Depuis l’émergence du concept de durabilité dans les années 90, les efforts se multiplient pour initier une transition vers des régimes alimentaires durables, favorisant une production agro-écologique saisonnière et des modes de production équitables et locaux [1].
Selon la Commission EAT-Lancet (2019), en matière de protection de l’environnement, l’alimentation reste l’un des plus grands leviers pour réduire son empreinte environnementale [2]. Le système alimentaire mondial actuel est responsable de 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), de 70% de l’utilisation de l’eau et d’une grande perte de biodiversité [2]. 49% des terres habitables sont utilisées par l’agriculture [3] et environ 30% de la nourriture est jetée ou perdue.
En optant pour une alimentation plus durable, nous détenons une solution possible pour améliorer non seulement notre propre santé mais aussi celle de la planète. Ce ne sont pas les aliments en tant que tels qui sont durables mais le régime alimentaire dans sa globalité qui pourra etre durable et sain.
Quels choix alimentaires pour une alimentation durable ?
Les régimes alimentaires sains et durables sont définis selon quatre dimensions [4]. Un régime alimentaire sain et durable est :
- Equilibré, sain et contribue positivement à la santé
- culturellement acceptable
- accessible, abordable et équitable
- avec un faible impact sur l’environnement et des modes de production qui préserve la biodiversité et les ressources naturelles [1].
Le meilleur équilibre entre ces dimensions est atteint en choisissant un régime varié, riche en végétaux, associé à la réduction du gaspillage alimentaire [5].
Une publication récente [5] a analysé les avantages et les limites des différents types de régimes alimentaires en termes de santé et de nutrition, de coût et d’accessibilité, d’acceptabilité culturelle (éthique et religieuse) et d’environnement. Selon cette analyse, les régimes flexitariens et les régimes territoriaux (régimes méditerranéens ou néo-nordiques par exemple) peuvent répondre facilement aux besoins énergétiques et nutritionnels de différentes populations
En outre, même si des études supplémentaires sont nécessaires, ces régimes peuvent avoir un impact plus durable sur l’environnement que les régimes occidentaux (en particulier si les régimes incluent des aliments de saison et d’origine locale). Ils peuvent être plus acceptables et plus faciles à maintenir que les régimes végétaliens ou végétariens moins diversifiés pour les personnes qui passent des régimes occidentaux à des alternatives saines et durables.
Densité nutritionnelle et santé
Une alimentation durable est nutritionnellement sûre, dense et saine. Elle doit faire preuve d’une bonne densité nutritionnelle, notamment d’une teneur en protéines de haute qualité, ainsi que de fibres et de vitamines.
La densité nutritionnelle désigne la « concentration de nutriments par quantité d’aliment ou par apport calorique de cet aliment » [6]. Un aliment nutritionnellement dense apporte beaucoup plus de nutriments que de calories par rapport aux besoins de l’organisme.
Le choix d’aliments durables et nutritionnellement denses dans le cadre d’une alimentation saine et variée améliore la santé globale en réduisant la malnutrition et le risque de MNT (maladies non transmissibles) et les carences nutritionnelles.
Préservation de la biodiversité et des ressources naturelles
En adoptant de nouvelles habitudes de consommation alimentaire à l’échelle collective et individuelle, il est désormais possible de réduire les émissions de GES liées à l’alimentation et de protéger les ressources naturelles.
De plus, soutenir un mode d’alimentation sain et durable est un moyen essentiel pour limiter et prévenir la dégradation de l’environnement causée par ce qui finit dans l’assiette [4]. En effet, le système alimentaire mondial est aujourd’hui encore largement basé sur une agriculture intensive exportatrice, et dépendante des produits phytosanitaires et engrais agricoles [4]. L’utilisation de ces produits et la déforestation sont des facteurs de perte de biodiversité, tant dans les sols que dans les écosystèmes aquatiques [4].
« Pour parvenir à des régimes alimentaires sains issus de systèmes alimentaires durables pour tout le monde, il faudra des changements substantiels vers des modèles alimentaires sains, des diminutions importantes des pertes et déchets alimentaires, et des améliorations majeures des pratiques de production alimentaire. » – Willett W et al, 2019
Économiquement accessible et culturellement acceptable
La réduction du transport des marchandises et denrées alimentaires est une étape importante dans la gestion du changement climatique déjà en place [5,8]. Acheter des produits alimentaires transportés sur de courtes distances limite la consommation d’énergie du transport et il y a de fortes chances que les aliments locaux vous coûtent également moins cher.
En outre, la vente directe et saisonnière des agriculteurs aux consommateurs par l’intermédiaire de nouvelles organisations locales est le meilleur moyen d’obtenir de bons prix dans le cadre d’une relation commerciale équitable qui réconcilie les citoyens urbains et les producteurs [1,8].
En ce qui concerne les aspects socioculturels, les régimes alimentaires sains et durables se construisent dans le respect de la culture et des traditions locales. Les outils, pratiques et valeurs culinaires, voire les croyances religieuses et éthiques concernant la façon dont les aliments sont produits, préparés et cuisinés, doivent être pris en compte [4,5].
4 résolutions pour une alimentation plus durable
Nos choix alimentaires peuvent avoir une incidence sur l’avenir. En réduisant le gaspillage et en faisant des choix alimentaires plus sains, nous pouvons réduire jusqu’à 50 % les émissions mondiales de GES [12,13]. Dans la vie quotidienne, nous pouvons suivre ces résolutions :
- Réduire le gaspillage alimentaire domestique. Avec une meilleure compréhension des dates de péremption, un menu planifié chaque semaine et des conditions de stockage appropriées, nous pouvons nous assurer que tous les produits que nous achetons seront consommés et non jetés (et notre portefeuille nous remerciera également).
- Préférer les aliments de saison et produits localement [4,5]. Les fruits et légumes de saison et produits localement sont souvent des aliments pauvres en calories, riches en vitamines (A, C et K), en minéraux (cuivre, manganèse et magnésium) et en fibres [9,10]. A date, les réductions d’émissions de GES obtenues en substituant des aliments d’origine végétale aux aliments d’origine animale sont compensées par les impacts environnementaux du transport des fruits et légumes hors saison à travers le monde, notamment par avion [5]. D’où l’importance de respecter la saisonnalité des produits et de veiller à ce qu’ils soient autant que possible d’origine locale.
- Limiter la consommation de sucres ajoutés et de « calories vides » contenus dans certains aliments ultra-transformés. Les aliments contenant de très faibles quantités de nutriments essentiels (protéines, vitamines et minéraux), au profit des graisses saturées et des sucres créent un excès d’énergie et n’ont qu’un très faible intérêt pour la santé.
- Ajoutez davantage de noix et graines et légumineuses dans votre alimentation. Les noix et les graines se distinguent par leur teneur en protéines, en vitamine E et en graisses polyinsaturées. Leur texture et leur forme en font des aliments de choix pour des collations équilibrées et riches en nutriments [9]. Cependant, bien qu’ils présentent plusieurs avantages nutritionnels et une faible consommation d’énergie, ces derniers sont considérés comme les quatrièmes aliments les plus irrigués par l’eau car cultivés dans des régions au climat sec, principalement aux États-Unis [11]. Par conséquent, leur consommation doit rester raisonnable. Les légumineuses sont des sources de protéines d’origine végétale et contribuent à l’enrichissement du sol en azote pour la récupération des terres où ils sont cultivés [9].
Le yaourt s’intègre-t-il dans une alimentation durable ?
La consommation quotidienne de yaourt est un moyen efficace de répondre aux besoins nutritionnels tout en combinant un apport calorique équilibré [14,15]. Le yaourt apporte à travers une formule à faible densité calorique de nombreux nutriments intéressants comme les protéines, le calcium, le zinc, le potassium, ainsi que des vitamines (Vit. B) et des ferments vivants bénéfiques pour la santé intestinale [15,16,17].
Le yaourt est un produit laitier, mais l’élevage laitier n’a pas le même impact en termes de GES que l’élevage bovin. Selon la FAO, le secteur laitier mondial contribue à 4% des émissions mondiales de GES [20]. Et au sein des catégories de produits laitiers, le yaourt et le lait ont une empreinte carbone inférieure à celle du fromage [19].
Selon les directives de la FAO et de l’OMS sur les régimes alimentaires durables et sains, une consommation modérée de produits laitiers respectant les recommandations alimentaires s’inscrit dans le cadre de régimes alimentaires durables et sains [4,19].
Le yaourt est en effet un produit nutritif dont l’effet sur l’environnement reste modéré. De plus, dans le cadre d’une alimentation équilibrée, le yaourt est l’un des produits les plus courants et les plus accessibles. On peut le trouver facilement et les produits laitiers fermentés, font déjà partie de plusieurs régimes alimentaires traditionnels dans le monde : yaourt grec, kéfir, skyr, labneh et bien d’autres. Enfin, le yaourt est l’une des sources de calcium les moins chères et une source de protéines de haute qualité très abordable [20].
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