Alimentation durable Avis d'experts

Comment manger de manière plus saine et durable ?

Alimentation et climat: points de vue croisés entre une climatologue et une nutritionniste - YINI -

Alimentation et Climat : Points de vue croisés entre Delphine Deryng et Charlotte Debeugny

Delphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC, publié en 2022.

Charlotte Debeugny est nutritionniste agréée selon le droit britannique et passionnée par la science et la bonne cuisine santé. Il nous a semblé intéressant de croiser leurs approches et points de vue. Nous vous invitons à découvrir cet entretien, à travers 3 épisodes.

3eme partie : Comment manger de manière plus saine et durable ?


Selon la définition de la FAO/OMS, les régimes alimentaires sains et durables sont des habitudes alimentaires qui promeuvent toutes les dimensions de la santé et du bien-être des individus. Ils présentent une faible pression et un faible impact environnementaux, sont accessibles, abordables, sûrs et équitables, et sont culturellement acceptables (FAO-OMS (2020), Régimes alimentaires sains et durables. Principes directeurs,).

Généralement, les aliments bénéfiques à la santé, le sont aussi sur l’environnement, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.

Ainsi, adopter une alimentation diversifiée et variée, riche en produits végétaux (fruits et légumes, céréales, légumineuses) permet d’assurer les apports en protéines et en minéraux répondant aux besoins nutritionnels. Mais la question se pose concernant certains nutriments dont le corps a besoin (fer, protéines, certaines vitamines comme la vitamine B12) et ces nutriments se retrouvent essentiellement dans les viandes et produits animaux. La FAO recommande de ne pas supprimer ces aliments mais privilégie d’en consommer en petites quantités.

En détail, ainsi concernant certains nutriments limitant:

  • Les profils protéiques des végétaux, à l’exception du soja, sont souvent limitant en acides aminés essentiels. L’association céréales et légumineuses permet d’avoir un profil protéique complet. De nombreux plats typiques en témoignent : le couscous avec association de pois-chiche et blé dur, le chili con carne avec maïs et haricots rouges.
  • Concernant les apports en fer, une certaine vigilance s’impose concernant le type de fer apporté par le aliment et sa biodisponibilité. Notamment, la biodisponibilité dans les produits végétaux est faible même s’il est interessant de noter que certaines céréales et légumineuses apportent un peu de fer (lentilles, par ex.). Ceci dit, l’apport en viande, en petites portions, peut avoir un intérêt pour permettre de couvrir les besoins en fer (notamment chez les enfants et les adolescentes et les femmes).
  • Concernant l’apport en calcium, les produits laitiers, dans nos cultures, restent assez incontournables. Associé aux protéines laitières, au phosphore et à la vitamine D, le calcium est plus biodisponible dans les produits laitiers et de meilleure teneur. Dans les cultures où la consommation de produits laitiers est plus rare, le calcium est apporté plutôt par le tofu ou les algues, intégrés naturellement dans la culture alimentaire locale.

Pour un bon mix entre un régime sain et plus durable, les diètes végétariennes et ou flexitariennes sont de bonnes voies pour couvrir les apports nutritionnels, modifier progressivement ses habitudes alimentaires, tout en ayant un impact positif sur l’environnement.

« Chaque petit pas peut aider l’environnement – Charlotte Debeugny »

« Agir pour la planète, ce n’est pas forcement faire les choses de façon rigide et stricte, il y a une flexibilité selon les besoins personnels et les aspects culturels – Delphine Deryng »


Delphine DeryngDelphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC publié en 2022. Elle est également chercheuse invitée à l’université Humboldt à Berlin depuis 2018. Delphine possède un doctorat en Science de l’environnement de l’Université d’East Anglia, d’un master en géographie de l’Université McGill et d’un master en physique et cosmologie de l’Université Paris Diderot.

Charlotte Debeugny

Charlotte Debeugny (RNutr) est une nutritionniste agréée britannique. Une experte en nutrition qui est fan de science et de bonne cuisine.  Elle est très consciente que des choix alimentaires sains sont également bons pour la planète. Elle préside également un groupe de travail de la FENS (Fédération of European Nutrition Sociétés) qui se concentre sur l’amélioration de la qualité de la communication scientifique en matière de nutrition à l’intention du public.

 


Pour en savoir plus :
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en vue de fournir des évaluations détaillées sur l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions et les stratégies de parades. Le groupe d’experts a entamé son 6eme cycle d’évaluation. L’ensemble des données est disponible en ligne.

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