Une récente étude met en lumière une possibilité intrigante : une consommation quotidienne de produits laitiers pourrait jouer un rôle protecteur face au pré-diabète, en évitant aux personnes à risque de développer un diabète de type 2 (DT2).
Les chercheurs ont suivi les habitudes alimentaires et l’évolution de la santé des personnes atteintes de prédiabète pendant près de dix ans, ce qui leur a permis de mieux comprendre comment certains types de produits laitiers pouvaient influencer leur évolution vers le diabète ou leur éloignement de cette maladie. La consommation de produits laitiers entiers, tels que le yaourt, pourrait contribuer à inverser la progression du prédiabète et réduire le risque de développer un DT2 (1).
Le pré-diabète est un précurseur du diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires
Le pré-diabète, caractérisé par une glycémie supérieure à la normale mais pas encore assez élevée pour être considérée comme un diabète, touche plus d’un quart des adultes dans le monde. Ce chiffre devrait atteindre 470 millions de personnes d’ici 2030 (2). Chaque année, entre 5 et 10 % des personnes atteintes de prédiabète évoluent vers le DT2 ; ces personnes présentent également un risque élevé de développer une maladie cardiovasculaire et de mourir prématurément (3).
Si les facteurs de risque de développer un DT2 sont bien établis, les modérateurs potentiels de la progression du diabète sont, en revanche, moins connus.
Il est déjà reconnu que la consommation régulière de produits laitiers, en particulier de yaourt, a été associée à une réduction du risque de développer un DT2. Des chercheurs de l’université des sciences médicales Shahid Beheshti, Iran, ont cherché à savoir si la consommation régulière de produits laitiers pouvait influer sur la régression du prédiabète vers une glycémie normale ou sur la progression vers le DT2. Ils ont suivi 334 adultes atteints de prédiabète pendant neuf ans, en notant les produits laitiers qu’ils consommaient à l’aide de questionnaires validés sur la fréquence de consommation des aliments et en contrôlant régulièrement leur glycémie.
Pour évaluer l’association entre la régression à une glycémie normale et la progression vers le DT2, les chercheurs ont utilisé plusieurs modèles, en tenant compte de divers facteurs de risque de DT2:
- Modèle 1, ajusté pour l’âge, le sexe, la glycémie post-prandiale et le score de risque de DT2.
- Modèle 2, ajusté pour le tabagisme et l’activité physique en plus des facteurs du modèle 1
- Modèle 3, prenant en compte tous les facteurs de risque susmentionnés et ajustés en plus pour les apports alimentaires en fruits, légumes, légumineuses, noix, céréales et viandes.
La consommation de produits laitiers entiers est associée à une réduction du risque de progression du prédiabète
Les résultats ont montré qu’une consommation plus importante de produits laitiers entiers était associée de manière significative à une régression du prédiabète. Plus précisément, chaque tranche supplémentaire de 200g/jour de produits laitiers entiers est associée à une probabilité accrue de 69% de revenir à une glycémie normale, dans le modèle 3, ajusté pour les facteurs de risque bien établis de développement du DT2. Une consommation plus importante de produits laitiers entiers était également liée à une glycémie moyenne plus faible après le repas.
Il est intéressant de noter que les chercheurs n’ont pas trouvé d’association significative entre la consommation de produits laitiers totaux (entiers et allégés) ou de produits laitiers allégés seuls et le risque de régression ou de progression du prédiabète, quel que soit le modèle.
Ces résultats corroborent des études antérieures démontrant un effet protecteur plus important de la consommation de produits laitiers entiers contre le risque de développer un DT2 (4, 5).
Les choix d’aliments laitiers peuvent varier en fonction de leur association avec le prédiabète
Lorsque l’on examine les différentes catégories de produits laitiers (yaourt, lait, fromage, crème ou beurre), seul le yaourt a montré un effet bénéfique particulier et a été associé à une régression du pré-diabète. Il n’y a pas de lien significatif entre la consommation de lait, de fromage, de crème ou de beurre et l’évolution du statut de prédiabète, quel que soit le modèle.
- Une augmentation de sa consommation quotidienne de yaourt est associée à une augmentation de 82% des chances d’atteindre des niveaux normaux de glycémie. Une fois de plus, cette association n’a été trouvée que dans le modèle 3, ajusté pour la plupart des facteurs de risque bien établis pour le développement du DT2. Les personnes dont la glycémie est revenue à la normale au cours de la période de suivi ont mangé plus de yaourt en moyenne que celles dont le prédiabète persistait (1,7 contre 1,1 portion/jour).
- La consommation de lait a eu un certain effet sur la glycémie, mais n’a pas conduit à une régression significative du prédiabète. Une consommation quotidienne de lait plus élevée (0,5 ou 1,9 portion/jour contre <0,2 portion/jour) était liée à une glycémie moyenne plus faible après le repas, mais cela n’a pas conduit à une régression significative du prédiabète.
- Enfin, la consommation de fromage semble avoir un effet négatif sur la glycémie. Une consommation quotidienne plus élevée de fromage (≥1,0 vs. <0,4 portion/jour) est associée à une glycémie moyenne plus élevée après le repas. Les personnes qui ont développé un DT2 au cours de la période de suivi semblaient manger plus de fromage que celles qui n’en mangeaient pas.
Ces résultats confirment les conclusions précédentes sur le rôle spécifique du yaourt dans la réduction potentielle du risque de développer un DT2 (6).
Quels mécanismes biologiques pourraient être associés à la régression du prédiabète ?
La cause et les mécanismes sous-jacents des relations observées entre la consommation de produits laitiers et le risque de développer un DT2 ne sont toujours pas clairs (5). Les scientifiques attribuent les effets protecteurs des produits laitiers par rapport au DT2 à leurs profils en acides gras ainsi qu’à d’autres composants bioactifs, notamment les ferments probiotiques, vitamine K2 et la membrane des globules gras du lait (6,7).
Dans cette étude, les chercheurs suggèrent que les effets potentiels d’une consommation régulière de produits laitiers sur la régression ou la progression du prédiabète passent par une amélioration de la tolérance au glucose et de la sensibilité à l’insuline, dans la mesure où la consommation de produits laitiers a été associée à des modifications de la glycémie après le repas, mais pas à des niveaux de glycémie à jeun.