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29 Avr 2019
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Santé de la planète

Avez-vous une alimentation durable ?

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La prochaine fois que vous passerez à table, faites une petite pause avant d’attaquer le repas et réfléchissez au vaste réseau d’activités, de ressources et de personnes qui ont joué un rôle dans le parcours de vos aliments jusqu’à votre assiette…

L’ensemble des ressources nécessaires à notre alimentation est connu sous le nom de système alimentaire. Ce système intègre la production agricole, la transformation, le conditionnement, la distribution, la commercialisation, la consommation et même l’élimination des aliments.

Le système alimentaire a évolué en réponse à la demande d’aliments sains, sûrs, abordables et appétissants. Aujourd’hui, une nouvelle tendance apparait, celle des produits respectueux de l’environnement.

Le système alimentaire est de plus en plus sous pression du fait des changements climatiques et de l’augmentation de la population mondiale. Il est vulnérable face aux économies des nations et aux bouleversements politiques, comme les guerres. Nourrir le monde en dépit de ces changements pose toute une série de difficultés qui laissent les experts perplexes.

Les experts appellent à une nouvelle approche de recherche sur l’alimentation durable

Des experts internationaux ont ainsi souligné le besoin urgent d’intensifier les recherches sur la durabilité et ont appelé un groupe de professionnels spécialement formés à prendre en compte tout ce qui influence le système alimentaire, depuis la santé environnementale et la géographie jusqu’au commerce et à la politique. Ils doivent réfléchir à la façon de rendre notre alimentation durable, en équilibrant l’impact environnemental et les bénéfices sur la santé. De fait, ils doivent résoudre le casse-tête qui consiste à faire en sorte que chaque habitant du monde puisse bénéficier d’une bonne alimentation pour soutenir sa santé – et ce pour les générations à venir.

Qu’est-ce qu’une alimentation durable ?

Dans un consensus auquel ils sont parvenus à l’issue d’une rencontre à Chicago, États-Unis, les auteurs décrivent l’alimentation durable comme une alimentation à faibles impacts environnementaux, qui contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des générations présentes et futures.

« L’alimentation durable est protectrice, respectueuse de la biodiversité et des écosystèmes, est acceptable culturellement, accessible, économiquement équitable et abordable. Elle est nutritionnellement correcte, sûre et saine, tout en optimisant les ressources naturelles et humaines. » – Drewnowski A et al, 2018.

Un système alimentaire durable est défini dans le consensus de Chicago comme un système caractérisé par la productivité agricole, la diversité des sources alimentaires, l’accessibilité économique des aliments pour les consommateurs, l’utilisation de ressources naturelles pour l’agriculture et l’urbanisation de la population vivant du système.

Les systèmes alimentaires durables sont menacés

Le consensus arrive au milieu de préoccupations croissantes concernant le fait que la production alimentaire mondiale repose de plus en plus sur des pratiques d’agriculture intensive qui peuvent provoquer une déplétion des ressources naturelles, incluant la terre, l’eau et l’énergie. Ces risques pour la durabilité peuvent être aggravés par le réchauffement global et les changements climatiques, selon les auteurs.

Mais l’impact environnemental de l’alimentation n’est qu’une partie de l’histoire de l’alimentation durable, avertissent-ils. La santé, l’économie et la société jouent également des rôles clés dans un système alimentaire durable. Les scientifiques devront trouver un compromis entre les divers éléments découlant des changements du système alimentaire ; par exemple, les effets bénéfiques sur l’environnement pourraient être obtenus au détriment des résultats de santé.

« Nourrir la population mondiale, estimée à 9 milliards d’ici 2050, mettra à l’épreuve la durabilité et la résilience des systèmes alimentaires. » – Drewnowski A et al, 2018.

Les régimes alimentaires sains sont-ils également bons pour la planète?

La mesure de la qualité de l’alimentation par rapport à l’impact environnemental et aux résultats de santé est donc un élément essentiel du dilemme actuel de la durabilité. Et si la nutrition durable doit réduire la faim et la sous-nutrition dans le monde, elle doit également réduire le risque d’obésité et de maladies chroniques associées.

Toutefois, les lacunes importantes dans notre connaissance des liens entre d’une part le système alimentaire, et d’autre part la nutrition et la santé, gênent les experts dans leur capacité à prédire l’impact que les changements du système alimentaire auront sur notre santé. Ces lacunes doivent être comblées grâce à une collaboration internationale entre scientifiques de tous horizons liés au système alimentaire, de l’agriculture à la santé en passant par l’environnement – avec un champ d’action atteignant les gouvernements, l’industrie et le monde scientifique.

Les régimes végétariens pourraient ne pas détenir la réponse

L’une des questions clés auxquelles les chercheurs doivent répondre est de savoir si nous devrions passer d’un régime basé sur l’élevage, et notamment de bovins et de vaches laitières, à un régime à base de plantes. La production de viande et de produits laitiers consomme plus de ressources en terre et en eau que celle des autres aliments et elle contribue aux gaz à effet de serre, selon les auteurs. Néanmoins, les pâturages constituent aujourd’hui la majeure partie des terres agricoles dans le monde, faisant de l’élevage un moyen de subsistance majeur. Un changement radical du comportement alimentaire des consommateurs semble être un défi de taille

De plus, il faut tenir compte de la valeur nutritionnelle de ces aliments. Pour les personnes des pays plus pauvres notamment, la viande, le poisson et les produits laitiers sont des sources vitales de protéines de grande qualité et de certaines vitamines vitales qu’elles ne peuvent pas se procurer aussi facilement à partir de régimes alimentaires à base de plantes, poursuivent les auteurs.

Les recherches doivent établir si le coût environnemental de l’élevage est compensé par sa valeur nutritionnelle plus élevée et dans quelle mesure l’efficacité de la production animale peut être améliorée tout en réduisant l’impact sur l’environnement.

Effets de la modélisation sur les systèmes alimentaires durables

D’autres études sont également nécessaires sur la façon dont le réchauffement global et les catastrophes météorologiques pourraient affecter notre système alimentaire, y compris les récoltes, le transport et le stockage des aliments, ainsi que les prix, avec des conséquences éventuelles en termes d’agitation sociale. Les inquiétudes relatives à l’utilisation excessive des pesticides et des engrais doivent également être prises en compte, selon les auteurs.

Une meilleure compréhension de ces influences permettra aux chercheurs de modéliser les difficultés telles que le réchauffement global ou les contraintes économiques, et de tester ainsi la résilience de notre système alimentaire vis-à-vis de ces menaces. Les auteurs indiquent que cette modélisation nous aidera également à prévoir les effets des changements de notre système alimentaire sur la nutrition et la santé.

Les quatre dimensions d’un système alimentaire durable

Les auteurs du consensus de Chicago ont identifié quatre éléments essentiels d’une alimentation durable, chacun nécessitant ses propres mesures :

  1. La dimension santé– qualité et sécurité des sources alimentaires. Les recherches doivent développer des outils permettant de mesurer à quel point les aliments sont riches en nutriments, sûrs, accessibles et appétissants. Nous devons également analyser l’effet des modes alimentaires des personnes sur le statut nutritionnel, le risque de maladie et la santé de la population.
  2. La dimension économique– effet des prix sur l’offre et la demande de produits alimentaires. Cela signifie de recueillir des données sur les aliments produits par les petits agriculteurs locaux ainsi que par les grandes entreprises et sur les effets des politiques économiques dans chaque région. L’accessibilité des aliments doit être mesurée en termes de calories et de nutriments par coût unitaire.
  3. La dimension sociétale– facteurs culturels, sociaux et religieux qui orientent les choix alimentaires. Des études doivent examiner les attitudes et les comportements liés à l’alimentation. L’acceptation culturelle des aliments par région doit être mesurée par la fréquence à laquelle les personnes consomment ces aliments.
  4. La dimension environnementale– l’impact du système alimentaire sur l’utilisation de la terre, de l’eau et de l’énergie, au niveau local et au niveau mondial. Cela inclut l’évaluation de la résilience du système alimentaire vis-à-vis des contraintes environnementales telles que les conditions météorologiques extrêmes, les changements climatiques et la diminution des ressources. Cela inclut également l’influence de l’utilisation des antibiotiques sur la production alimentaire et son effet sur notre santé. Les coûts environnementaux de la production agricole et alimentaire ont été mesurés partiellement au travers des émissions de gaz à effet de serre, exprimées en équivalents carbone par kilogramme d’aliment.
Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Drewnowski A; Ecosystem Inception Team. The Chicago Consensus on sustainable food systems science. Front Nutr. 2018 Apr 25;4:74
23 Avr 2019
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Interviews d'experts Les bénéfices de la fermentation Santé humaine

Alimentation et microbiote : entretien avec Mathilde Gibeaux, diététicienne-nutritionniste

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Mathilde Gibeaux est diététicienne nutritionniste libérale à Neuilly/Marne. Sa mission : transmettre ses connaissances en nutrition et guider les patients pas à pas pour une alimentation de qualité et adaptée aux modes de vie. Elle préside aussi lassociation Miam pour sensibiliser les Français à la nécessité de consommer des fruits et légumes de saison au quotidien.

Mathilde anime régulièrement des ateliers auprès des visiteurs durant l’exposition « Microbiote » à la cité des sciences et de l’industrie. A cette occasion, nous avons eu l’occasion de lui poser quelques questions. 

Est-ce que les personnes que vous avez rencontrées lors de l’exposition, ou bien vos patients, vous parlent de microbiote ?

De manière générale, j’ai l’impression que le microbiote n’est pas encore bien connu du grand public. C’est plutôt moi qui vais prendre l’initiative de leur en parler et souligner l’importance de cet organe méconnu. Souvent, les gens ne se rendent pas compte qu’ils ont en eux beaucoup de bactéries bénéfiques pour leur santé. Je leur explique ce que sont ces bactéries, le rôle qu’elles peuvent jouer, et surtout pourquoi il est essentiel de savoir comment les nourrir et en prendre soin. Mon but est qu’ils prennent conscience qu’ils hébergent de nombreuses bactéries, et que notre corps est une sorte de colocation, dans laquelle on doit apprendre à vivre ensemble. C’est un pacte à vie : si ces bactéries sont là pour nous faire du bien, il faut nous aussi en prendre soin.

Les patients découvrent également que leur microbiote se constitue de la naissance jusqu’à l’âge de 7 ans et qu’il est propre à chacun.

On parle de plus en plus du microbiote, mais nous sommes encore au tout début de son exploration et de l’étude de son fonctionnement. Il existe par ailleurs de nombreux éléments à prendre en compte pour essayer d’évaluer le microbiote d’un patient. La prise d’antibiotiques répétée, la cigarette, l’alcool sont des facteurs qui vont appauvrir notre microbiote… Dès le premier rendez-vous je fais un bilan des habitudes de vie de mes patients : cela me permet d’avoir une idée de l’état de leur microbiote.

« À mon avis, c’est un domaine qui pour l’instant intéresse principalement les professionnels. L’exposition « Microbiote » de la Cité des Sciences va permettre de donner au grand public un bon nombre d’éléments sur nos connaissances actuelles, et va ainsi très certainement contribuer à la prise de conscience de l’importance du microbiote. »

Selon vous, notre alimentation a-t-elle un impact sur notre microbiote ? Et, si oui comment ? Que signifie « prendre soin de son microbiote » ?

Sans hésitation, oui, notre alimentation a un impact sur notre microbiote !

Prenons l’exemple des légumes. Plusieurs études ont montré que les Français ne mangent pas assez de fibres : Alors qu’il est recommandé d’avoir un apport quotidien de 30 g par jour, en France, la moyenne est à 15-20 g seulement.. Or l’apport en fibres est clé pour la santé de tous, notamment parce qu’elles nourrissent les bonnes bactéries et aident donc au développement de notre microbiote. C’est ce que l’on nomme l’effet prébiotique. C’est d’ailleurs pour cette raison que notre association – Miam – fait la promotion de la consommation de fruits et légumes.

Certains aliments fermentés, comme les yaourts, contiennent des bactéries différentes, des probiotiques. Ce sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels. J’essaye d’apprendre à mes patients la différence entre les prébiotiques et les probiotiques.

Généralement, lorsque je demande à mes patients s’ils connaissent des aliments fermentés, ils répondent tout de suite le yaourt. C’est un produit qui est très consommé et dont les effets probiotiques démontrés, sont intéressants pour le microbiote intestinal.

Quelle est la composition d’une assiette pour prendre soin de son microbiote ?

Avant de parler d’aliment en particulier, le plus important est de faire comprendre qu’il faut varier son alimentation et respecter l’équilibre alimentaire : trois repas par jour, plus ou moins une collation selon la population concernée. Pour qu’un repas soit équilibré, il faut une assiette composée de légumes, de féculents et de protéines. Ensuite, on ajoute un produit laitier comme un morceau de fromage ou un yaourt. La tradition française veut que l’on finisse par quelque chose de sucré. Dans ce cas, si l’on a encore faim, il faut privilégier un fruit cru ou cuit.

Pour l’apport en fibres, je recommande de privilégier les céréales complètes comme les pâtes, le riz, le pain. Ces aliments vont aussi permettre d’être plus vite rassasié. Les fibres ont vraiment cette influence sur la satiété, elles permettent d’avoir moins faim et d’éviter de grignoter entre les repas. De plus, comme vu précédemment, elles ont un effet prébiotique bénéfique à notre microbiote.

Les produits laitiers, parmi lesquels le yaourt, vont quant à eux permettre d’intégrer des aliments fermentés aux repas et ainsi enrichir le microbiote avec de nouvelles bactéries. Je me sers des habitudes alimentaires de mes patients etfais attention à leur consommation de produits laitiers. Au-delà de leurs atouts sur le microbiote, ils sont une source importante de calcium et il est essentiel de le rappeler. En effet, le calcium que l’on trouve dans les produits laitiers à une meilleure biodisponibilité que celui des végétaux, il est absorbé de manière plus efficace.

Il faut aussi rappeler que chez les adultes il est nécessaire de consommer deux produits laitiers par jour. Chez les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes ou allaitantes cela peut aller de trois à quatre produits laitiers par jour.

D’après mon expérience il est assez facile de proposer du yaourt ou du fromage à mes patients. Bien sûr, lorsqu’ils n’aiment pas ça, je m’adapte. Des eaux minérales ou des boissons végétales enrichies en calcium peuvent aussi être de bonnes alternatives.

Comment est-ce que vous recommandez à vos patients d’intégrer ces produits-là dans leur alimentation ?

Que ce soit au moment d’un repas ou d’une collation, le moment de la journée importe peu, tant que l’on en mange. C’est pourquoi je propose des recettes pratiques, régulièrement mises à disposition sur le site de mon association.

Par exemple, j’avais fait un smoothie avec des fruits de saison et du yaourt. Le yaourt du smoothie va atténuer l’apport en sucre de la grande quantité de fruits utilisée. L’intérêt principal de cette recette est de coupler un produit fermenté avec des fruits. (Retrouvez toutes les recettes miam de smoothies)

J’ai d’autres recettes sous forme de desserts, avec un tiramisu par exemple, le mascarpone va apporter les ferments. Le but est de trouver des recettes gourmandes, car l’alimentation c’est surtout beaucoup de plaisir.

Notre mission chez « Miam » est de trouver des recettes faciles et sympas, qui plaisent, qui contiennent des fruits et légumes ; ainsi que des produits fermentés.

22 Avr 2019
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Les bénéfices de la fermentation

Quels aliments fermentés contiennent les bactéries les plus « bénéfiques » ?

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Le choix d’aliments fermentés tels que le yaourt peut être une bonne façon pour nous d’ingérer des bactéries vivantes « bénéfiques » susceptibles d’être associées à des bienfaits pour la santé. Mais les aliments fermentés ne contiennent pas tous des microbes vivants et, lorsqu’ils en contiennent, la concentration de ces ferments peut varier considérablement entre les produits.

La fermentation est utilisée depuis longtemps pour prolonger la durée de conservation des aliments et, dans certains cas, améliorer leur goût. Mais, plus récemment, nous avons commencé à comprendre le rôle que les aliments fermentés avec des ferments vivants pourraient jouer pour améliorer notre santé.

Nombre des micro-organismes présents dans les aliments fermentés peuvent survivre à leur traversée de l’intestin jusqu’au côlon. Ils s’y mêlent à la vaste communauté microbienne qui peuple naturellement l’intestin et, même s’ils ne font que le traverser, peuvent moduler cette communauté. Des études ont ainsi montré que les bienfaits potentiels pour la santé des aliments fermentés, tels que le yaourt, peuvent inclure la diminution du risque de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires.

Si nous savons que le yaourt vivant contient des quantités importantes de bactéries bénéfiques, les connaissances ne sont pas les mêmes pour d’autres aliments fermentés, qui pourraient pourtant être intéressant pour leurs bienfaits pour la santé.

Quelle quantité de microbes dans les aliments fermentés ?

Pour en savoir plus, les auteurs de cette publication ont examiné plus de 140 études ayant calculé les nombres d’organismes vivants dans les aliments fermentés les plus couramment consommés, généralement disponibles dans le commerce. Ils ont inclus les aliments fermentés appréciés dans différentes régions du monde : depuis les produits laitiers, saucisses et légumes fermentés jusqu’aux aliments fermentés à base de soja et de céréales.

Les résultats ont montré que de nombreux produits fermentés sont une bonne source de ferments vivants, en particulier de bactéries lactiques – y compris des espèces ayant été associées à des bienfaits pour la santé. Toutefois, le nombre de microbes dans les aliments fermentés varie fortement selon le type d’aliment, sa région de provenance et sa durée de conservation avant les tests. Ainsi, par exemple, les produits plus frais tels que les yaourts et les autres laits fermentés ont des taux de bactéries vivantes bénéfiques plus élevés que les fromages affinés.

Les yaourts et autres produits laitiers peuvent contenir des taux élevés de bactéries

Tous les yaourts de l’enquête contenaient les deux organismes nécessaires à la culture du yaourt (Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus) à des taux compris entre 104 et 109 UFC (unités formant colonie, utilisées pour estimer les bactéries viables) par gramme ou ml. Ces taux étaient similaires dans le yaourt glacé. Lorsque les yaourts étaient produits avec des bactéries supplémentaires, celles-ci étaient présentes à des nombres atteignant 108 UFC/g.

Un tableau différent a émergé pour les fromages, dont 30 types provenant de 18 pays ont été étudiés. Les quantités de ferments les plus élevées ont été retrouvés dans le fromage Tilsit de 2 à 4 mois d’âge. En revanche, le parmesan et le gruyère suisse, tous les deux de plus de 12 mois d’âge, ne contenaient plus de micro-organismes détectables.

Les autres produits fermentés contenaient des quantités de bactéries très variables

Les auteurs ont passé en revue les résultats d’un vaste éventail d’autres aliments fermentés de par le monde, montrant que :

  • Le porc et le bœuf fermentés en provenance de plusieurs pays avaient des taux allant d’indétectables à élevés – 1010 UFC/g. Les saucisses fermentées des États-Unis contenaient moins de micro-organismes que celles des pays européens où elles ont tendance à être produites par de plus petits fabricants.
  • La recette populaire du chou fermenté, le sauerkraut ou choucroute, avait des nombres de bactéries lactiques compris entre 103 et 108 UFC/g, alors que les olives cultivées en Europe et aux États-Unis contenaient entre 104 et 108 UFC/g de bactéries lactiques.
  • Des variations similaires étaient observées pour les produits fermentés asiatiques traditionnels tels que le tempeh et le poisson fermenté.
  • Les porridges et gruaux fermentés à base de millet ou de maïs largement consommés dans de nombreux pays africains avaient des nombres de bactéries compris entre 105 et 109 UFC/g.
  • Concernant la bière, les nombres de bactéries lactiques étaient compris entre 102 et 105UFC/g en fonction du type et de l’âge de la bière.

« Sur la base des données rapportées dans cette enquête, la consommation d’aliments fermentés non seulement procurerait des macronutriments importants, mais elle pourrait aussi délivrer au tractus gastro-intestinal de grands nombres de micro-organismes potentiellement bénéfiques. » – Rezac S et al, 2018.

De combien de bactéries vivantes avons-nous besoin ?

Il existe peu de recommandations sur les nombres de micro-organismes vivants que nous devrions consommer pour obtenir un effet bénéfique sur notre santé. La seule exception concerne le yaourt et son effet bénéfique sur la digestibilité du lactose, qui a conduit à ce que les normes européennes exigent que le yaourt contienne au moins 108 UFC de ferments vivants par gramme pour que son bénéfice santé soit démontré.

Les recherches récentes ont suggéré que nous devrions consommer 1010 ferments pour influencer notre microbiote intestinal et obtenir un effet bénéfique potentiel sur notre santé. Nous pourrions y parvenir en consommant 100 g d’aliments fermentés contenant 108 ferments/g, selon les auteurs. Leurs résultats montrent que cela serait possible avec plusieurs des produits fermentés analysés – par exemple, consommer 100 g de yaourt par jour, contenant 108 UFC/g de bactéries lactiques, nous permettrait d’atteindre notre objectif quotidien de 1010 microbes.

Certains aliments fermentés ne contiennent pas d’organismes vivants

En revanche, certains aliments sont produits par fermentation mais ne contiennent plus d’organismes vivants lorsque nous les consommons. Ainsi, le pain, certaines bières et le vin utilisent des levures pour la fermentation, mais les organismes sont tués ou éliminés au cours de la production. Ces aliments pourraient encore exercer des effets bénéfiques sur la santé, même sans les microbes vivants, par exemple, la fermentation pourrait produire des vitamines ou d’autres molécules bioactives qui ne sont pas présentes dans l’aliment d’origine.

Les aliments fermentés dans les recommandations alimentaires

Les auteurs suggèrent que les aliments fermentés devraient être inclus dans les recommandations alimentaires destinées à des populations spécifiques, en introduisant les aliments fermentés dès la petite enfance dans le cadre de l’alimentation quotidienne par exemple. La consommation régulière d’aliments fermentés pourrait également être particulièrement utile pour les membres des communautés à faible revenu qui sont particulièrement vulnérables aux infections intestinales.

« … plusieurs groupes renommés ont recommandé que les professionnels de santé encouragent la consommation d’aliments fermentés contenant des microbes vivants dans le cadre d’une politique de santé publique » – Rezac S et al, 2018.

Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Rezac S, Kok CR, Heermann M, Hutkins R. Fermented Foods as a Dietary Source of Live Organisms. Front Microbiol. 2018 Aug 24;9:1785.
15 Avr 2019
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Quel petit déjeuner pour une alimentation équilibrée ?

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Observons votre petit déjeuner. Etes-vous êtes du genre à avaler rapidement quelque chose tout en vous ruant hors de chez vous – quelque chose pour calmer votre faim jusqu’à ce que vous ayez le temps d’un snack en milieu de matinée ? Ou est-ce que vous vous asseyez pour déguster tranquillement un petit déjeuner avec des fruits et du yaourt ?

Le petit déjeuner est un repas important dans la journée, selon les experts. Or, nombre d’individus sautent ce petit déjeuner par manque de temps à cette heure cruciale de la matinée. Certains scientifiques estiment que sauter le petit déjeuner pourrait pousser les individus à se reporter sur des en-cas parfois riches en sucres et graisses. Une vaste étude conduite aux États-Unis a identifié plusieurs aliments à privilégier pour bien commencer votre journée.

Faire le bon choix d’aliments pour le petit déjeuner peut être difficile. Malgré des allégations santé convaincantes, de nombreuses céréales de petit déjeuner sont surchargées de sucres et de graisses.

L’International Breakfast Research Initiative (IBRI) est une étude conduite au Canada, au Danemark, en France, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, qui a examiné les choix alimentaires des personnes au petit déjeuner et identifié les aliments à privilégier dans le cadre d’un petit déjeuner équilibré. Les auteurs de cet article décrivent les résultats de l’étude pour les États-Unis, incluant des données sur plus de 14 000 enfants et adultes.

Les habitudes déséquilibrées en matière de petit déjeuner sont fréquentes

Près de 20 % de la population aux États-Unis sautent le petit déjeuner. Ce sont les jeunes enfants et les adultes plus âgés qui ont le plus de probabilité de prendre un petit déjeuner. En revanche, les adolescents et les jeunes adultes sont les moins enclins à prendre un petit déjeuner, 25 % d’entre eux le zappant tout simplement. Les adultes à revenu plus élevé ou avec un diplôme universitaire sont ceux qui prennent le plus volontiers un petit déjeuner.

Aux États-Unis, le petit déjeuner type pour les enfants repose sur du lait, des produits de boulangerie et des sucreries. Le petit déjeuner des adultes comporte du café/thé, des sucreries, des graisses et du pain blanc.

Pourquoi le petit déjeuner est-il important ?

Le petit déjeuner peut être considéré comme un repas riche en nutriments à condition qu’il procure plus de nutriments que de calories, selon les auteurs.

Parmi les personnes qui prenaient un petit déjeuner dans cette étude conduite aux États-Unis, le petit déjeuner représentait environ 20 % des apports énergétiques quotidiens. Il procurait un peu moins de 20% des protéines et des graisses quotidiennes et 25 % des sucres totaux.

Il satisfaisait toutefois aussi plus de 20 % des besoins quotidiens de toute une série de vitamines et de minéraux, dont les vitamines B, les vitamines A et D, les folates, le calcium, le fer, le potassium et le magnésium.

« Même si le petit déjeuner classique aux États-Unis procurait plus de nutriments que de calories, il y avait une marge d’amélioration de la qualité du petit déjeuner. » – Drewnowski et al, 2018.

La consommation d’un petit déjeuner est associée à une alimentation de meilleure qualité

La consommation d’un petit déjeuner a été associée à une alimentation globalement plus saine, ont remarqué les auteurs. Les enfants et les adultes plus âgés avaient l’alimentation la plus saine et les adolescents l’alimentation la moins saine. Chez les adultes, la qualité de l’alimentation s’améliorait sensiblement avec le niveau d’éducation et le niveau de revenu du ménage.

Les personnes dont l’alimentation était de la meilleure qualité consommaient plus de fruits et de jus, de produits à grains entiers, de lait et de yaourt au moment du petit déjeuner. Elles mangeaient aussi moins de viande et d’œufs, moins de sucres ajoutés et de graisses,  que les personnes avec l’alimentation la moins saine.

« … une alimentation de meilleure qualité a été associée à une consommation plus importante d’agrumes, de jus et d’autres fruits, de grains entiers ainsi que de lait et de yaourt. » – Drewnowski et al, 2018.

Les recommandations alimentaires doivent prendre en compte les modes de petit déjeuner

Les auteurs concluent que les résultats de cette étude, montrant que le petit déjeuner optimal est composé de fruits et de jus, de céréales à grains entiers ainsi que de lait et de yaourt, ont des implications pour les futures recommandations alimentaires. Il est important de prendre en compte les choix et les modes alimentaires plutôt que de se concentrer uniquement sur la composition en nutriments des aliments. Et si le petit déjeuner américain a tendance à être un repas dense en nutriments, il y a encore une marge d’amélioration, selon les auteurs.

Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Drewnowski A, Rehm CD, Vieux F. Breakfast in the United States: Food and nutrient intakes in relation to diet quality in National Health and Examination Survey 2011–2014. A study from the International Breakfast Research Initiative. Nutrients 2018;10(9).
01 Avr 2019
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Santé intestinale

« Microbiote » : l’exposition inédite sur le monde microbien que nous hébergeons dans notre ventre à la Cité des Sciences

gut microbiota
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Depuis décembre 2018, la Cité des Sciences et de l’Industrie, haut lieu de la découverte et de la culture scientifique, accueille une exposition consacrée au microbiote intestinal. Nous l’avons visitée et vous proposons dans cet article de retracer son parcours. Si vous avez la chance d’être à Paris avant le 4 août 2019, nous vous conseillons vivement d’y aller !

Une approche pédagogique du microbiote intestinal

Microbiota exhibition - Cité des Sciences Paris

En entrant dans le hall de la prestigieuse Cité des Sciences, nous sommes accueillis par une affiche géante sur laquelle nous pouvons lire : MICROBIOTE. L’exposition est une adaptation du best-seller de Giulia Enders « Le charme discret de l’intestin : tout sur un organe mal aimé », et propose une exploration de notre vie intérieure microscopique.

Cette promenade microbiologique s’articule donc autour de différents thèmes :

  • physiologie humaine du tractus intestinal (rôle de l’intestin, axe intestin-cerveau, surface couverte par l’intestin…)
  • échantillons de selles et éducation de base sur les toilettes
  • santé intestinale (rôle du microbiote intestinal, différence entre intolérance au lactose et allergie aux protéines de lait de vache…)
  • la diversité microbienne dans l’intestin et son étude (données sur les microbes de l’intestin, « amis » et « ennemis », métagénomique…)
  • comment favoriser une bonne santé intestinale par l’alimentation (prébiotiques, probiotiques, bienfaits des aliments fermentés…)

Bienvenue dans un monde où ce qui vous était étranger devient une partie de vous !

Microbiota exhibition - Cité des Sciences - Paris - the gut brain axis

La visite commence par une bouche géante, une porte d’entrée pour découvrir le monde qui vit en chacun de nous. Dès cet instant, nous pénétrons dans l’intestin et débutons son exploration par une première salle. Une grande installation montre comment le tractus intestinal interagit avec notre cerveau.

Tout au long du parcours, des panneaux en français, anglais,  et espagnol donnent des indications sur ce que nous voyons. A ce stade de la visite, l’un d’entre eux met en évidence l’idée que le microbiote intestinal constitue un organe inconnu de notre corps, qui contribue au bon fonctionnement de notre organisme.

 

L’intestin est aussi vaste qu’incompris !

Microbiota exhibition - Cité des Sciences - Paris - the gut rope

Nous entrons ensuite dans ce que l’on pourrait appeler la salle pratique ! L’échelle des selles de Bristol (ou comment interpréter ses selles selon leur forme : les enfants éclatent de rire!), une installation avec des toilettes montrant comment s’asseoir de façon optimale pour évacuer ses intestins (également un grand succès avec les enfants !), et un modèle humain avec une corde sortant du ventre pour montrer combien l’intestin est long : une façon pratique et ludique de révéler les faits avec pédagogie et humour !

Un écran interactif donne des informations détaillées sur les allergies alimentaires courantes : blé, cacahuète et lait. Dans ce dernier cas, la présentation établit une distinction claire entre l’intolérance au lactose et l’allergie aux protéines de lait de vache, et explore les différences entre les deux phénomènes. Il rappelle aux visiteurs que ceux qui souffrent d’intolérance au lactose sont encouragés à continuer à consommer des produits laitiers comme le yaourt et à trouver eux-mêmes les quantités qu’ils peuvent facilement tolérer.

À la rencontre de nos amis microbiens

La troisième salle de l’exposition permet notre première rencontre avec le microbiote intestinal à proprement parler. Nous apprenons que l’intestin abrite des milliards d’organismes : bactéries, levures, archaea et virus. Collectivement, cette vie intérieure forme ce que nous appelons le microbiote intestinal, qui rassemble une grande variété d’espèces et de familles. Ces compagnons sont très actifs et peuvent avoir un impact sur notre poids, nos allergies, notre système immunitaire, ainsi que sur notre comportement et notre humeur.

Microbiota exhibition - Cité des Sciences - Paris: the bacteria inside the gut

Le matériel pédagogique commence par mettre en avant les  progrès réalisés par la recherche au cours de la dernière décennie. Les installations montrent ainsi la complexité qui attend les scientifiques qui cherchent à comprendre cet environnement vivant : un laboratoire où l’on étudie les souris, une chambre anaérobique, des affiches expliquant les principes de base de la microbiologie ainsi que des explications plus avancées sur des techniques comme la métagénomique.

Le principal défi de l’analyse du microbiote intestinal est que la plupart des bactéries intestinales ne tolèrent pas l’oxygène, ce qui rend impossible leur étude dans des conditions de laboratoire habituelles. Les récentes avancées technologiques en matière de séquençage à haut débit ont permis de rencontrer nos amis microbiens.

Prenons tous soin de notre microbiote intestinal !

L’exposition se termine par deux écrans interactifs. Le premier nous permet d’entendre les témoignages de microbes sur leur travail à l’intérieur de notre corps, ainsi que leurs actions bénéfiques, comme par exemple la fermentation. Nous pouvons ainsi écouter Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus expliquer comment ils transforment le lait en yaourt.

Un dernier écran interactif nous donne quelques conseils sur la façon de prendre soin de notre microbiote intestinal. Tout d’abord, nourrir notre microbiote avec certains types de fibres, aussi appelées prébiotiques, est une excellente façon d’aider les bonnes bactéries à se développer. On les trouve dans les légumes, les céréales complètes et les féculents après qu’ils aient été conservés au réfrigérateur. Deuxièmement, la présentation explique que nous pouvons renforcer la diversité de notre microbiote intestinal en consommant régulièrement des bactéries vivantes, les probiotiques, qui sont bénéfiques pour la santé. L’humanité connaît leurs bienfaits depuis bien longtemps et on trouve de nombreux exemples dans le monde d’aliments fermentés comme la choucroute, le kimchi, le kéfir ou le yaourt.

Prendre soin de notre microbiote intestinal, c’est prendre soin de notre santé

L’exposition « Microbiote » de la Cité des Sciences est un excellent moyen de transmettre des informations sur le microbiote intestinal, un sujet qui n’a été que récemment porté à l’attention du public. Nous repartons avec une bonne idée de ce que nos amis microbiens font pour nous et des façons de prendre soin d’eux avec de bonnes habitudes, comme la consommation régulière de prébiotiques et de probiotiques.

À la fin de l’exposition, nous apprenons qu’il y a plus de cellules bactériennes, que de cellules humaines dans notre corps. Cette information nous fait réellement prendre conscience de l’importance de notre microbiote intestinale et la nécessité de le garder en bonne santé.


Informations pratiques

18 Mar 2019
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ICN 2017, Buenos Aires, Argentina Les bénéfices de la fermentation Publications Santé humaine

Quelle place pour le yaourt dans les recommandations alimentaires?

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Si l’idée de bactéries se développant dans votre alimentation vous dégoûtent,  vous n’êtes probablement pas le seul. Mais notre opinion sur les bactéries présentes dans l’alimentation évolue rapidement. Alors que nous voulons que notre alimentation soit sûre et dépourvue de microbes pathogènes, les scientifiques réalisent que certaines bactéries vivantes présentes dans les aliments tels que le yaourt peuvent être bonnes pour la santé. Selon les auteurs de cet article, il serait même temps que le yaourt prenne une place plus importante dans les recommandations alimentaires.

Le yaourt est mentionné dans la plupart des recommandations alimentaires, indistinctement avec le lait et les autres produits laitiers, mais, selon les auteurs de cette publication, il mérite une attention particulière en soi. Il est en effet l’un des aliments le plus biologiquement actif. Non seulement il est une excellente source de nutriments à un coût relativement bas, mais il apporte également des bactéries vivantes, qui ont un effet positif sur la santé intestinale et peuvent exercer d’autres bienfaits pour la santé. Selon les auteurs, toutes ces propriétés font du yaourt un excellent contributeur à une alimentation équilibrée, qui mérite une plus grande attention dans les recommandations alimentaires.

Des recommandations alimentaires et habitudes de consommation variables dans le monde

La quantité de yaourt que vous êtes susceptible de consommer dépend du pays dans lequel vous vivez. En France, par exemple, la plupart des gens consomment un pot de yaourt par jour, tandis qu’aux États-Unis, plus de 90 % des gens ne consomment pas régulièrement de yaourt.

Les recommandations alimentaires varient aussi beaucoup. Certains pays donnent des recommandations générales en faveur de la consommation quotidienne de lait et produits laitiers, tandis que d’autres conseillent des quantités précises comprises entre 2 et 3 portions/jour de lait, yaourts ou fromages. En Europe, certains pays recommandent le yaourt comme étant une bonne source de nutriments ; d’autres reconnaissent les bienfaits pour la santé associés à la consommation de microbes vivants.

Le yaourt est une source importante de nutriments : la base des recommandations alimentaires

Les produits laitiers, dont le yaourt, apportent un profil unique de nutriments. En particulier, ils apportent des vitamines D, A et E et ils sont également une bonne source de vitamines B2, B3 et B12. De plus, au cours du procédé de fermentation du yaourt, l’activité bactérienne peut augmenter la teneur en folates et autres vitamines du groupe B.

Les minéraux contenus dans les produits laitiers sont notamment le phosphore, le magnésium, le zinc, le sodium et le potassium et la fermentation peut accroître la disponibilité de certains de ces minéraux dans notre corps. Le yaourt et le lait font partie des meilleures sources alimentaires de calcium, nécessaire pour des os sains. Les apports journaliers recommandés de calcium pour un adulte en bonne santé sont d’environ 1000 mg/jour et un pot de yaourt peut procurer 25 % de cette quantité recommandée.

Le yaourt contient également des protéines de grande qualité. En plus de favoriser la croissance et la réparation, les protéines du yaourt (majoritairement la caséine et les protéines globulaire du lactosérum) contribueraient à éviter les infections et auraient des propriétés antioxydantes et antitumorales. Le yaourt que nous achetons dans le commerce a tendance à avoir une teneur en protéines plus élevée que le lait car de la poudre de lait concentrée en protéines est ajoutée à sa préparation

Les acides aminés sont les blocs de construction des protéines. Le yaourt et les autres produits laitiers ont une teneur élevée en acides aminés « à chaîne ramifiée » et en lysine. Ils complètent les acides aminés de certains autres aliments tels que les céréales et les légumes et renforcent ainsi la valeur que nous tirons de leurs protéines lorsque nous les consommons au cours du même repas.

Yaourts allégés ou entiers ?

Il règne une certaine confusion quant au type de produits laitiers à consommer. Même si de nombreuses recommandations préconisent de consommer des produits laitiers allégés, il existe encore beaucoup de controverses sur le fait de savoir s’ils sont plus sains que les versions entières. Plusieurs études ont montré qu’une consommation plus importante de produits laitiers entiers était associée à un risque d’obésité plus faible. Aussi, l’argument de la faible teneur en matières grasses ne semble pas s’appuyer sur des données scientifiques montrant un réel bénéfice sur la santé du consommateur.

Le procédé de fermentation utilisé pour production du yaourt entraîne une augmentation de certains types de graisses du lait (comme l’Acide Linoléique Conjugué). Des études ont suggéré que celles-ci pourraient être liées à des actions bénéfiques pour la santé, justifiant la poursuite des études sur ce sujet

Le yaourt est un bon produit laitier en cas d’intolérance au lactose

Certaines personnes ont des difficultés à digérer le lactose, le sucre naturellement présent dans le lait. Au cours du procédé de fabrication du yaourt, les bactéries lactiques utilisent le lactose comme source d’énergie. Ils produisent ainsi la lactase, l’enzyme permettant de digérer le lactose. Le yaourt contient donc moins de lactose que le lait. De plus, lorsque les bactéries vivantes du yaourt arrivent dans l’intestin, elles vont relarguer la lactase permettant une meilleure digestion du lactose du yaourt.

C’est pourquoi dans les pays de l’UE, le yaourt a une allégation de santé approuvée comme convenant à la plupart des personnes présentant une intolérance au lactose.

Les bactéries vivantes présentes dans le yaourt sont associées à d’autres bienfaits pour la santé

La vie moderne, avec l’amélioration de l’hygiène alimentaire et l’utilisation d’antibiotiques, a entraîné une réduction considérable de notre exposition aux bactéries – une situation que les spécialistes considèrent comme n’étant pas nécessairement bonne pour nous. Le yaourt étant généralement produit au moyen de cultures vivantes, il nous apporte des bactéries vivantes lorsque nous le consommons. Il peut donc contribuer à combler l’insuffisance de notre consommation de bactéries ; de fait, nous pouvons augmenter les bactéries que nous ingérons de 1000 fois par la simple consommation d’un pot de yaourt.

En règle générale, les bactéries du yaourt n’élisent pas résidence dans l’intestin, elles le traversent, interagissent avec les cellules immunitaires, les nutriments de notre alimentation et les bactéries qui vivent déjà dans notre intestin. Cela peut améliorer notre santé intestinale. Les recherches montrent également que les bactéries de l’acide lactique peuvent éliminer les bactéries pathogènes (par exemple, E. coli et Salmonella) et peuvent produire des folates et de la vitamine B12, qui sont présents en quantité insuffisante dans de nombreuses populations du monde. Le yaourt a même permis de réduire le taux de rhume chez les personnes âgées.

Le yaourt pour améliorer la nutrition dans les pays plus pauvres ?

La valeur nutritionnelle du yaourt est élevée par rapport à son coût. Dans les pays à revenu plus faible, le yaourt pourrait représenter une solution simple et abordable pour améliorer la nutrition. Des plans locaux de production de yaourt sont déjà en place dans certains pays africains. En Argentine, un projet durable a été mis en place pour combattre la malnutrition chez les enfants dans le cadre de ce qui pourrait être l’une des interventions les plus vastes jamais conduites chez des enfants.

« … le yaourt en lui-même peut être considéré comme un excellent candidat pour les futures recommandations alimentaires apportant une bonne teneur en nutriments, des microbes viables et les métabolites des cultures starter particulières utilisées. »– Gómez-Gallego et al, 2018.

Pour en savoir plus : lire l’article original.

Source : Gómez-Gallego C, Gueimonde M, Salminen S. Yoghurt in nutrition: does it belong in food-based dietary guidelines?; Nutrition Review Supplement, Vol. 76 (Supplément 1), Déc. 2018

Cet article fait partie des travaux publiés du Sommet YINI 2017, organisé à Buenos Aires pendant le Congrès international de la nutrition sur « Yaourt, microbiome intestinal et santé : des mécanismes potentiels aux recommandations alimentaires »

Cet article est publié dans Nutrition Review Supplement, Vol. 76 (Supplément 1), Déc. 2018

04 Mar 2019
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ICN 2017, Buenos Aires, Argentina Les bénéfices de la fermentation Publications

Les bactéries peuvent détenir la clé des bienfaits du yaourt pour la santé

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Vous vous êtes déjà demandé ce que le yaourt, fermenté avec des cultures bactériennes vivantes, pouvait apporter réellement pour votre santé ?

Le yaourt « vivant » contient des milliards de bactéries favorables à la santé. Mais ces bactéries doivent atteindre le gros intestin où elles pourront exercer leurs bienfaits. Les auteurs de cet article expliquent les difficultés auxquelles ces bactéries sont confrontées sur leur trajet et certains des bienfaits qu’elles pourraient procurer.

Même si ces bactéries du yaourt ne survivent pas longtemps dans l’intestin, elles contribuent à équilibrer le microbiote intestinal et pourraient contribuer à notre bonne santé, selon les auteurs.

Les bactéries du yaourt survivent dans l’intestin

Toutefois, la communauté des bactéries qui vivent normalement dans notre intestin – le microbiote intestinal – résiste habituellement à la colonisation de l’intestin par les bactéries introduites depuis l’extérieur du corps. Le simple fait d’atteindre le côlon est un « périple » pour les bactéries du yaourt. Après ingestion, ces voyageurs intrépides doivent se frayer un passage dans l’environnement hostile du système gastro-intestinal. Même la bouche est un lieu dangereux, car la salive contient des enzymes ayant des effets antimicrobiens. L’obstacle suivant est représenté par les conditions acides de l’estomac et ses enzymes digestives. Puis il y a les sels biliaires dans l’intestin grêle – une menace supplémentaire pour les voyageurs bactériens. Mais malgré tous ces obstacles, une forte proportion des bactéries du yaourt survivent et parviennent jusqu’au côlon où elles interagissent avec les bactéries résidentes.

« Plusieurs rapports suggèrent que les micro-organismes présents dans les aliments fermentés pourraient également affecter le microbiote intestinal, au moins de manière transitoire. » – Kok & Hutkins, 2018.

Le yaourt et les autres aliments fermentés pourraient améliorer la santé

Le yaourt et les autres produits laitiers fermentés ont été associés à diverses améliorations de la santé, notamment une réduction des risques d’obésité, de diabète de type 2, de maladie cardiaque, de cancer de la vessie et de cancer colorectal.

Des résultats prometteurs émergent des études examinant les effets spécifiques sur la santé aussi bien des souches bactériennes du yaourt, que des autres souches probiotiques* utilisées dans les laits fermentés. Ces effets peuvent être observés, par exemple, dans leur association avec l’amélioration des taux sanguins de glucose et d’insuline, facteurs clés dans le développement du diabète

Les bactéries font que le yaourt convient dans les cas de malabsorption du lactose

Le lait et les produits laitiers contiennent du lactose, un sucre naturel qui est dégradé dans l’intestin par l’enzyme, la lactase. Les taux de lactase intestinale, très élevé pendant l’enfance, diminue avec l’âge. Cependant, la plupart des adultes ont encore suffisamment de lactase pour digérer la majorité du lactose qu’ils consomment.

Certaines personnes ne produisent néanmoins pas suffisamment de lactase et souffrent, suite à la consommation de lait, de symptômes gênants, tels que… tels que diarrhée, gaz et ballonnements. La plupart de ces personnes peuvent tolérer un peu de lactose et le yaourt est un produit laitier souvent recommandé pour eux. Même si le yaourt contient du lactose, les bactéries vivantes présentes dans le yaourt contiennent de la lactase qui est relarguée dans l’intestin où elle favorise la digestion du lactose.

Les spécialistes de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) ont conclu qu’une relation de cause à effet entre la consommation de yaourt et l’amélioration de la digestion du lactose est suffisamment établie pour justifier une allégation de santé, à condition que le yaourt contienne un taux seuil de bactéries vivantes (au moins 108 unités formant colonie, UFC, par gramme).

Les régimes alimentaires riches en aliments fermentés tels que le yaourt sont susceptibles d’apporter une grande partie des millions de microbes que nous ingérons chaque jour au travers de notre alimentation, selon les auteurs. Ils concluent que même si ces bactéries en provenance des aliments fermentés ne restent que transitoirement dans l’intestin, de plus en plus d’éléments suggèrent qu’ils peuvent influencer notre communauté microbienne résidente et procurer ainsi à chacun de nous des bienfaits pour notre santé.

* Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, confèrent un bénéfice pour la santé de l’hôte.

Pour en savoir plus : lire l’article original.

Source : Kok CR, Hutkins R. Yogurt and other fermented foods as a source of health-promoting bacteria; Nut. Rev; 2018; 76(1)

Cet article fait partie des travaux publiés du Sommet YINI 2017, organisé à Buenos Aires pendant le Congrès international de la nutrition sur « Yaourt, microbiome intestinal et santé : des mécanismes potentiels aux recommandations alimentaires »

Cet article est publié dans Nutrition Review Supplement, Vol. 76 (Supplément 1), Déc. 2018

25 Fév 2019
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ICN 2017, Buenos Aires, Argentina Les bénéfices de la fermentation Prévention du diabète Publications

Révéler les secrets du yaourt pour une meilleure prévention des maladies chroniques

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Si vous consommez du yaourt, vous êtes moins susceptible que d’autres de développer certains problèmes de santé, tels qu’un diabète de type 2, une obésité, une hypertension artérielle, voire même une maladie cardiaque. Mais la consommation de yaourt nous protège-t-elle réellement contre ces affections?

Si vous êtes consommateur de yaourt, il y a de fortes chances que vous ayez aussi un mode de vie généralement bon pour votre santé. En particulier, les études montrent que la consommation de yaourt est associée à une réduction du risque de diabète de type 2, bien que les mécanismes sous-jacents ne soient pas connus. Révéler ces secrets permettraient d’apporter des preuves nécessaires à la formulation de nouvelles recommandations alimentaires, en faveur des produits laitiers fermentés, pour les personnes à risque notamment.

Les ferments du yaourt pourraient être la clé des bienfaits pour la santé

La clé de l’explication pourrait résider dans les milliards de bactéries qui s’abritent dans notre intestin et constituent notre microbiote. Des études ont montré que des modifications du microbiote intestinal, et notamment une faible diversité des bactéries le composant, étaient associés à l’obésité et à diverses maladies, telles que maladies inflammatoires de l’intestin, hypertension artérielle, diabète de type 2, cancer, dépression, sclérose en plaques ou schizophrénie. Les bactéries contenues dans le yaourt aident notre intestin à rester en bonne santé, en contribuant à la diversité et au bon équilibre du microbiote intestinal.

Les bactéries contenues dans le yaourt ont également d’autres effets. De plus en plus d’études scientifiques tendent à montrer un rôle de l’inflammation dans le développement du diabète de type 2 et des maladies cardiaques. Or, durant la fermentation lactique réalisée par les ferments du yaourt, il y a production de lactate. Les chercheurs s’interrogent sur le potentiel rôle anti-inflammatoire de ce lactate qui pourrait expliquer la diminution de risque de diabète de type 2 associée à cette consommation.

« L’utilisation de l’alimentation pour favoriser le développement de bactéries susceptibles de prévenir ou de contrôler les maladies cardiométaboliques d’origine inflammatoire est une perspective prometteuse pour des interventions alimentaires. » – Fernandez & Marette, 2018.

La fermentation peut produire des molécules bonnes pour la santé

La fermentation lactique produit un cocktail d’autres molécules bioactives qui semblent avoir des effets bénéfiques sur la santé :

  • Des études récentes ont montré que la consommation de yaourt pourrait diminuer les risques d’hypertension artérielle et de maladie cardiaque. En effet, les peptides bioactifs formés au cours du procédé de fermentation et pendant la digestion des protéines du lait pourraient avoir des propriétés antihypertensives et pourraient contribuer à prévenir les maladies cardiaques.
  • Les peptides bioactifs pourraient réguler les gènes impliqués dans l’absorption du glucose et la sécrétion d’insuline et pourraient donc exercer une activité antidiabétique. Ils pourraient également réguler les gènes impliqués dans l’inflammation et dans le maintien de la santé intestinale.
  • Le lait contient un acide gras bioactif : l’acide linoléique conjugué (CLA). Lors de la transformation du lait en yaourt, la fermentation par les bactéries lactiques augmente la quantité de CLA. Selon les auteurs, cet acide gras bioactif pourrait prévenir l’obésité et le diabète de type 2.
  • Les sucres complexes, appelés exopolysaccharides, produits par les bactéries lactiques, pourraient réguler la réponse immunitaire. Ils contribuent également à épaissir le yaourt. Cette matrice alimentaire visqueuse protège les bactéries vivantes contenues dans le yaourt lorsqu’elles traversent l’intestin.

« Les peptides relargués durant la fermentation pourraient expliquer certains des effets des produits laitiers fermentés sur le risque de maladies cardiométaboliques, observés dans les études épidémiologiques, en particulier le diabète de type 2 … » – Fernandez & Marette, 2018.

Les auteurs soulignent qu’il semble y avoir des différences entre les hommes et les femmes concernant les effets potentiels du yaourt sur la santé et la maladie. Des études sur les différences entre les sexes, sur les effets dans des populations spécifiques (enfants, adolescents, femmes enceintes…) ainsi que de nouvelles études sur les mécanismes sousjacents des bienfaits du yaourt sur la santé, sont nécessaires avant de pouvoir recommander officiellement le yaourt pour la prévention du diabète de type 2.

Pour en savoir plus : lire l’article original.

Source : Fernandez MA, Marette A. Novel perspectives on fermented milks and cardiometabolic health., Nut Rev, 2018; 76(1)

Cet article fait partie des travaux publiés du Sommet YINI 2017, organisé à Buenos Aires pendant le Congrès international de la nutrition sur « Yaourt, microbiome intestinal et santé : des mécanismes potentiels aux recommandations alimentaires »Cet article est publié dans Nutrition Review Supplement, Vol. 76 (Supplément 1), Déc. 2018

18 Fév 2019
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Alimentation saine et équilibrée Santé cardiovasculaire

Le yaourt, une aide pour contrôler la pression artérielle ?

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C’est un tueur silencieux qui vous prend par surprise alors que vous ignorez sa présence jusqu’à ce que vous subissiez une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral. Mais l’hypertension artérielle peut être contrôlée par des médicaments ou même par quelques mesures hygiéno-diététiques telles que manger équilibrée et rester actif.

L’étude dont fait état cet article révèle que la consommation de yaourt dans le cadre d’une alimentation équilibrée est associée à un risque plus faible de développer une hypertension artérielle sur le long terme.

La consommation de yaourt est le signe d’un mode de vie sain

Cette vaste étude conduite aux États-Unis a suivi des hommes et des femmes en bonne santé, d’âge moyen à avancé, pendant près de 30 ans, en enregistrant tous les 2 ans la composition de leur alimentation et s’ils avaient ou non développé une hypertension artérielle. Objectif : déterminer s’il existe une association entre la consommation de produits laitiers, en particulier de yaourt, et la pression artérielle.

Les auteurs ont trouvé que la consommation de yaourt est liée à un mode de vie sain :  Les personnes consommant le plus de yaourts sont plus actives, moins prédisposées à la surcharge pondérale ou au tabagisme et elles ont une alimentation plus équilibrée que les non-amateurs de yaourt.

« Les participants qui consomment le plus de yaourt ont tendance à avoir globalement une alimentation plus équilibrée, mesurée par le score DASH [Dietary Approaches to Stop Hypertension, approches alimentaires pour stopper l’hypertension]. »– Buendia et al, 2018.

La consommation de yaourt est associée à une amélioration du contrôle de la pression artérielle

Les personnes qui consomment au moins 5 pots de yaourt par semaine ont un risque 16 % plus faible de développer une hypertension artérielle au cours de l’étude que les personnes qui consomment rarement, voire jamais, de yaourt. Les auteurs ont également examiné les effets de consommations importantes de produits laitiers en général (lait, glace, fromage et yaourt) ainsi que de lait et de fromage. Une consommation plus importante de produits laitiers en général est également associée à une réduction de 16 % du risque d’hypertension artérielle, des associations plus faibles étant retrouvées pour les consommations importantes de lait et de fromage (respectivement 12 % et 6 %).

Dans leur analyse, les auteurs ont pris en compte divers facteurs susceptibles d’influencer le développement d’une hypertension artérielle – l’âge, l’origine ethnique, le tabagisme, l’activité physique, l’alimentation et les antécédents familiaux d’hypertension artérielle – de manière à ne pas masquer les effets des produits laitiers. Ils ont trouvé que la prise en compte de l’obésité ne modifiait pas beaucoup les résultats.

 » … une consommation plus importante de produits laitiers en général, notamment sous forme de yaourt, est associée à un risque plus faible de développer une HTA [hypertension artérielle] à un âge intermédiaire. Cette association est particulièrement forte parmi les adultes avec une alimentation globalement équilibrée. » – Buendia et al, 2018.

Les personnes qui ont l’alimentation la plus équilibrée et consomment au moins 5 pots de yaourt par semaine ont un risque 30 % plus faible de développer une hypertension artérielle que les personnes avec une alimentation moins saine et qui ne consomment que rarement, voire jamais, de yaourt.

La composition nutritionnelle du yaourt pourrait avoir un effet bénéfique sur la pression artérielle

L’association entre la consommation de produits laitiers, en particulier de yaourt, et la pression artérielle pourrait s’expliquer par la teneur nutritionnelle des produits. Le yaourt contient des concentrations élevées de protéines (caséine et protéines de lactosérum), ainsi que de calcium, de magnésium, de potassium et de vitamine D, qui sont tous associés à la régulation de la pression artérielle. Au cours du procédé de fermentation utilisé pour fabriquer le yaourt, des peptides biologiquement actifs se forment qui, eux aussi, favorisent la diminution de la pression artérielle.

Yaourt et contrôle du poids

On a tendance à prendre du poids avec l’âge. La surcharge pondérale augmente le risque de développer une hypertension artérielle. La consommation de yaourt a été associée à une moindre prise de poids à un âge intermédiaire et nous pouvons espérer que cela ait un effet bénéfique sur la pression artérielle.

Les auteurs concluent que leurs résultats confortent les recommandations alimentaires qui préconisent la consommation de produits laitiers.

Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Buendia JR, Li Y, Hu FB et al. Long-term yogurt consumption and risk of incident hypertension in adults. J Hypertens. 2018;36:1671-1679.
04 Fév 2019
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Enfant Santé osseuse

Bâtir des os solides pour la vie : votre enfant consomme-t-il assez de produits laitiers ?

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L’enfance et l’adolescence sont le meilleur moment pour se concentrer sur la santé osseuse car la quasi-totalité de notre masse osseuse s’accumule pendant ces jeunes années. Agir dès ce moment-là peut préparer nos enfants à avoir des os robustes tout au long de l’âge adulte et à prévenir les fractures à un âge plus avancé.

Et la meilleure façon de les mettre sur la bonne voie pour avoir des os super solides ? Les encourager à avoir une alimentation équilibrée et à faire de l’exercice physique, selon les auteurs de cet article. Les produits laitiers sont une mine de nutriments essentiels à la croissance osseuse, notamment le calcium, les protéines, le magnésium, le potassium, le zinc et le phosphore. Avoir une activité physique régulière pendant l’enfance est également reconnu comme important pour la croissance osseuse.

Mais il reste encore des points à étudier sur le développement osseux. Les auteurs ont étudié un groupe de jeunes enfants au Brésil pour en savoir plus sur les effets des produits laitiers et de l’exercice physique sur la solidité osseuse, mesurés par la densité minérale osseuse (DMO), et pour déterminer s’il y a des différences entre les garçons et les filles.

Une consommation plus importante de produits laitiers a été associée à une DMO plus élevée

Les chercheurs ont examiné les régimes alimentaires des enfants à l’âge de 4 ans, puis de nouveau à 6 ans. Ils ont trouvé que les enfants de 4 ans buvaient du lait plus souvent que les enfants de 6 ans, mais que cette différence était compensée par le fait que les enfants de 6 ans consommaient plus de yaourts et de fromages.

Des scintigraphies ont été réalisées afin de mesurer la DMO chez les enfants de 6 ans. Une consommation quotidienne plus importante de produits laitiers a été associée à une DMO du corps entier et une DMO du rachis lombaire (bas du dos) plus élevées aussi bien chez les garçons que chez les filles. Cette association a été plus importante chez les enfants consommant au moins trois portions de produits laitiers par jour.

« Notre étude apporte des preuves d’une association positive entre la consommation de produits laitiers et la DMO du corps entier et du rachis lombaire dès le jeune âge.  » – Bielemann et al, 2018.

L’exercice physique en charge contribue à bâtir des os solides

Si les muscles se renforcent à mesure que nous les utilisons, les os en font de même. Bien que toute activité physique soit bonne pour la santé générale, les activités avec mise en charge telles que la course, la grimpe, le saut et la marche sont particulièrement bonnes pour la solidité osseuse. Les forces que ces activités exercent sur les os, en particulier au niveau des sites porteurs tels que le rachis lombaire, renforcent ceux-ci.

Dans cette étude, une activité physique plus importante mentionnée par les mères chez leur enfants de 4 et 6 ans a été associée à une DMO plus élevée à l’âge de 6 ans chez les garçons uniquement. L’activité physique a également été mesurée chez les enfants de 6 ans au moyen d’un dispositif fixé au poignet de l’enfant. Des niveaux plus élevés d’activité physique mesurés au moyen du dispositif au poignet (activité physique totale et temps passé à pratiquer une activité physique modérée à intense) ont été associés à une DMO du corps entier et une DMO du rachis lombaire plus élevées chez les garçons et à une DMO du rachis lombaire plus élevée chez les filles.

« La consommation de produits laitiers et l’AP [activité physique] semblent être pareillement importantes pour la DMO de l’enfant. » – Bielemann et al, 2018.

Les auteurs ont conclu qu’une consommation plus importante de produits laitiers et un niveau plus élevé d’activité physique chez les enfants de 4 à 6 ans étaient associés à une DMO plus élevée à l’âge de 6 ans. Les produits laitiers et l’activité physique semblent exercer leurs effets sur la DMO de manière indépendante l’un de l’autre, selon les auteurs.

Pour en savoir plus : lire l’article original.
Source : Bielemann RM, Dos S Vaz J, Domingues MR et al. Are consumption of dairy products and physical activity independently related to bone mineral density of 6-year-old children? Longitudinal and cross-sectional analyses in a birth cohort from Brazil. Public Health Nutr. 2018;21:2654-2664.