Les dernières recherches suggèrent que le type d’aliment d’où proviennent les graisses saturées pourrait modifier la façon dont elles affectent notre santé cardiaque. Ainsi, remplacer les matières grasses saturées de la viande par celles des produits laitiers pourrait contribuer à réduire le risque cardiovasculaire.
La consommation excessive d’aliments riches en graisses saturées est depuis longtemps associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires Mais une étude récente montre que les acides gras saturés ne se comportent pas tous de la même manière : le type d’aliment dont ils proviennent peut faire une grande différence dans la façon dont ils vont affecter la santé cardiaque.
Des chercheurs britanniques ont cherché à savoir si le fait de remplacer des acides gras saturés (AGS) provenant de différents produits carnés par ceux provenant de produits laitiers pouvait réduire le risque d’événements cardiovasculaires (1).
Quels liens entre les acides gras saturés et la santé cardiovasculaire ?
Afin de réduire les risques de maladies cardiovasculaires (MCV), il est généralement recommandé de limiter la part des AGS à 10 % de l’apport énergétique total et de limiter la consommation de viande, en la remplaçant par d’autres aliments d’origine végétale et animale (2,3).
Des études de modélisation antérieures ont déjà montré que l’incidence des MCV était plus faible lorsque les AGS provenant des produits carnés étaient remplacés par des AGS issus des produits laitiers (4,5). Mais les scientifiques n’avaient pas encore élucidé les associations directes entre produits carnés ou produits laitiers et risques de MCV.
Des scientifiques de l’université de Reading, en Angleterre, ont cherché à savoir comment la substitution des AGS provenant des produits carnés (viandes transformées, viandes rouges et volaille) par ceux issus des produits laitiers (lait, fromage et yaourt) était associé aux risques de MCV au sein de la population adulte.
Les chercheurs ont analysé les données de plus de 21 000 participants, âgés de 40 à 79 ans, faisant partie de l’étude EPIC-Norfolk (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition-Norfolk) (6). À l’aide de questionnaires, ils ont analysés les habitudes alimentaires et suivi les participants pendant plus de vingt ans afin de déterminer l’incidence des maladies cardiovasculaires, des maladies coronariennes et des accidents vasculaires cérébraux (AVC), en lien avec leur alimentation.
Remplacer la viande par des produits laitiers peut contribuer à réduire le risque de MCV
Les résultats ont montré que, dans l’ensemble, remplacer 2,5 % de l’apport énergétique quotidien issus des AGS de la viande par des AGS laitiers était associé à une réduction significative du risque de développer une MCV.
Plus précisément, le remplacement de l’ensemble des AGS de la viande par l’ensemble des AGS des produits laitiers a été associé à une diminution de 11 % de l’incidence des MCV et de 12 % de l’incidence des maladies coronariennes. Ces résultats ont pris en compte d’autres facteurs sociodémographiques, cardiométaboliques, alimentaires et liés au mode de vie,.
Remplacer les AGS provenant de la viande rouge et de la viande transformée pourrait être le plus bénéfique pour prévenir les MCV
Les analyses ont révélé une réduction significative des risques de MCV lorsque les AGS provenant de la viande rouge ou transformée étaient remplacés par ceux provenant des produits laitiers.
- La substitution des AGS provenant de la viande transformée par ceux du fromage a été associée à une diminution de 23% de l’incidence des MCV et des maladies coronariennes et de 19 % de l’incidence des AVC.
- Le remplacement des AGS de la viande rouge par ceux provenant du fromage a été associé à une diminution de l’incidence des MCV de 14 %.
- De même, la substitution des AGS de la viande transformée par ceux du lait a été associée à une diminution de 16% de l’incidence des MCV et de 17% de l’incidence des maladies coronariennes.
En revanche, dans l’étude, le remplacement des AGS de la volaille par ceux des produits laitiers a été associé à un risque augmenté de MCV et d’AVC. Les chercheurs appellent toutefois à la prudence dans l’interprétation de ce résultat. La faible contribution de l’apport en matière grasse de la volaille a conduit à des estimations imprécises du risque, comme l’indiquent les larges intervalles de confiance. Aussi ces résultats ne peuvent pas être généralisés selon les chercheurs. Les résultats de l’étude ne correspondent pas aux données issues des recherches précédentes, qui indiquent que la consommation de volaille comme de produits laitiers a un effet neutre sur le risque de MCV.
Pourquoi le risque de MCV change-t-il lorsqu’on remplace les AGS provenant de la viande par des produits laitiers ?
Les mécanismes sous-jacents des changements observés dans le risque de MCV lorsque l’on remplace les AGS des produits carnés par ceux des produits laitiers ne sont pas clairs. Les chercheurs proposent plusieurs facteurs susceptibles d’y contribuer :
- Les variabilités dans les proportions de différentes types d’AGS contenus dans la viande et les produits laitiers peuvent avoir un impact différent sur le risque de MCV. Par exemple, les concentrations élevées d’acides gras à chaîne impaire que l’on trouve dans les produits laitiers ont été associées à un risque plus faible de MCV.
- D’autres constituants des matrices alimentaires de la viande (par exemple, le sodium, les conservateurs et les nitrates dans les viandes transformées) et des produits laitiers (par exemple, les protéines, le calcium, les bactéries et la membrane des globules gras du lait) peuvent également moduler l’impact des AGS sur le risque de MCV.
Les auteurs de cette étude suggèrent que des recherches futures se concentrent sur le remplacement de différents types de viande rouge (non transformée et transformée) par différents types de volaille et produits laitiers afin d’aider à préciser les recommandations alimentaires.
« « Le remplacement des AGS provenant des produits carnés, et en particulier de la viande transformée, par des produits laitiers peut réduire l’incidence des MCV et de la maladie coronarienne. Nos résultats ajoutent également à la preuve que les différents types de viande (…) devraient être considérés séparément ». «