Le yaourt est largement connu pour ses bienfaits sur la santé. Dense en nutriments, il contient des vitamines, minéraux et des protéines. Les propriétés physiques et biologiques des protéines laitières contenues dans le yaourt diffèrent de celles du lait, ce qui pourrait améliorer leur digestibilité.
Parce que la consommation de protéines digestes et facilement assimilables est nécessaire au maintien de la masse musculaire, le yaourt pourrait constituer une source intéressante de protéines. En tant que source de protéines de haute qualité, le lait a été largement étudié pour ses bénéfices sur la santé musculaire, mais le rôle des protéines laitières dans le yaourt reste peu clair (1).
Une digestibilité des protéines du yaourt meilleures que celles du lait ?
Les protéines laitières sont principalement de deux types : la caséine et le lactosérum (ou whey).
Lors de la fabrication du yaourt, le lait subit des traitements thermiques et une fermentation lactique, qui décomposent partiellement ces protéines, les rendant potentiellement plus faciles à absorber et à digérer.
Certaines études ont fait état d’un taux d’absorption des protéines plus lent dans le yaourt que dans le lait. Cela pourrait être dû à la vidange gastrique plus longue du yaourt en raison de sa viscosité plus élevée. Ainsi, la transformation du yaourt garantit une viscosité plus faible pour une absorption optimale.
D’autre part, des études portant sur la quantité d’acides aminés totaux (AAT) dans le sang après la consommation de produits laitiers ont montré que leur quantité était plus élevée après l’absorption de yaourt ou de lait fermenté que de lait (2). Des résultats similaires ont été obtenus avec la consommation d’un lait non fermenté acidifié par l’ajout d’acide lactique.
Ces résultats suggèrent le rôle de l’acidité et de la viscosité du yaourt dans l’optimisation de l’absorption et de la digestion des protéines.
La consommation de protéines laitières dans le yaourt peut améliorer la synthèse des protéines musculaires
Des études interventionnelles utilisant des acides aminés marqués permettent de suivre la synthèse des protéines musculaires (SPM) après les repas. Elles ont mis en évidence une incorporation d’acides aminés marqués plus importante dans les protéines musculaires après la consommation de yaourt qu’avec du lait ou du lait acidifié non fermenté. Ceci suggère une amélioration de la SPM, en cohérence avec une augmentation plus importante de la quantité d’acides aminés dans le sang après l’ingestion de yaourt (3).
Après les repas, l’augmentation de la quantité d’acides aminés sanguins et d’insuline stimule la SPM en déclenchant deux voies cellulaires (voies PI3K/ Akt). Il est intéressant de noter que des études ont montré une activation accrue de ces voies après la consommation de yaourt par rapport au lait.
Alors que ces études suggèrent une augmentation aiguë de la SPM après un repas, d’autres études ont donné des résultats plus contrastés concernant la consommation à long terme de yaourt et son association avec le maintien et/ou l’augmentation de la masse musculaire squelettique.
Le yaourt pourrait être bénéfique pour la santé musculaire grâce à la fermentation lactique
En plus d’être une bonne source de protéines, le yaourt pourrait aider les muscles par le biais de la fermentation lactique et des relations existantes entre microbiote intestinal et muscles squelettiques
Des études portant sur la relation entre le microbiote intestinal et la masse musculaire ont fait état d’une corrélation positive entre la présence de bactéries lactiques dans le microbiote intestinal et la masse musculaire (4).
Selon une étude récente, la perturbation du microbiote intestinal liée à l’âge et l’augmentation de la perméabilité intestinale pourraient expliquer la diminution de l’absorption des protéines et la mise en place d’une inflammation chronique à l’origine de la sarcopénie (perte de la masse musculaire squelettique liée à l’âge). En outre, les bactéries lactiques produisent des peptides bioactifs pendant la fermentation, tels que les polysaccharides, qui pourraient exercer des effets anti-inflammatoires et donc améliorer la SMP (5).
Cependant, si la supplémentation en probiotiques avec certains lactobacilles et bifidobactéries a amélioré la masse et la force musculaires, aucune étude n’a été menée sur la supplémentation en S. thermophilus et L. delbrueckii subsp. bulgaricus – les bactéries utilisées dans le yaourt.
Ces résultats sont prometteurs mais d’autres études sont nécessaires pour établir un lien clair entre la consommation de yaourt et les bienfaits pour la santé musculaire.
« Parmi les produits laitiers considérés comme une source de protéines de haute qualité, le yaourt peut être une source particulièrement bonne pour augmenter la masse musculaire […]. Cependant, étant donné qu’il existe peu de preuves solides de ce bienfait du yaourt, en particulier chez l’homme, des efforts supplémentaires sont nécessaires. «