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Production alimentaire et réchauffement climatique, quels constats?

Alimentation et climat: points de vue croisés entre une climatologue et une nutritionniste - YINI -

Alimentation et Climat : Points de vue croisés entre Delphine Deryng et Charlotte Debeugny

Delphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC, publié en 2022.

Charlotte Debeugny est nutritionniste agréée selon le droit britannique et passionnée par la science et la bonne cuisine santé. Il nous a semblé intéressant de croiser leurs approches et points de vue. Nous vous invitons à découvrir cet entretien, à travers 3 épisodes.

Production alimentaire et réchauffement climatique, quels constats?


Ce que l’on mange, au travers des modes de production agricole, des transformations, et de son choix de consommation, a un impact sur l’environnement, le climat, la biodiversité, les gaz à effets de serre… L’ensemble du système alimentaire est impliqué dans ces changements.
En parallèle, l’agriculture est aussi fortement tributaire des aléas environnementaux liés au réchauffement climatique. La production agricole dépend des températures, des précipitations, des épisodes de sécheresse, des ressources… et l’ensemble des aléas climatiques posent un risque croissant sur la sécurité alimentaire mondiale.

Selon la FAO, le secteur agricole contribue entre 18 et 30% des gaz à effet des serre (GES) dans le monde. Quand on intègre toute la chaine alimentaire (en incluant la production, la transformation, le transport, le stockage, la consommation…), cela peut aller jusqu’à 37%. En France, selon les données de l’ADEME (Alimentation et environnement : champs d’action pour les professionnels, 2022), le système alimentaire, de la production à la consommation, est responsable d’un quart des émissions à effet de serre. Plus spécifiquement, les émissions de méthane liée à la production de viande, représentent 45% des émissions du secteur agricole (à l’échelle globale, dans les systèmes agricoles, le méthane provient essentiellement du bétail et de la production du riz).

Le réchauffement des températures change les saisons, modifie les fréquences et l’intensités des températures des saisons froides et chaudes. Il y a une augmentation de ces épisodes extrêmes (vagues de chaleur intense, périodes de sécheresse, risque de feux, pluies torrentielles, risques d’inondation, etc.), qui perturbent les systèmes de production alimentaire.

Ces risques croissants, directement liés aux changements climatiques, ont un impact sur les productions agricoles tant en termes de quantité que de qualité de la production des cultures (moins bonne densité nutritionnelle, notamment concernant les protéines, le fer, le zinc). Par exemple, l’augmentation du CO2 induit notamment un déséquilibre dans les réactions de photosynthèse et cela se traduit à moyen terme par un effet négatif sur la quantité de matière protéinique des cultures.

A suivre dans quelques jours, la suite de cet entretien, sur les façons d’agir à l’échelle globale comme individuelle…


Delphine DeryngDelphine Deryng est climatologue spécialisée sur les problématiques de risques et d’adaptation du secteur agroalimentaire face aux aléas climatiques, et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Delphine est auteure principale du 2e volet du sixième rapport du GIEC publié en 2022. Elle est également chercheuse invitée à l’université Humboldt à Berlin depuis 2018. Delphine possède un doctorat en Science de l’environnement de l’Université d’East Anglia, d’un master en géographie de l’Université McGill et d’un master en physique et cosmologie de l’Université Paris Diderot.

Charlotte Debeugny

Charlotte Debeugny (RNutr) est une nutritionniste agréée britannique. Une experte en nutrition qui est fan de science et de bonne cuisine.  Elle est très consciente que des choix alimentaires sains sont également bons pour la planète. Elle préside également un groupe de travail de la FENS (Fédération of European Nutrition Sociétés) qui se concentre sur l’amélioration de la qualité de la communication scientifique en matière de nutrition à l’intention du public.

 


Pour en savoir plus :
  • Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en vue de fournir des évaluations détaillées sur l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions et les stratégies de parades. Le groupe d’experts a entamé son 6eme cycle d’évaluation. L’ensemble des données est disponible en ligne.
Références additionnelles :

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