Des études récentes, menées dans des pays variés, suggèrent que les consommateurs réguliers de yaourts ont une alimentation différente, comparés aux non consommateurs ou petits consommateurs. Le yaourt pourrait être le marqueur d’une diète plus saine, en adéquation avec les recommandations et plus globalement, d’un mode de vie favorable à la santé.
La consommation de produits laitiers contribue fortement à la couverture des apports nutritionnels conseillés en calcium, ainsi qu’en plusieurs autres micronutriments -vitamines A, B12 et B2, iode, zinc, phosphore, sélénium-, participant à l’amélioration de la santé osseuse mais également métabolique. De par son profil nutritionnel, son processus de fermentation et sa composition en bactéries, le yaourt pourrait jouer un rôle spécifique dans l’atteinte des recommandations nutritionnelles, le maintien d’une alimentation favorable à la santé et la prévention de certaines maladies chroniques. Le profil alimentaire et nutritionnel des consommateurs de yaourts en France a été étudié dans le cadre de l’étude Comportements et Consommations Alimentaires en France (CCAF) 2010 du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC). Les résultats ont été comparés aux travaux similaires publiés de par le monde ces cinq dernières années, s’intéressant à l’association entre la consommation de yaourts et le profil nutritionnel, la qualité de la diète ou d’autres paramètres de style de vie non alimentaires, tels que l’activité physique, la consommation d’alcool ou de tabac.
Un profil alimentaire plus favorable chez les enfants et les adultes plus grands consommateurs de yaourts
Les sujets inclus dans l’étude CCAF 2010 -1171 enfants âgés de 3 à 17 ans et 986 adultes âgés de 25 à 64 ans-, ont été répartis en non-consommateurs de yaourts, petits consommateurs (jusqu’à 3 portions par semaine), consommateurs moyens (plus de 3 et jusqu’à 6 portions par semaine) et grands consommateurs (plus de 6 portions par semaine). Le terme « yaourt » est employé au sens large : une portion correspond à 125 g pour un yaourt au sens strict ou un autre lait fermenté, 100 g pour un fromage blanc, 120 g pour des petits suisses.
Enfants ou adultes, les grands consommateurs de yaourts ont un profil alimentaire plus satisfaisant que les non consommateurs ou petits consommateurs, avec plus de fruits, de légumes, de soupes et de produits laitiers. Chez les enfants grands consommateurs, on observe également une moindre consommation de produits sucrés et de matières grasses ; chez les adultes, une plus grande consommation de poisson et une consommation moindre de plats préparés et de boissons alcoolisées. De la même manière, les taux d’adéquations aux critères du Programme national nutrition santé (PNNS) s’améliorent avec le niveau de consommation de yaourt (1). Les enfants qui consomment au moins 6 portions de yaourts par semaine sont plus nombreux à atteindre les recommandations d’« au moins 5 fruits et légumes par jour » et de « 3 à 4 produits laitiers par jour ». Ils sont également plus nombreux à respecter la recommandation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur l’hydratation (2). Les adultes qui consomment au moins 6 portions de yaourts par semaine sont plus nombreux à atteindre « au moins 5 fruits et légumes par jour », « 3 à 4 produits laitiers par jour », « une à deux fois par jour, viandes, volailles, produits de la pêche ou œufs » et à respecter la recommandation de l’EFSA sur l’hydratation (Tableau 1).
Des apports nutritionnels qui s’améliorent avec le niveau de consommation de yaourts
Les enfants qui consomment au moins 6 portions de yaourt par semaine n’ont pas un apport énergétique plus élevé que les autres. Ils ont, à l’inverse, un apport plus élevé en eau et en sucres simples. Concernant les micronutriments, le pourcentage de sujets atteignant les 2/3 des apports nutritionnels conseillés (ANC), croît depuis le niveau des non et petits consommateurs jusqu’à celui des grands consommateurs de yaourts pour de nombreux minéraux (calcium, iode, sélénium, magnésium et cuivre) et vitamines (A, B2, B5, B9 et C). Il y a environ deux fois plus d’enfants à risque de déficience en calcium et en iode chez les non et petits consommateurs comparés aux grands consommateurs (3) (Figure 1). Chez les adultes, les apports énergétiques, en glucides, en lipides, en acides gras saturés et en sodium ne sont pas différents en fonction du niveau de consommation de yaourt. En revanche, les adultes grands consommateurs ont des apports plus élevés en sucres simples, mais aussi en fibres, en eau et en protéines. Comme chez les enfants, la couverture des 2/3 des apports conseillés en micronutriments est différente et croît globalement entre les quatre niveaux de consommation de yaourt. Les grands consommateurs de yaourts ont une meilleure couverture nutritionnelle pour le calcium, l’iode, le sélénium, le magnésium, le cuivre, les vitamines A, B1, B2, B5, B6, B9 et C (3) (Figure 1). Il est notable que ces apports ne concernent pas uniquement les nutriments fournis par le yaourt (vitamine B2, calcium, iode, sélénium), mais également le magnésium, les vitamines C et B9, marqueurs d’une diète globalement plus équilibrée, riche en fruits et légumes.
Des résultats similaires dans de nombreux autres pays
L’analyse de la littérature scientifique internationale récente permet de mettre en avant la spécificité de la diète des consommateurs réguliers de yaourts, comparés à des petits ou non consommateurs. En Espagne (un pays proche de la France en termes de fréquence de consommation du yaourt), la consommation régulière de yaourt est associée chez les adultes à une meilleure adhésion à la diète méditerranéenne et à une plus grande consommation de fruits. Aux Etats-Unis, la consommation de yaourt est associée à une plus grande consommation d’aliments recommandés, tels que les fruits, légumes, noix, poissons et céréales complètes et une moindre consommation de viande, céréales raffinées et alcool. Ces données se confirment dans des études canadienne, italienne et russe. Les spécificités de l’alimentation des moyens ou grands consommateurs de yaourts, engendrent des différences avec les plus petits consommateurs dans les quantités journalières de nutriments ingérées. Par exemple, Aux Etats-Unis, on observe une plus grande adhésion aux recommandations nutritionnelles pour 12 nutriments et des apports plus élevés en potassium et en fibres, bons marqueurs du niveau de consommation de fruits et légumes. Un meilleur profil nutritionnel est également observé dans d’autres pays comme la Pologne ou l’Italie.
De nouvelles études montrent que le yaourt est associé à un style de vie plus sain qui dépasserait le cadre de l’alimentation. Aux Etats-Unis, les enfants consommateurs de yaourt sont plus proches des recommandations liées à l’activité physique et les adultes déclarent fumer moins que les non consommateurs. Cette tendance s’observe également dans différentes populations adultes, en Italie, au Brésil, ainsi qu’en Espagne, où la consommation régulière de yaourt est associée à une consommation moins importante d’alcool.
Conclusion : le yaourt marqueur d’un mode de vie sain ?
En France et dans le monde, le yaourt consommé de façon régulière, apparaît comme un marqueur d’une diète plus favorable, à la fois en terme d’aliments et d’apports en micronutriments. Au-delà de l’alimentation, le yaourt pourrait être considéré comme le marqueur d’un style de vie plus sain, associé à des comportements favorables à la santé.
Ce meilleur style de vie, allié aux qualités nutritionnelles propres du yaourt, pourrait contribuer fortement aux bénéfices santé du yaourt mis en évidence par de récentes études.
- PNNS. Programme national nutrition santé 2011-2015.
- European Food Safety Authority. Panel on Dietetic Products and Allergies. Scientific opinion on Dietary Reference Values for water. EFSA Journal. 2010; 8 (3):1459 L’EFSA recommande un apport d’eau total (comprenant l’eau des boissons et l’eau des aliments) de :
- Entre 24 et 36 mois : 1,3 l
- Entre 4 et 8 ans : 1,6 l
- Entre 9 et 13 ans : 1,9 l chez les filles, 2,1 l chez les garçons
- A partir de 14 ans : 2 l chez les adolescentes ou les femmes, 2,5 l chez les adolescents ou les hommes.
3. Martin A. Apports nutritionnels conseillés pour la population française. 3e édition. Lavoisier,Tec & doc. 2001.
Source : Ginder Coupez V, Hébel P. Le yaourt, un marqueur « universel » de la qualité de la diète ? Cahiers de Nutrition et de Diététique. 2017 ; 52 (S1) : S35-S47.