits laitiers se classent au troisième rang des contributeurs aux apports en sucres (9), à l’exception des apports en sucres totaux chez les jeunes enfants (deuxième rang). Ils contribuent proportionnellement plus aux apports de sucres totaux (12 à 22 %) qu’à ceux de sucres ajoutés ou libres (6 à 12 %), en raison de la présence naturelle dans le lait de lactose (un disaccharide), à hauteur de 4,5 g pour 100 ml. Le lait fournit 10 % des sucres totaux chez les enfants (expliquant cette place de deuxième contributeur) et 4,5 % chez les adultes, qui en consomment moins. Les yaourts et autres laits fermentés, fromages blancs et petits-suisses apportent de 5 à 11 % des sucres selon la classe d’âge et le type de sucres.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que dans le cadre de la consommation de yaourt natures, les consommateurs français ont tendance à sous-estimer la quantité d’agent sucrant (sucre, miel, confiture…) qu’ils ajoutent. L’agent sucrant augmente  l’appréciation du yaourt et serait donc en faveur d’une consommation plus régulière de ce type de produits. Néanmoins, afin de préserver l’intérêt nutritionnel des yaourts nature « sucrés maison », dans la mesure où des recommandations incitent à limiter l’apport de sucres, il est important que les consommateurs apprennent à contrôler la quantité ajoutée (8).

La consommation de yaourt a un impact positif sur la santé:

  • Les consommateurs de yaourt ont moins de risques d’être en surpoids (2)
  • La consommation de yaourt est associé à un profil d’insuline améliorée chez les enfants et adolescents (1)
  • la consommation de yaourt est associée à une masse graisseuse moins importante, à un IMC plus faible et à un tour de taille plus petit
  • Une consommation de yaourt est associée à une réduction de certains facteurs de risques cardiovasculaires (5)
  • La consommation de yaourt est associée à une meilleure qualité de vie chez les garçons (6).

Le yaourt est une denrée alimentaire accessible, facile à digérer et savoureuse, qui fournit les nutriments importants aux enfants et aux adolescents, et fait donc partie intégrante d’un régime alimentaire équilibré et riche en nutriments lors du développement et de la croissance. Marette et al, 2014

Sources:

  1.  Zhu Y et al. Eur J Nutr 2015;54(4):543–50.
  2. Keast DR et al. Nutrients 2015;7:1577–1593.*
  3. Williams EB et al. British Nutrition Foundation Nutrition Bulletin 2015;40:9–32.
  4. Azais-Braesco V et al. Nutr J 2017;16(1):6
  5. Moreno LA et al. Nutrition Reviews 2015;73(S1):8–14.
  6. Gopinath B et al. J Am Coll Nutr 2016;35(6):552–58.
  7. Marette A et al. Am J Clin Nurt 2014;99(5):1243S–7S.
  8. Saint-Eve A. et al, Cahiers de Nutrition et de Diététique. 2017 ; 52 (S1) : S81-S86
  9. Azaïs-Braesco V. et al, Cahiers de Nutrition et de Diététique. 2017 ; 52 (S1) : S58-S65.

 

 

06 Déc 2018
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Alimentation saine et équilibrée

Enfants et adultes forts consommateurs de sucres libres en France : quels changements alimentaires pour respecter les recommandations nutritionnelles ?

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En France, la proportion d’individus forts consommateurs de sucres libres est beaucoup moins élevée chez les adultes que chez les enfants. Une forte majorité de ces derniers dépasse la limite fixée par l’Organisation Mondiale de la Santé, avec une consommation notable en dehors des repas. L’alimentation des enfants tout comme celle des adultes forts consommateurs de sucres libres, est de moins bonne qualité nutritionnelle, mais peut généralement être optimisée par une diminution des produits sucrés, des boissons sucrées et des jus de fruits et une augmentation de l’eau, des fruits, des légumes, des féculents et des produits laitiers chez les 7 à 17 ans. 

Dans un contexte d’augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité, les apports en sucres sont de plus en plus pointés du doigt. En outre, une consommation élevée de sucres ajoutés a été associée à une alimentation de moindre qualité nutritionnelle, avec de faibles apports en micronutriments. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que la lutte contre la consommation excessive de sucres est une priorité et recommande depuis 2003 de limiter l’apport en sucres libres (SL) à moins de 10 % de l’apport énergétique (soit 50 g pour un apport de 2 000 kcal), aussi bien chez les adultes que chez les enfants (1). En France, il existe une recommandation sur les sucres totaux (hors lactose et galactose) pour les adultes, récemment proposée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et fixée à moins de 100 g par jour (2). Des chercheurs français ont mené une étude afin d’estimer la proportion d’enfants et d’adultes forts consommateurs de SL, de décrire leur diète et de modéliser les changements alimentaires nécessaires pour qu’ils respectent l’ensemble des recommandations nutritionnelles, y compris la recommandation de l’OMS sur les SL.

Le terme « sucres libres » regroupe les sucres ajoutés lors des procédés industriels, des préparations culinaires ou de la consommation et les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus et les concentrés de fruits.

Le pourcentage d’individus dépassant la recommandation de l’OMS décroît avec l’âge

L’étude est basée sur les données de consommation de l’enquête alimentaire INCA 2, réalisée en 2006-2007 sur un échantillon représentatif de la population française. Les apports nutritionnels ont été estimés à partir de la table de composition nutritionnelle Ciqual 2013, complétée des teneurs en SL. L’échantillon d’analyse descriptive comprend 1 380 enfants âgés de 3 à 17 ans -répartis en trois classes d’âge : 3-6 ans (n = 230), 7-11 ans (n = 412) et 12-17 ans (n = 738)- et 1 719 adultes âgés de 20 à 75 ans. Au sein de chacune des classes d’âge, l’échantillon a été séparé en deux sous-populations : les « SL-Compliants », pour les individus respectant la recommandation de l’OMS en SL et les « SL-Excès », pour ceux ne la respectant pas.

Contribution en sucres - diete optimisée vs observée

L’apport en SL représente respectivement 14,7% et 9,5% de l’apport énergétique des enfants et des adultes (chez les adultes, cet apport ne prend pas en compte les boissons alcoolisées, dont les SL contribuent à seulement 0,16 % de l’apport énergétique total). Le pourcentage de consommateurs SL-Excès est de 83 % chez les enfants et de 41 % chez les adultes. Il est décroissant avec l’âge : 92 % chez les 3-6 ans, 86% chez les 7-11 ans, 75% chez les 12-17 ans…et 21 % chez les 65-75 ans (Voir figure 1). Le fort pourcentage de SL-excès chez les enfants s’explique par des apports en SL (en g par jour) proches de ceux des adultes, malgré des apports énergétiques plus faibles.

CND-YINI Apports en sucres libres
Figure 1 : Apports en sucres libres (A) et pourcentages des individus SL-Compliants et SL-Excès (B) dans la population française. A. Distribution des apports en sucres libres exprimés en % de l’apport énergétique total chez les enfants et les adultes, représentée par une boîte à moustaches. Les extrémités de la boîte correspondent au 1er quartile (Q1) et au 3e quartile (Q3) de la distribution. Le trait vertical au milieu de la boîte représente la médiane et les moustaches sont définies comme 1,5 fois l’espace interquartile (différence entre le Q3 et Q1). B. Répartition des individus SL-Compliants et SL-Excès chez les enfants et les adultes et par classe d’âge.

La part des sucres libres consommés hors repas est plus importante chez les forts consommateurs de SL.

Quelle que soit la tranche d’âge, les SL-Excès ont un apport énergétique hors des repas principaux plus important que les SL-Compliants (de 75 à 171 kcal). Chez les enfants de 3-6 ans et de 7-11 ans, l’apport énergétique journalier est équivalent entre les SL-Excès et les SL-Compliants. Chez les adolescents de 12-17 ans et les adultes, il est en revanche plus élevé pour les SL-Excès que les SL-Compliants. Quel que soit la tranche d’âge ou le moment de consommation, les SL-Excès consomment plus de SL que les SL-Compliants (au total, plus 31,4 à 45,2 g par jour), notamment lors des consommations hors repas, qui fournissent 34 à 46 % des apports supplémentaires en SL. Chez les enfants, l’apport énergétique des consommations hors repas provient principalement de prises alimentaires entre le déjeuner et le dîner. La méthodologie d’INCA 2 ne permet pas d’attribuer la totalité de la prise alimentaire entre le déjeuner et le dîner au moment spécifique du goûter, mais ces résultats suggèrent que les enfants SL-Excès seraient des plus grands consommateurs de goûters, moment où la prise alimentaire est principalement composée de produits au goût sucré.

Dans la diète des SL-Excès, les SL sont apportés principalement par les produits sucrés (biscuits, pâtisseries, chocolats, bonbons…) : de 30,7 à 53,9 % des apports totaux selon la classe d’âge et les boissons : de 18,6 à 33,3 %. Ils proviennent dans une moindre mesure des produits laitiers : de 5,1 à 11,5 %.

Globalement, comparés aux SL-Compliants, les SL-Excès ont un Mean Excess Ratio (MER : indicateur d’une moindre qualité nutritionnelle) supérieur, expliqué par les apports plus élevés en SL. Chez les adultes, les SL-Excès ont un Mean Adequacy Ratio (MAR : indicateur d’une bonne qualité nutritionnelle) inférieur. Ces résultats sont en accord avec ceux d’une revue récente, qui montre que les apports en sucres sont associés à une plus faible qualité nutritionnelle des diètes.

L’optimisation de l’alimentation des forts consommateurs de sucres libres modifie la part des différents groupes d’aliments.

Dans la sous-population SL-Excès, une approche de modélisation individuelle a été appliquée, de façon à obtenir, pour chaque diète observée une diète optimisée respectant un ensemble de 33 recommandations nutritionnelles, dont la recommandation de l’OMS sur les SL. L’objectif était de simuler une diète nutritionnellement adéquate la plus proche possible de celle de départ. Cette modélisation a été réalisée pour chaque individu et à calories constantes. Il a toutefois été impossible de trouver une optimisation pour 1 adulte et 175 enfants, notamment 40% des SL-Excès âgés de 3 à 6 ans. Cette infaisabilité était due à l’incompatibilité entre les contraintes nutritionnelles, les contraintes d’acceptabilité et le répertoire alimentaire de ces individus. L’optimisation, qui diminue les SL de 26 à 30 g par jour selon la classe d’âge, passe en effet par une modification de la part respective des différents groupes d’aliments.

Moins de produits sucrés, de boissons sucrées et de jus de fruits

Le groupe des produits sucrés se trouve diminué dans toutes les classes d’âge, de 41 à 77 g par jour et cette baisse concerne tous les aliments de ce groupe (pâtisseries, chocolats…).

L’optimisation diminue les boissons sucrées et les jus de fruits, respectivement de 69 à 141 g par jour, soit une réduction de 0,5 à 0,9 portion par jour (voir Figure 2).

CND-YINI - changements alimentaires
Figure 2 : Changements alimentaires (entre les diètes observées et optimisées) par groupes d’aliments (a) au sein des populations SL-Excès optimisables (b) des enfants (3-6 ans, 7-11 ans, 12-17 ans) et des adultes. (a)Les fortes variations positives du groupe « Eaux et boissons » chez les enfants sont en grande partie liées à une forte augmentation de l’eau. (b)Individus dont l’apport en sucres libres est supérieur à 10 % de l’apport énergétique total et dont la diète peut être optimisée : ils représentent 60 % des 3-6 ans SL-Excès, 91 % des 7-11 ans SL-Excès, 89 % des 12-17 ans SL-Excès et 99,9 % des adultes SL-Excès. Toutes les variations sont statistiquement significatives à l’exception des valeurs en gris.

Plus d’eau, de fruits et légumes, de féculents et pour les 7-17 ans de produits laitiers

L’optimisation augmente fortement l’eau chez les enfants (3-17 ans), de 257 à 554 g par jour, pour respecter la recommandation d’apport en eau de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Selon la classe d’âge, elle majore la quantité de fruits et légumes de 91 à 236 g par jour, soit 1 à 3 portions et de féculents de 77 à 134 g par jour, soit environ 1 portion. Le groupe des produits laitiers se trouve augmenté chez les 7-11 ans de 49 g par jour et les 12-17 ans de 125 g par jour. Il reste stable chez les adultes et est diminué chez les 3-6 ans de 37 g par jour (voir Figure 2). Ces variations s’expliquent par l’augmentation des laits et yaourts nature chez les 7-11 ans, les 12-17 ans et les adultes, alors que la consommation de fromages est fortement diminuée quelle que soit la tranche d’âge et tout particulièrement chez les 3-6 ans. Pour cette tranche d’âge, les diètes optimisables concernent des enfants ayant déjà des apports élevés en calcium (1er quartile de la distribution, supérieur à l’apport nutritionnel conseillé) et des consommations importantes de produits laitiers (378 g par jour en moyenne) (voir Figure 3).

CND-YINI - Impact de l'optimisation sur les produits laitiers
Figure 3 : Impact de l’optimisation sur les quantités de produits laitiers chez les consommateurs SL-Excès optimisables, pour les enfants et les adultes. *Significativement différent par rapport aux diètes observées.

En conclusion : les laitages sucrés ont leur place dans la diète optimisée des forts consommateurs de SL

Dans toutes les classes d’âge, la réduction des SL permet de diminuer les sucres totaux, ce qui va dans le sens des recommandations de l’OMS et de l’Anses. Elle est obtenue principalement par une diminution des produits sucrés, des boissons sucrées et des jus de fruits, qui sont les deux plus gros contributeurs en SL dans les diètes observées. Pour les produits laitiers, troisièmes contributeurs des SL avec les laits aromatisés, yaourts et fromages frais sucrés, une moindre diminution des SL et même une augmentation chez les 12-17 ans, est observée. Ceci s’explique par le fait que les diètes modélisées doivent respecter un ensemble de contraintes sur les macro- et micronutriments. Les aliments contenant des SL et apportant des nutriments favorables (minéraux,vitamines…) ne sont pas systématiquement diminués : les produits laitiers sucrés contiennent des SL, mais contribuent de manière non négligeable aux apports en calcium.

Références :
Pour en savoir plus, lisez l’article original : Maillot M., Privet L., Vaudaine S., Lluch A., Darmon N. Enfants et adultes forts consommateurs de sucres libres en France : quels changements alimentaires pour respecter les recommandations nutritionnelles ? Cahiers de Nutrition et de Diététique. 2017 ; 52 (S1) : S66-S79.

26 Nov 2018
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La consommation modérée de yaourts et fromages associée à une alimentation favorable pour la santé

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On nous invite tous à suivre un régime méditerranéen à base de fruits et légumes, poissons et produits laitiers fermentés. Ce régime semble faire partie de la formule qu’ont trouvée les habitants du pourtour méditerranéen pour jouir d’une vie longue en bonne santé. L’inclusion de produits laitiers tels que le yaourt et le fromage dans cette alimentation favorable à la santé est un bon moyen d’ingérer des bactéries bonnes pour l’intestin et des quantités de protéines, de vitamines et de minéraux. Les preuves disponibles suggèrent que le fromage, en particulier, pourrait aussi contribuer à réduire les facteurs de risque liés aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux.

Les auteurs de cette étude ont examiné les habitudes alimentaires des personnes âgées en surpoids en Espagne, ayant des facteurs de risque les prédisposant à subir une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral (AVC). Ces facteurs de risque cardiométaboliques pourraient notamment inclure un excès de graisse autour de la taille, une pression artérielle élevée, des taux élevés de sucre dans le sang/un diabète de type 2, de faibles taux sanguins de « bon » cholestérol (HDL-cholestérol) et/ou des taux sanguins élevés de triglycérides.

Les personnes qui consomment du yaourt et du fromage ont une alimentation plus saine

Presque toutes les personnes évaluées par les auteurs consommaient au moins certains produits laitiers fermentés. Les personnes qui consommaient fréquemment du yaourt ou du fromage avaient une alimentation globale plus saine que les personnes qui consommaient occasionnellement ces aliments. Les consommateurs fréquents d’aliments fermentés consommaient plus de fruits, de légumes, de poisson, de fruits à coque et de pain complet et moins de pain blanc, de biscuits et d’alcool que les consommateurs occasionnels.

« Nos résultats montrent que les forts consommateurs de produits laitiers fermentés avaient une qualité d’alimentation meilleure et une plus grande observance du régime méditerranéen que les petits consommateurs. » – Mena-Sánchez et al, 2018.

Les produits laitiers fermentés ont-ils une influence sur le risque de développer des maladies ?

Les auteurs ont trouvé que la consommation totale de yaourt et de fromage n’était associée à aucun des facteurs de risque de maladie cardiaque et d’AVC.

Ils n’ont également retrouvé aucune association lorsqu’ils ont examiné la consommation totale de yaourt ou la consommation spécifique de yaourt entier ou de yaourt allégé.

Le fromage est lié à une amélioration des lipides (graisses) dans le sang

Dans l’étude de la population générale, la consommation fréquente de yaourt a été associée à une réduction de 12 % du risque d’avoir de faibles taux sanguins de « bon » HDL-cholestérol. Elle a également été associée à une réduction de 17 % du risque d’avoir des taux sanguins élevés de triglycérides.

« … les personnes situées dans les quartiles supérieures de la consommation de fromage avaient une prévalence plus faible d’hypo-HDL-cholestérolémie et d’hypertriglycéridémie …. » – Mena-Sánchez et al, 2018.

Les auteurs tiennent à ce que d’autres études soient réalisées afin d’examiner les effets des produits laitiers fermentés sur les facteurs de risque de manière à pouvoir donner aux gens des conseils alimentaires précis. La prévention de l’inflammation pourrait être plus importante que les taux sanguins de cholestérol pour en expliquer les bénéfices, selon les auteurs.

Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Mena-Sánchez G, Babio N, Martínez-González MÁ et al. Fermented dairy products, diet quality, and cardio–metabolic profile of a Mediterranean cohort at high cardiovascular risk. Nutr Metab Cardiovasc Dis. 2018.
19 Nov 2018
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Le yaourt, un aliment nutritionnellement dense

Matrice laitière : Pourquoi y-aurait-il des différences dans les nutriments apportés par les produits laitiers?

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Nous savons tous que les produits laitiers sont une source riche de plusieurs nutriments bons pour la santé, notamment les protéines et le calcium. Mais saviez-vous que les différentes structures et textures des produits laitiers peuvent avoir un impact sur la quantité de ces nutriments qui parvient jusque dans votre circulation sanguine ?

C’est pourquoi les produits fermentés tels que le yaourt pourraient présenter certains avantages nutritionnels par rapport aux produits laitiers non fermentés. Une meilleure compréhension de la structure des produits laitiers et de l’absorption des nutriments pourrait ouvrir la voie au développement de produits laitiers innovants permettant d’améliorer le statut nutritionnel des personnes âgées ou obèses.

L’essentiel de ce que nous savons d’une alimentation saine provient d’études sur les effets de nutriments isolés (par exemple, protéines, graisses, vitamines, minéraux) sur la santé. Mais nous savons désormais que la relation entre nutrition et santé est beaucoup plus complexe que cela. Pour commencer, nous ne consommons pas de nutriments isolés en tant que tels, mais un mélange d’aliments entiers. Les études ont montré que les différentes structures et textures des produits laitiers peuvent déterminer la façon dont les nutriments sont digérés et absorbés par notre corps.

Qu’est-ce qu’une matrice alimentaire ?

Les aliments laitiers sont un mélange complexe de divers nutriments et autres composants qui forment ensemble la « matrice alimentaire ». Il existe trois grands types de matrice laitière – liquide (lait et certains laits fermentés), semi-solide (yaourt et certains fromages frais) et solide (la plupart des fromages). La valeur nutritionnelle des produits laitiers dépend non seulement des nutriments qu’ils contiennent mais aussi de leurs structures matricielles, selon les auteurs de cet article.

L’effet de la matrice alimentaire signifie que la teneur en nutriments d’un aliment n’est pas nécessairement prédictive de ses propriétés en matière de santé. Le fromage en est un bon exemple. Si le fromage contient quantité de graisses saturées, qui sont liées à des taux élevés de graisses nocives dans le sang et aux maladies cardiaques, les études n’ont pas montré que la consommation de fromage augmente le risque de maladie cardiaque.

Qu’est-ce que la biodisponibilité ?

Les nutriments présents dans les aliments que nous consommons ne sont pas tous absorbés au cours de leur passage dans notre intestin. La biodisponibilité fait référence à la proportion d’un nutriment présent dans un aliment qui est absorbée dans notre circulation sanguine et qui est disponible pour utilisation par notre corps.

Les méthodes de transformation peuvent affecter la biodisponibilité des nutriments dans les produits laitiers

Les méthodes de transformation utilisées pour fabriquer les produits laitiers que nous consommons peuvent affecter la biodisponibilité des nutriments. La fermentation du lait pour obtenir du yaourt ou du fromage libère, à partir des protéines, certains acides aminés qui peuvent être absorbés directement et qui pourraient également améliorer la digestion des protéines dans l’intestin. La fermentation semble également augmenter la solubilité du calcium dans l’intestin de sorte qu’il est plus facilement absorbé.

Les produits laitiers plus solides tels que le yaourt et le fromage peuvent retarder le transit intestinal et être dégradés moins rapidement au cours de la digestion, les nutriments sont donc absorbés plus progressivement et nous pourrions avoir une sensation de satiété plus durable.

« On pense que la fermentation lactique est responsable de la formation de nouveaux peptides pendant la digestion gastro-intestinale. Comparativement au lait, le yaourt pourrait également retarder la délivrance intestinale d’azote mais pas son absorption finale. » – Fardet et al, 2018.

L’homogénéisation du lait qui empêche la séparation de la crème entraîne une réduction de la taille des gouttelettes de graisse. Cela augmente la surface sur laquelle les enzymes de digestion des graisses peuvent agir, libérant plus d’acides gras qu’il ne peut en être absorbé.

Comprendre la matrice laitière pourrait améliorer la nutrition

L’effet matrice des produits laitiers doit être examiné de plus près, selon les auteurs. Cette connaissance pourrait être utilisée à bon escient. Des matrices laitières différentes pourraient être mieux adaptées à des groupes particuliers de personnes. Par exemple, les personnes âgées pourraient tirer bénéfice de produits laitiers qui permettent l’absorption rapide de taux élevés de nutriments, tandis que les personnes obèses pourraient tirer bénéfice de produits qui libèrent plus lentement les nutriments.

« Les données recueillies montrent une cinétique de biodisponibilité différente des acides aminés, des acides gras et du calcium en fonction des propriétés physico-chimiques de ces matrices [laitières], dont la compacité, la dureté, l’élasticité, le rapport protéines/lipides, le rapport P/Ca [phosphore/calcium], l’effet des ferments, la taille des globules graisseux et peut-être d’autres paramètres qualitatifs qu’il reste à découvrir. » – Fardet et al, 2018

Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Fardet A, Dupont D, Rioux L-E et al. Influence of food structure on dairy protein, lipid and calcium bioavailability: a narrative review of evidence. Crit Rev Food Sci Nutr. 2018 Feb 2:1-24
15 Nov 2018
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Alimentation saine et équilibrée

Apports en sucres et principaux contributeurs dans la population française

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Évaluée par une analyse des données de l’enquête représentative INCA 2, la consommation des Français de sucres ajoutés et de sucres libres est élevée et excède le niveau recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé chez les enfants et les adolescents. Les produits sucrés et les boissons sont les principaux contributeurs aux apports de sucres totaux et libres. Les fruits, légumes et produits laitiers, quant à eux, contribuent plus aux apports de sucres totaux qu’à ceux de sucres libres. De telles données pourraient être utilisées afin de définir des mesures de santé publique.

La lutte contre l’excès de sucres dans l’alimentation est aujourd’hui considérée comme une priorité de santé publique, justifiée par l’augmentation des risques de pathologies (caries dentaires, surpoids, maladies cardiovasculaires et métaboliques) observée chez les forts consommateurs. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande une consommation de sucres libres inférieure à 10 % de l’apport énergétique total, ce qui génère de multiples réflexions sur les mesures à mettre en place pour atteindre cet objectif (1). L’adoption de politiques efficaces implique une bonne connaissance du niveau de consommation et de ses caractéristiques. Concernant la France, les données de l’enquête représentative de l’étude INCA2 ont été retraitées, afin de préciser les apports en sucres totaux, en sucres ajoutés et en sucres libres. Les teneurs en sucres ajoutés ou libres ne figurant pas dans les tables de composition, ont été approchées à partir de recettes moyennes fournies par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et des teneurs en sucres des ingrédients bruts fournies dans les tables ou par expertise nutritionnelle. Des analyses ont été réalisées selon l’âge, le niveau d’éducation du chef de famille et le niveau social.

  • Le terme « sucres » est conventionnellement utilisé pour décrire les mono- et disaccharides (à l’exclusion des polyols), le « sucre » (au singulier) ne représentant que le saccharose.
  • Les « sucres ajoutés » sont les mono- et les disaccharides ajoutés aux aliments et aux boissons par le fabricant, le cuisinier ou le consommateur.
  • Les « sucres libres » comprennent les sucres ajoutés, ainsi que les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruits et les concentrés de jus de fruits.
  • Les « sucres intrinsèques » sont les sucres naturellement présents dans les aliments, notamment dans les fruits et légumes, ainsi que dans le lait et ses dérivés.
  • Les « sucres totaux » correspondent à l’ensemble des sucres présents, quelle que soit leur origine.

Nomenclature des sucres d’après l’OMS et l’Afssa.

Des apports en sucres libres trop élevés chez les enfants et les adolescents

Les apports en sucres totaux sont de l’ordre de 90 à 95 g par jour, chez les enfants comme chez les adultes. Les sucres totaux contribuent ainsi aux apports énergétiques de façon décroissante avec l’âge : 23,2 % chez les jeunes enfants et 16,4 % chez les adultes (voir Tableau 1). Le caractère transversal de ces données ne permet pas d’évaluer dans quelle mesure l’effet de l’âge est principalement dû à des différences d’habitudes alimentaires dans les tranches d’âge considérées ou bien s’il s’accompagne d’un effet de génération, qui pourrait conduire les enfants et adolescents forts consommateurs de sucres à maintenir cette préférence à l’âge adulte et donc à consommer plus de sucres que leurs parents au même âge.

L’effet de l’âge est encore plus marqué lorsque l’on considère les sucres ajoutés et les sucres libres : les sucres ajoutés sont consommés en moins grande quantité et contribuent moins aux apports énergétiques chez les adultes (45,4 g par jour, soit 8 % de l’énergie quotidienne) que chez les enfants de 7 à 11 ans (59,5 g par jour, soit 12,8 %). Chez les enfants et les adolescents, la consommation de sucres ajoutés, comme celle des sucres libres, dépasse la recommandation de l’OMS.

A tout âge, les quantités de sucres consommées sont significativement plus importantes chez les garçons et les hommes que chez les filles et les femmes, ce qui est à mettre en rapport avec des apports énergétiques plus élevés. Les niveaux de consommation de sucres en fonction du niveau d’éducation du chef de famille ne montrent pas de différences significatives quel que soit l’âge ou le type de sucres. Quel que soit l’indicateur utilisé, le niveau social ne paraît pas affecter la consommation de sucres ni leur contribution à l’apport énergétique chez les adultes. En revanche, les enfants des catégories socioprofessionnelles supérieures consomment significativement plus de sucres totaux, mais pas plus de sucres libres. Ils ont donc un apport de sucres intrinsèques (fruits, produits laitiers…) plus élevé.

Il est délicat de comparer les niveaux d’apports entre les différents pays européens, les caractéristiques des enquêtes étant variables. Néanmoins, dans tous les pays pour lesquels des données sont disponibles (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Irlande, Danemark, Norvège, Hongrie et France), les enfants consomment plus de sucres que les adultes en proportion de l’ingéré énergétique et les sucres ajoutés représentent une part plus importante des sucres totaux chez les enfants que chez les adultes. Ainsi pour la France, les sucres ajoutés représentent environ 50 % des sucres totaux chez les adultes et 61 % chez les enfants et adolescents. La prise en compte des sucres libres augmente ce pourcentage d’environ neuf points. Cette proportion élevée justifierait de cibler les sucres ajoutés pour agir sur l’apport total en sucres.

CND - Apports en sucres - tableau 1Apports en sucres de la population française
Tableau 1 : Apports en sucres de la population française. D’après les données de l’enquête représentative INCA 2 (2006-2007) (2). P1 : value de l’effet genre obtenue par modèle linéaire généralisé prenant en compte la méthode d’échantillonnage d’INCA 2 ainsi que les pondérations nécessaires à la représentativité des populations. SD : déviation standard

Les produits sucrés et les boissons, premiers contributeurs aux apports de sucres totaux et libres

apports en sucres de l'alimentation

Environ 90 % des sucres, qu’ils soient totaux, libres ou ajoutés, sont apportés par cinq groupes d’aliments : fruits et légumes, produits laitiers (lait, yaourts et autres laits fermentés…), desserts laitiers et entremets, produits sucrés (biscuits, viennoiseries, pâtisseries, chocolats…) et boissons (jus de fruits, nectars, boissons rafraîchissantes sans alcool, boissons chaudes…) (voir Figure 1).

Les produits sucrés sont les contributeurs les plus importants : ils apportent environ un tiers des sucres totaux, quel que soit l’âge et pour les sucres ajoutés, le pourcentage atteint près de 50 % chez les enfants et adolescents et plus de 60 % chez les adultes. Les bonbons et chocolats sont de gros contributeurs au sein de cette catégorie fournissant environ 20 % des sucres ajoutés chez les enfants et 35 % chez les adultes. Les biscuits et pâtisseries sont également de forts contributeurs apportant environ 22 % des sucres ajoutés, quel que soit l’âge.

Les boissons apportent de 17 à 24 % des sucres totaux et sont les deuxièmes contributeurs aux apports en sucres ajoutés ou libres dans toutes les classes d’âge. Les boissons rafraîchissantes (sodas) ont une contribution plus importante aux apports en sucres chez les adolescents que chez les adultes ou les enfants. Les jus et nectars de fruits contribuent à environ 8, 9 et 6 % des apports en sucres totaux des enfants (3-6 ans et 7-11 ans), adolescents et adultes, respectivement. Conformément à la réglementation, les jus de fruits ne contiennent pas de sucres ajoutés : leurs sucres sont comptabilisés en tant que sucres libres et contribuent à hauteur de 9 à 12 %.

Les produits céréaliers, dont la part est plus modeste, contribuent plus aux apports en sucres des enfants et adolescents, en particulier en sucres ajoutés ou libres, qu’à ceux des adultes. Cela est surtout dû à une plus grande consommation de céréales de petit-déjeuner par les plus jeunes, qui fournissent 7 à 8 % des sucres ajoutés chez les enfants et adolescents.

Les fruits, légumes et produits laitiers, plus grands contributeurs aux apports de sucres totaux qu’à ceux de sucres ajoutés ou libres

Les produits laitiers se classent au troisième rang des contributeurs aux apports en sucres, à l’exception des apports en sucres totaux chez les jeunes enfants (deuxième rang). Ils contribuent proportionnellement plus aux apports de sucres totaux (12 à 22 %) qu’à ceux de sucres ajoutés ou libres (6 à 12 %), en raison de la présence naturelle dans le lait de lactose (un disaccharide), à hauteur de 4,5 g pour 100 ml. Le lait fournit 10 % des sucres totaux chez les enfants (expliquant cette place de deuxième contributeur) et 4,5 % chez les adultes, qui en consomment moins. Les yaourts et autres laits fermentés, fromages blancs et petits-suisses apportent de 5 à 11 % des sucres selon la classe d’âge et le type de sucres.

Un autre contributeur important est le groupe des desserts lactés et entremets, qui apporte 4 à 6 % des sucres totaux et 7 à 10 % des sucres ajoutés. Ces produits sont souvent riches en sucres et peuvent être confondus par les consommateurs avec les yaourts et autres laits fermentés.

Les fruits et légumes contribuent environ deux fois plus aux apports en sucres totaux des adultes (23 %) qu’à ceux des enfants et des adolescents (12 à 15 %). Les fruits (mais pas les légumes) fournissent moins de 6% des sucres ajoutés ou libres quelle que soit la classe d’âge.

On constate que certains groupes d’aliments contribuent proportionnellement plus aux apports en sucres ajoutés qu’aux apports en sucres totaux : c’est le cas des produits sucrés et pour les enfants, des produits céréaliers. D’autres groupes contribuent proportionnellement moins aux apports en sucres ajoutés qu’aux apports en sucres totaux : c’est le cas des fruits et légumes et des produits laitiers.

CND - YINI Contributeurs aux apports en sucres
Figure 1 : Contributeurs aux apports en sucres dans la population française, en %. D’après les données de l’enquête représentative INCA 2 (2006-2007).

Conclusion 

L’interprétation des données ci-dessus doit tenir compte de quelques limites, dont l’une est l’ancienneté de l’étude INCA 2, menée en 2006. L’image du sucre et des produits en contenant a beaucoup évolué ces dernières années et peut avoir modifié les perceptions et consommations. En outre, en l’absence de méthode analytique permettant de différencier les origines des sucres, la teneur en sucres ajoutés ou libres des produits ne peut qu’être estimée à partir des recettes ou des liste d’ingrédients. Au vu de ces résultats, néanmoins, la volonté des pouvoirs publics de réduire les apports en sucres ajoutés ou libres paraît pertinente et il semble logique de faire porter les efforts de diminution de la consommation de sucres ajoutés sur les principaux contributeurs. A titre d’exemple, les autorités britanniques ont récemment publié les résultats de simulations, montrant qu’une diminution de 50 % de la teneur en sucres des sodas réduirait de plus de 14 % l’apport en sucres des adolescents ; alors qu’une diminution identique du sucre ajouté dans les produits laitiers ultra-frais (yaourts, laits fermentés et desserts lactés) ne conduirait qu’à une réduction de 1,2 % . Un travail similaire pourrait être réalisé en France, sur la base des données plus récentes de l’étude INCA 3, en cours de publication.

Références :

Pour en savoir plus, lisez l’article original Azaïs-Braesco V. , Maillot M. Apports en sucres et principaux contributeurs dans la population française. Cahiers de Nutrition et de Diététique. 2017 ; 52 (S1) : S58-S65.