Manger du yaourt, manger sainement

Briser les mythes entourant les produits laitiers entiers

De-bunking the myths surrounding full-fat dairy foods

La croyance répandue selon laquelle les produits laitiers entiers sont moins bons pour la santé que leurs équivalents allégés pourrait n’être qu’un mythe. C’est ce que suggère cette vaste étude conduite aux États-Unis. Si elle est confirmée, cela signifiera que vous pouvez savourer vos produits laitiers entiers – fromage, lait entier, yaourt entier – sans culpabiliser !

Pendant des années, on nous a laissé penser que les matières grasses présentes dans les produits laitiers pouvaient nuire à notre santé, malgré très peu de preuves cliniques en ce sens. Mais ce point de vue été remis en question par un nombre croissant d’études suggérant que la consommation de graisses laitières n’a aucun effet néfaste et aurait même un effet protecteur vis-à-vis de nos risques de maladie cardiaque, d’accident vasculaire cérébral (AVC), de diabète, de prise de poids et de cancer.

Étude à long terme des marqueurs de la consommation de matières grasses laitières

Les matières grasses laitières sont principalement constituées d’acides gras saturés avec des effets sur les taux sanguins de lipides, de glucose et d’insuline ainsi que sur la résistance à l’insuline.

Une étude a examiné l’association entre trois acides gras laitiers dans la circulation sanguine et le taux de mortalité totale, les décès de causes spécifiques et le risque de maladie cardiovasculaire (MCV) chez les adultes plus âgés.

Les taux sanguins des trois acides gras (acide pentadécanoïque [15:0], acide heptadécanoïque [17:0] et acide trans-palmitoléique [trans-16:1n–7]) représentent une bonne mesure de la consommation des matières grasses alimentaires.

Les chercheurs ont recruté 2 907 adultes aux États-Unis, âgés de 65 ans ou plus, sans antécédent de maladie cardiaque ou d’AVC. Ils ont suivi les participants pendant 22 ans et ont enregistré les décès, les crises cardiaques et les AVC. Les taux d’acides gras dans le sang ont été mesurés au début de l’étude, puis 6 ans et 13 ans après.

La consommation de matière grasse laitière n’a pas été associée à une augmentation des décès

Les auteurs ont évalué plusieurs facteurs de risque susceptibles d’augmenter les taux de mortalité chez les adultes plus âgés, incluant le sexe, l’âge, l’éducation, le mode de vie, la santé et des facteurs alimentaires. Après avoir pris en compte ces facteurs de risque, ils n’ont trouvé aucune association entre les taux sanguins des trois acides gras et le taux de mortalité globale.

Une association a été observée avec une réduction du risque de décès par maladie cardiaque et par accident vasculaire cérébral

Des taux sanguins plus élevés de l’un des acides gras, l’acide heptadécanoïque 17:0, ont été associés à une réduction des décès par maladie cardiaque et par AVC. Les personnes avec les taux les plus élevés de cet acide gras ont présenté un risque de décès par maladie cardiaque ou avec AVC plus faible de 23 % par rapport aux personnes avec les taux les plus faibles. L’association la plus forte a été observée avec les décès par AVC. Les personnes avec les taux les plus élevés d’acide heptadécanoïque ont présenté un risque de décès par AVC plus faible de 42 % par rapport aux personnes avec les taux les plus faibles. Les observations ont été similaires chez les hommes et chez les femmes, selon les auteurs.

« Un taux plasmatique du phospholipide acide heptadécanoïque plus élevé a été associé à une mortalité par MCV plus faible, notamment la mortalité par accident vasculaire cérébral … » – de Oliveira Otto et al, 2018.

Les substances présentes dans les produits laitiers pourraient diminuer le risque d’accident vasculaire cérébral

Les nutriments présents dans les produits laitières, incluant le calcium, la vitamine D, le phosphore et le potassium, pourraient contribuer à diminuer la pression artérielle et prévenir la formation de caillots sanguins réduisant ainsi le risque d’AVC. Les acides gras saturés présents dans les produits laitiers augmentent également les taux de « bon » cholestérol (cholestérol HDL), ce qui pourrait contribuer à empêcher que les vaisseaux sanguins du cerveau deviennent fragiles et sensibles à la rupture.

Les auteurs indiquent que des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer de quelle façon les matières grasses laitières pourraient réduire le risque de décès par AVC.

Les décès d’autres causes nécessitent des investigations complémentaires

En revanche, l’acide heptadécanoïque 17:0 a été associé à un risque plus élevé de décès de causes autres que les maladies cardiaques et les AVC, ce qui ne fût pas le cas pour les deux autres acides gras mesurés. Les personnes avec les taux les plus élevés de cet acide gras ont présenté un risque de décès d’autres causes plus élevé de 27 % par rapport aux personnes avec les taux les plus faibles.

Cette association n’a pas été liée à une cause particulière de décès et elle nécessite des investigations complémentaires.

La consommation de matières grasses laitières n’a pas été associée au nombre total de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux

Lorsque les chercheurs ont examiné le risque de maladie cardiaque et d’AVC d’issue fatale et non fatale, ils n’ont trouvé aucune association avec les trois acides gras, suggérant ainsi que les produits laitiers entiers ne sont pas aussi nocifs pour notre cœur et nos vaisseaux sanguins que ce que l’on pensait.

« Dans l’ensemble, nos observations ne confortent pas l’existence d’associations nocives entre la consommation de matières grasses laitières et les événements CV incidents plus tard dans la vie. » – de Oliveira Otto et al, 2018

Pour en savoir plus, lire l’article original.
Source : de Oliveira Otto MC, Lemaitre RN, Song X et al. Serial measures of circulating biomarkers of dairy fat and total and cause-specific mortality in older adults: the Cardiovascular Health Study. Am J Clin Nutr. 2018;108:476-484.

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